dimanche 30 octobre 2011

AUTOUR DE TRUJILLO

Nous partageons un taxi avec le couple de Slovènes, jusqu'à Huanchaco, un petit village balnéaire réputé pour ses longues vagues qui peuvent atteindre 4mètres. C'est ici qu'à lieu un championnat international de long-board. Le champion est un péruvien et les locaux sont très fiers. Du coup, on croise beaucoup de Gringos, mais ce ne sont pas des backpackers, ce sont des surfeurs.

Mais Huanchaco n'a pas toujours été un repère de surfeurs, autrefois c'était un village de pêcheurs unique, de par les embarcations traditionnelles aérodynamiques, en totora (vous vous rappelez, c'est le roseau que l'on trouve en abondance au lac Titicaca ). Ces bateaux sont très fins, les pécheurs s'y agenouillent, et rament au delà des vagues (voir photos) qui je le rappelle peuvent faire 4mètres. Autant dire que ces pêcheurs de l'époque étaient de sacré sportifs !












Donc le taxi nous amène devant un hôtel de son choix où il se prendra certainement une commission (ils m'énervent à faire ça, mais à moins de sauter du taxi en route, on a pas trop le choix que d'aller là où ils nous emmènent !!!) La chambre est pourrie, mais pas chère. De toute façon c'est pour une seule nuit et on a pas envie de passer 1h à chercher une auberge convenable. Donc comme dans chaque chambre pourrie, on va s'habituer. Je fais cramer mon encens pour couvrir l'odeur de pisse et c'est bon !!!

On se prend un sandwich dans un ptit bouiboui puis nous appelons une agence qui propose des visites guidées des vestiges CHIMU aux alentours.
Un taxi vient nous chercher et nous emmène dans le centre de Trujillo. La place centrale est toute mignonne, de style coloniale et colorée.




De là, nous montons dans un van avec 2 touristes péruviennes, Une espagnole et un couple d'Hollandais armé de 3 géants appareils photos (ça doit peser lourd dans la valise !). Au départ, notre guide semble peu motivé, mais très vite, il va s'apercevoir que nous sommes intéressés par ses commentaires et après quelques blagounettes pour le détendre, il change complètement d'attitude. Il se met à parler très clairement et lentement pour que nous puissions comprendre son espagnol, et de façon passionné. D'ailleurs, il s'adresse principalement à nous comme si les autres ne l'intéressaient pas.

Nous visitons, un temple, un musée très bien fait et le site incroyable de CHANCHAN.

Ainsi, aujourd'hui nous plongeons dans la culture CHIMU, un peuple ancestral qui vivait à l'époque des Incas, vers 1300 av JC, dans un territoire énorme. Le deuxième après celui des Incas.
Les Incas vénéraient le Dieu soleil, les Chimus eux, vénéraient la Lune. Selon eux, la lune était le dieu le plus puissant car on la voyait jour et nuit, contrairement au soleil. De plus, la lune était capable d'influencer les animaux, les plantes et les océans. Leur calendrier comportait donc 14 mois, puisque c'était un calendrier lunaire. Les Chimus étaient principalement des pêcheurs, leur territoire s'étendait tout le long de la côte Péruvienne.
Le point fort des Chimus était qu'ils savaient lire et écrire, contrairement aux Incas, qui ne s'exprimaient que par de la symbolique. Grâce à ce savoir , ils ont un peu moins souffert de la colonisation, car ils sont réussi à dialoguer avec l'envahisseur.

Les Chimus ont une morphologie très différente des autres peuples d'Amérique du sud, et leurs descendants sont reconnaissables aujourd'hui. Ils étaient petits et trapus, une cage thoracique très développée, (ce qui explique pourquoi ils étaient de bons pêcheurs). Ils avaient les yeux bridés, des pommettes hautes, des narines à l'Africaine et des lèvres très prononcées.
Reproduction d'un visage Chimu



Leur temple sont faits de briques issues d'un mélange de terre, sable, fossile et boue. Des hautes enceintes entouraient les villes, qui n'avaient qu'une seule entrée. Le tout surélevé sur 1 mètre, afin de se protéger en cas d'inondation.



