Chose faîte, nous partons à bord d'un bateau sur lequel se trouvent une vingtaine de personnes, dont la plupart sont des Français. Nous décidons de joindre un groupe, car en indépendant, ça nous aurait coûté 2X plus cher. Ceci dit, nous sommes tombés sur une bonne équipe et je n'ai aucun regret. Le seul hic, c'est notre guide qui était nul, mais bon, il a fait de son mieux !
Tout d'abord, nous avons visité "Las Islas de los Uros". Une quarantaine d’étranges îles artificielles sur lesquelles vivent environ 200 familles. Peuple de pêcheurs et de chasseurs d’oiseaux, elles ont choisi de vivre ainsi, isolées. Tout y est fait de totora, une sorte de roseau, des maisons aux bateaux en passant par les objets de la vie quotidienne. Les hommes et les femmes qui vivent aujourd’hui sur ces îles particulières sont essentiellement des Aymaras, anciens habitants de Puno ou des localités voisines.
On nous explique comment sont confectionnées les îles. J'ai vraiment trouvé cette visite intéressante, tellement c'est original, mais c'est beaucoup trop folklorique. On se croirait dans un parc d'attraction.
Ces îles sont des musées pour les touristes qui arrivent en masse. C'est un peu du voyeurisme, et il n'est pas possible d'avoir un échange sincère avec ces habitants.
Si ces derniers ne manquent de rien, c'est parce qu'ils vendent des objets d'artisanat à des prix aberrants aux touristes. J'ai l'impression d'être une touriste bête et egoïste par dessus le marché, car je ne leur ai rien acheté !
Las islas Uros
Nous reprenons notre bateau et naviguons doucement pendant 3h vers l'île Amantani. A 3800 m d'altitude, le soleil tape et on crame sur le bateau ! Mais très vite les nuages arrivent et il se met à pleuvoir quand on arrive sur l'île. Ici c'est la saison humide.
Nous sommes accueillis par les familles chez qui nous dormirons ce soir. Nous dormirons chez Norma avec un autre couple d'hollandais. Norma a 24 ans et en parait 15 de plus. Elle a une petite fille de 2 ans qui s'appelle Nathalie et qui est une vraie canaille. C'est fou comme elle est dégourdie à son âge, je suis impressionnée.
Norma nous prépare le déjeuner. On l'aide à peler les patates douces et un autre légume qui ressemble à une patate mais qui a le gout de l'artichaut !!! Elle nous fait une soupe de quinoa et légumes qui fut un délice, puis un assortiment de légumes bouillis, accompagnés d'une tranche de fromage salé frit. Un régal, j'adore cette nourriture saine et vraie.
Norma parle un peu espagnol, mais sa langue est le Quechua. On arrive quand même à échanger, c'est une femme adorable et d'un calme ... Elle a toujours le sourire quand elle s'adresse à nous.
Pour terminer le repas, un petit thé de coca et mounia. Une plante qui pousse sur l'île. ça ressemble au romarin mais c'est légèrement citronné.
Norma a chez elle le gaz et l'électricité grâce à des panneaux solaires. C'est un luxe sur cette île. Nos chambres sont impeccables, elles pourrait donner des leçons de propreté aux auberges du Pérou ! Il n'y a pas d'eau chaude mais une arrivée d'eau froide directement dans le jardin, provenant d'une source non loin de là. ça aussi c'est un luxe. On est vraiment bien tombé.
Plus tard dans l'après-midi, je monte la colline pour aller voir 2 temples pré INca. L'un est dédié à Pachamama (mother earth) et sur la colline d'en face c'est Pachatata (father earth). L'un est rond, l'autre est carré. L'un représente l'Énergie féminine et l'autre l'Énergie masculine. Pour un rééquilibrage d'énergie, il faut faire 3 fois le tour de chacun des temples. Un pour le Condor, deux pour le puma et trois pour le serpent. Ces principes seront repris dans la culture Inca.
L'orage gronde et les couleurs du ciel au coucher du soleil sont incroyables; On se croirait dans un autre monde. A prendre des photos, je me fais rattraper par la nuit. J'ai rejoins la maison de Norma dans l'obscurité, guidée par une fillette de 5ans, qui devait avoir des yeux de chat pour avancer si vite dans le noir. Heureusement qu'elle était là, car je me serais perdue dans cette dédale de chemins. Cette fillette est la deuxième fille de Norma, elle s'appelle Noelhia, et est déjà indépendante comme une jeune ado. Qu'est ce qu'ils sont dégourdis les enfants sur cette île !!! Tout le monde vieilli bien plus vite que dans nos pays. Les enfants font leur vie, sans se soucier de violeurs ou autre. Il n'y a pas un brin de méchanceté sur cette île, tout le monde se fait confiance, tout le monde est serein. Je ne veux pas dire que la vie ici est facile, loin de là. Ces gens sont tellement usés par le travail et les conditions de vie sont difficiles, surtout l'hiver, quand la neige et le froid torturent l'île.
Le soir Norma nous a préparé une soupe de pommes de terre et du riz avec des légumes en sauce. Les autres ont trouvé que ça manquait de goût, mais moi j'ai trouvé ça excellent. Norma a mangé avec nous on a pu lui poser plein de questions. Recevoir des touristes chez elle est une aubaine, à raison d'une fois tous les 2 mois. Mais ça n'a pas toujours été comme ça. Il y a quelques années, les agences de voyage de PUNO faisaient du chantage aux familles d'Amantani. SI celles-ci refusaient d'accepter les touristes chez elles, aucun bateau ne viendrait les réapprovisionner ! Ainsi, Norma recevait des touristes toutes les semaines, et n'était pas payé !!!!! Aujourd'hui, ça s'est arrangé, et elle y trouve son compte mais il y a encore 2 ou 3 agences scrupuleuses sur PUNO qui ne payent pas les familles.
Le mari est arrivé vers 21h. Il est agriculteur et pêcheur pour sa famille et ses amis, mais il aide aussi ses voisins dans le bâtiment. Il travaille beaucoup et semble exténué. S'il ne travaille pas, sa famille n'aura rien à manger. Il était désolé de ne pas nous avoir offert du poisson à manger.
On leur a offert des kdos (fringues, linge, crème, bouffe, chocolats ... mais ce qu'ils ont préféré, ce sont les quelques perles d'œil de tigre.
Les îles Amantani
Le lendemain matin, après avoir englouti quelques crêpes de Norma, nous avons repris le bateau. Norma nous a accompagné jusqu'au dock et nous a fait au revoir de la main jusqu'à ce qu'on disparaisse.
Nous allons sur l'isla Taquile, faire une petite randonnée. Par un mignon petit chemin (pas de routes, ni de voitures dans les îles de titikaka) nous traversons l'île, en passant de communauté en communauté, qui sont en fait des grandes familles, d'origine Aymara. Tout le monde parle Quechua. Les habitants ici sont indifférents, pas d'échange. Le tourisme s'est développé et on trouve beaucoup de restaurants, qui se battent pour offrir la meilleure vue sur le lac. On mangera dans l'un d'eux et comme il fait soleil aujourd'hui, c'est très agréable. Nous repartons pour PUNO dans l'après-midi, tout le monde s'endort dans le bateau, on est tous complètement nase après cette marche à 4000 d'altitude.
Le retour dans le bruit des klaxons et l'odeur des pots d'échappement nous fait regretter notre séjour chez Norma. Surtout que dans notre hôtel, il y a un groupe d'ados péruviens qui foutent le gros bordel et nous cassent les oreilles. Je les haïs pendant un moment, puis après une bonne douche brulante, j'arrive à m'endormir.
Isla TAQUILE
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