Après un petit déjeuner copieux dans
un bon bouiboui (omelette massala, chaï tea, jus de fruit pressé,
toasts...), nous retournons à l'hôtel où Sadyo (dit Sadjio) nous
attend dans une vieille voiture taxi, qui lui a été prêté pour la
journée.
Nous déposons nos bagages à la
consigne de la gare et nous voilà parties pour un tour de la ville.
Mumbai compte 25 millions d'habitants
(d'aprés Sadyo), dont la majorité vivent dans des bidonvilles
appelés « Slums ».
Mais il y a également à Mumbaï des
riches quartiers prospères et des bâtiments historiques classés au
Patrimoine Mondial de l'Unesco. L'architecture des quartiers anciens
mêlent à la fois l'art hindou, musulman, portugais et anglais,
puisque la ville a été occupée par chacun de ces peuples. Mais
c'est sous la Présidence de la Compagnie des Indes Orientales que la
péninsule de Mumbaï devint une grande ville économique à part
entière.
Les richesses de Mumbaï proviennent en
grande partie de l'industrie de Bollywood, dont elle est la capitale.
Nous commençons notre visite par une
vue panoramique sur les quartiers aisés. De l'extérieur, les
immeubles semblent vétustes, mais il semblerait qu'à l'intérieur,
ces appartements soient de vrais palaces au loyers inabordables. Les
voitures garées sur les parkings privés viennent confirmer les
commentaires de Sadyo.
Nous poursuivons notre visite à
travers le trafic dense, le bruit des klaxons et l'absence totale de
code de la route. Il n'y a aucun panneau de signalisation, et je me
demande comment font les gens pour se repérer. Ce doit être un 6ème
sens! Sadyo a le compas dans l’œil. Il passe plusieurs fois à
quelques millimètres de piétons ou de voitures, sans aucune
hésitation ni ralentissement. J'ai pourtant l'habitude de ce genre
de conduite, mais je suis épatée à chaque fois.
Nous nous arrêtons ensuite dans un
musée consacré à la vie de Gandhi. C'est ici qu'il a séjourné
entre 1917 et 1934. Il y a travaillé et élaboré des programmes,
dont la campagne de désobéissance civile qui provoqua la fin de la
domination britannique. On peut y lire une lettre qu'il avait écrit
à Hitler, dans l'espoir d'adoucir sa haine et d'éviter une
guerre !!
Je ne vais pas raconter la vie de
Gandhi, ce serait beaucoup trop long. Pour ceux qui ne l'ont pas vu,
je vous conseille de regarder le film « Gandhi ». La vie
de cet homme devrait figurer sur les livres d'histoire.
la bibliothèque de Gandhi |
Ensuite, nous allons nous promener à
pied dans un petit jardin botanique, qui se situe sur une colline, en
plein milieu de la ville. Bizarrement, les locaux se disent qu’ici
l'air n'est pas pollué et ils viennent ici pour respirer !! On
y trouve des arbres immenses qui cachent la vue sur les buildings
environnants ; frangipaniers, Banians, bougainvilliers, indigotiers ...
Maman, est ce bien un indigotier ? |
avec Sadyo |
De là, nous avons une belle vue sur la
plage de Mumbaï en contrebas, où personne ne se baigne, pour cause
de pollution de l'eau.
Les grands arbres cachent aussi un lieu
très particulier, interdit d’accès sous peine de très grosses
amendes. C'est une genre de fosse où les morts sont entreposés. Le
soleil et les corbeaux s'occupent de tout. C'est une décomposition
naturelle, rapide et sans odeur, puisque les corps sont recouverts
d'une poudre d'épices parfumées. Cela explique pourquoi il y a tant
de corbeaux dans la ville.
Nous parlons beaucoup avec Sadyo. Il
est musulman, a le cœur sur la main, cultivé et désireux
d'apprendre et de partager. Il vit dans un slum avec sa femme et ses
3 filles. Il nous raconte que sa femme a dû s'enfuir de chez elle
pour se marier avec lui, car son père ne voulait pas qu'elle épouse
un simple chauffeur de taxi. Nous apprenons beaucoup de choses en
parlant avec lui, sur la ville mais aussi sur sa religion et sur la
conception de respect de la femme.