La culture Chimu était assez dure. Les offrandes humaines étaient très très fréquentes. Le roi avait une femme et une multitude de concubines. A sa mort, on sacrifiait la reine, les concubines, les meilleurs soldats, les hommes les plus intelligents, …. ça faisait beaucoup de monde et les tombeaux étaient énormes ! Une énorme cérémonie avait lieu et tous les sacrifiés étaient momifiés. Alors, tous les habitants devaient quitter la ville. L'entrée était condamnée et la ville devenait un sanctuaire. Le peuple devait reconstruire une autre ville afin d'accueillir le prochain roi ! Et tout recommençait ...
Du coup, le site de CHAN CHAN que nous avons visité, est un immense site qui compte une dizaine de ces sanctuaires. Nous en avons visité qu'un seul, et l'un des plus petits. Les autres sont encore en pleine fouille. Les archéologues sont nombreux à travailler ici, et découvrent encore aujourd'hui de nombreuses momies. Dans ces tombeaux, les rois reposaient avec tout leur or, du coup les pilleurs sont nombreux dans le secteur. De nombreux affrontements eurent lieu avec les archéologues et quelques morts. Ce site a rendu beaucoup de gens fous. L'Unesco a classé ce site et doit mené un travail acharné pour le protéger.

Dans ces sanctuaires, un mur, où une frise de poissons était représentée en forme de vague, permettait aux habitants de connaître le niveau de la marée. Suivant la ligne d'ombre sur le mur, il était facile de voir si c'était marée basse ou marée haute. En haut de la vague c'est marée haute, en bas c'est marée basse.



Les décorations des autres murs representaient des filets de pêche.
Dans ce site de Chan Chan règne encore beaucoup de mystères. Les scientifiques n'ont pas tout élucidé. En tant que touristes, nous laissons aller notre imagination et libre à nous de proposer nos propres interprétations.







Nous discutons beaucoup avec notre guide, une bonne occasion pour moi de travailler mon espagnol. Nous comparons les Chimus avec les Incas, puis les Péruviens avec les français. Notre guide admire notre système en matière de conservation du patrimoine. Ici, s'il n'y avait pas l'UNESCO, Chan Chan serait un tas de poussière et il n'y aurait pas de Macchu Picchu.
Le guide admire aussi la façon dont nous gérons nos relations de couple. Ici, lorsqu'un couple est amoureux, l'accord des familles est obligatoire et définitif. Le divorce et l'avortement sont illégaux. Ils sont très catholiques.

Les Chimus eux étaient déjà beaucoup plus laxistes. Lorsqu'un couple était amoureux, ils devaient vivre une année ensemble. Au bout de cette année de vie commune, ils devaient décider s'ils allaient poursuivre leur idylle, ou bien simplement se séparer.

Après cette après-midi magique, nous repartons vers Huanchaco et partageons une bière avec notre guide. Chimu se prononce "CHIMOU", le guide a beaucoup ri lorsqu'on lui a expliqué ce que signifiait cette phonétique en francais. Surtout que la compagnie s'appelle "les Moches". Nous étions tous très contents de notre journée, et on fini la soirée complètement détendus. Nous allons boire des cocktails avec le couple de slovène. Des gens très intéressants, de bonnes discussions et quelques fous rires. Ce fut une journée excellente.



Des intervenants déguisés en Chimu posent pour les photos. L'homme aux 2 couleurs a piqué la cigarette de Cedric. Qui sait ? peut être que les Chimu fumaient des roulés !


Notre guide






trujillo



les quartiers pauvres sont en hauteur sur les dunes de sable, qui reposent sur la montagne




Le chien péruvien, une très ancienne race. la température de leur corps est supérieure à celle des autres chiens, ce qui explique pourquoi ils n'ont pas de poil !!

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