Nous sommes souvent sollicitées par
des Indiens ou jeunes Indiennes pour poser en photo à leur côté;
Sadyo nous explique juste que ça leur fait plaisir. On n'est un peu
des stars quoi ! Mais on l'assume parfaitement ;-)
Nous allons ensuite admirer la mosquée
Haji Ali. D'un style Indo-musulman, elle fut construite en plein
milieu de l'eau. Elle est reliée à la ville par un passage en béton
où des mendiants font l’aumône. Elle est inaccessible à marée
haute. .
Nous nous arrêtons ensuite sur un pont
d'où l'on peut voir en contrebas le « dhobi ghat »,
c'est à dire le quai où se fait la lessive de presque toute la
ville . 1026 lavoirs en plein air où les blanchisseurs battent le
linge depuis 140ans. Le résultat est impeccable. Les femmes
repassent ensuite tout ce linge en intérieur, à l’abri des
regards.
Pour le dernier stop, Sadyo tient à
nous emmener voir un bidonville. Nous ne sommes pas trop pour,
hésitantes ! Sadyo ne nous laisse pas le choix. Son rêve est
d'ouvrir une agence de tourisme consacrée à la visite des
« slums ». C'est de là d'où il vient, et il veut
partager ça.
Nous traversons donc l'un d'eux sans
sortir du véhicule. Le passage est très étroit et c'est bondé de
monde. Enfants, chiens, déchets,stands de tout et n'importe quoi.
Chaque cahutes est construites d'éléments récupérés (taules,
cartons, planches ..) elles ne sont faîtes que pour dormir ou
s'abriter, car les gens vivent dehors la plupart du temps, entassés
les uns sur les autres. Pendant la saison des pluies, ces quartiers
sont souvent inondés. IL n'y a aucune hygiène et aucune aide. Des
associations ont quand même créé des écoles pour ces enfants, et
certaines agences de tourisme leur reverse une partie de leur revenu.
On est un peu comme des voyeurs dans
notre voiture, mais malgré tout, je suis contente d'avoir vu cela et
d'en emporter un souvenir. Nous n'étions pas très à l'aise, ce
tourisme est très critiqué mais c'est une réelle prise de
conscience. « De quoi tu te plains ? Regardes ces gens,
ils ont tous le sourire et sont contents que tu viennes les voir, toi
qui ne leur apporte rien mais qui s’intéresse à eux. Car en fait,
le problème c'est ça ; Personne ne s’intéresse à eux,
alors qu'ils sont les habitants de l'INDE. Nous regrettons d'avoir
traversé de cette façon, sans descendre de la voiture pour échanger
avec ces gens. C'est un peu limite je l'avoues. Pour nous excuser,
nous y retournerons avec Sadyo et nous irons rencontré sa famille
dont il est si fier et nous verrons son slum qu'il semble tant aimé.
Il faudra juste que je travaille mon agoraphobie !
Retour en ville, nous payons le resto à
Sadyo et le remercions plusieurs fois pour cette journée. Nous lui
laissons un bon pourboire, il le mérite vraiment. Il sait que nous
ne sommes pas croyantes mais il nous demande quand même de prier à
qui nous voulons, pour son bonheur et sa réussite dans
l'accomplissement de son rêve.
Belle journée qui s'est terminée par
des problèmes intestinaux !!! trop de piments, je crois !
Fallait bien que ça arrive !
Nous prenons le train cette nuit,
direction GOA ...
le cricket est très populaire en Inde |
Aie, aie, aie, le piment !
RépondreSupprimerJe ne crois pas que soit un indigotier qui ressemble plutôt à l'acacia pour les feuilles et au pois de senteur pour les fleurs.
Mélo m'a l'air tout à fait dans son élément. Mais je suis d'accord, les slums ça craint. J'aime beaucoup ces vieux arbres tourmentés
Bonne continuation, et à bientôt!
je n'ai jamais dit que les slums ça craignait ! ça n'a rien à voir avec les favelas.les gens sont très sympas et ils aiment leur slums. Ils vivent dans des conditions plus que critiques, mais non ça ne craint pas pour le touriste qui y passe quelques heures.
RépondreSupprimerCe qui craint c'est d’être le touriste en voiture qui ne descends pas de la voiture, c'est un peu du voyeurisme!
J'espère que j'ai été clair dans mon blog,car je ne voudrais pas qu'il y ait de malentendus.
Laurène
j'adoooooooore voyager avec vous, je suis ici, et un petit peu là-bas, mmmmm, c'est bon tout ça ! (armelle)
RépondreSupprimerMerqui Armelle, je suis contente que ça vous plaise. Je vous fais de grosses bises à tous et vous envoies plein de bonnes vibes ;-)
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer