mercredi 27 février 2013

HAMPI

Nous quittons Vagator en taxi et allons à Margao, la capitale de Goa. Cette ville n'a aucun intérêt, mais nous devons pourtant y passer une nuit, car notre train vers Hampi ne part que le lendemain. Nous nous trouvons une chambre, chère, sale et sans fenêtre. C'est toujours ennuyeux de passer par ces villes de transit, où nous avons l’impression de perdre notre temps, mais nous n'avons pas le choix.

Dans la soirée, nous avons droit à une descente de flics dans l'hôtel. Ils frappent aux portes et fouillent quelques chambres. En règle générale, ils n'ont pas le droit de toucher les touristes sans raison. Mais ils savent que les hippies sont souvent en possession de marijuana, et que c'est une bonne opportunité d'obtenir un bakchich! Les contrôles dans les lieux touristiques sont de plus en plus fréquents. L'ambiance semble plus tendue qu'elle n'a pu l'être il y a quelques années.

Le lendemain, nous nous levons aux aurores pour rejoindre la gare. Le train arrive à l'heure, yahooo ! Il nous faudra quand même 8h de trajet pour atteindre notre destination, dans le compartiment seconde classe, où nous sommes serrées comme des sardines. Ceci dit, nous avons payé seulement 7€ et nous faisons des rencontres sympathiques avec des locaux. C'est le bon côté de la seconde classe. Le paysage en route est très joli. Nous avons vue sur des petites montagnes boisées et apercevons de jolies cascades.

Arrivés à Hospet, nous prenons un rickshaw pour les derniers kilomètres vers Hampi. Puis nous prenons un petit bateau, pour traverser une rivière où les indiens prennent leur bain, et lavent leur motos.








Nous suivons nos amis qui connaissent déjà les lieux. Nous marchons à travers de belles rizières bien vertes, parsemées de cocotiers et de palmiers. Des aigrettes blanches pointent leur tête.




Nous arrivons enfin à notre hébergement « Manju Guesthouse ». C'est un petit coin de paradis, dans un endroit calme et paisible où le propriétaire « Manju » nous accueille avec un grand sourire « Welcome my friends ! ».

Manju guesthouse
Je sens qu'on va se plaire ici. A 2 minutes à pied, se trouve un chemin longé de guesthouses, restaurants, et agences de tourisme. C'est le coin des backpackers. Il y a aussi beaucoup de touristes qui voyagent en groupe organisé, mais ceux là sont logés plus loin dans des hôtels, certainement plus « classe ». On ne mélange pas les torchons et les serviettes !!!


Chez Manju, il n'y a pas de huttes disponibles pour ce soir, mais nous pouvons dormir sur le toit pour une modique somme. C'est encore mieux qu'une hutte. Des matelas sont installés sous des moustiquaires, à la belle étoile.


Comme nous n'avons rien mangé de la journée, nous sommes affamés et il y a un restaurant dans notre guesthouse. Le service est très long, mais la nourriture est divine. Ce que j'appelle le restaurant, c'est une case ronde ouverte, où nous nous asseyons en cercle sur des matelas. L'endroit idéal pour parler avec les autres voyageurs.



Cette guesthouse est géniale, on s'y sent bien de suite. Il est possible qu'on reste un peu plus longtemps que prévu !


Le train nous a beaucoup fatigué, et nous ne tardons pas à aller nous coucher. Nous nous endormons avec les bruits des insectes de nuits et des geckos. La lune nous observe juste au dessus de notre tête.

Le lendemain, c'est le soleil qui nous réveille.

Autour d'Hampi, le paysage volcanique consiste en de petites montagnes de gros rochers ocres, éclatés et polis par l'érosion, qui semblent tenir en équilibre comme par magie. Il y a beaucoup de cactus, des rizières et des bananeraies. Au coucher du soleil, le vert des cultures fait ressortir davantage la couleur rouille des montagnes.








Hampi est aussi un spot réputé pour l'escalade. Ainsi, tous les matins, nous voyons partir des jeunes sans harnais, mais avec une brosse à dents au bout d'une perche pour gratter les cailloux et un gros matelas sur le dos, pour amortir en cas de chute.

La première journée, nous nous promenons à pied dans les alentours. L'endroit est très touristique mais splendide malgré tout. Les rivières et les canaux d'irrigation rendent les cultures faciles. L'air est moins lourd qu'à Goa. Par contre, il y a beaucoup plus de moustiques. On voit également beaucoup d'oiseaux, des écureuils et des singes.




Le singe s'admire dans le rétro de la moto


Nous grimpons sur la petite montagne de rochers, qui se trouve derrière notre guesthouse. De là-haut, nous avons une vue imprenable sur les ruines des temples, les rizières et le coucher de soleil. C'est un beau spectacle.













Le jour suivant...

Nos amis ont loué 2 mobylettes et nous emmènent jusqu'à un lac artificiel, au bord d'un barrage. Là, nous nous trouvons un petit coin tranquille entre les rochers. L'eau est fraîche et plutôt propre. Par contre, il y a toujours des déchets ou des morceaux de verres sur le sol, comme quasiment partout en Inde.




Bien rafraîchis, nous repartons sur nos mobylettes. Nous contournons le lac. Nous croisons beaucoup d'Indiens qui se réunissent là entre potes. Je ne sais pas pourquoi ils sont si enthousiastes dés qu'ils voient des touristes. Soit ils nous adorent vraiment, soit ils se foutent de notre gueule ! Mais peu importe, la route est très jolie et nous amène jusqu'à un petit village tranquille. Là, ce sont les enfants et les chiens qui nous courent après, en criant « Hello, what's your name ? School pen ? Dollars ? ». Malheureusement, nous n'avons pas prévu cela et n'avons rien à leur donner. Certains d'entre eux n'hésitent pas à se mettre en travers de la route pour nous arrêter. Remarquez, ce n'est pas difficile, car nous avons une mobylette qui cale tous les 100 mètres ! Lorsque les enfants se regroupent autour de nous, il est un peu difficile de redémarrer, car ils s'accrochent à l'arrière ou essayent de grimper avec nous. Les chiens eux, essayent de nous choper les mollets. Et puis, il y a les vaches qui nous coupent la route et les vieilles dames qui traversent sans regarder. Je suis bien contente de ne pas conduire !


 Nous revenons vers Hampi, pour boire une bonne limonade bien fraîche, puis nous allons voir le coucher du soleil sur les hauteurs. A cet endroit là, c'est bondé de backpackers, guitare à la main où en position de méditation. Des enfants vendent du Chaï tea. Je n'aime pas trop voir les enfants travailler de la sorte. D'une part, parce qu'ils me demandent au moins 20 je veux du thé et d'autre part, parce qu'ils font une tête toute triste quand je refuse, ce qui me fait culpabiliser au possible !!!




Nous passons une soirée calme à papoter et manger à la guesthouse. Le chef cuistot est vraiment bon, alors on s'est dit qu'on allait rester là en pension complète. Manju, le propriétaire, vient discuter avec nous de temps en temps. Il est très attachant et sincère. C'est une belle personne qui se démène pour que les touristes se sentent chez eux. Il met beaucoup de passion dans sa guesthouse et son travail porte ses fruits, car quand on arrive ici, on a juste plus envie de partir.



Hampi Bazaar


Cette nuit, j'ai beaucoup moins bien dormi à cause de la fraîcheur de la nuit, d'un chien qui passait et repassait entre les matelas à la recherche d'un coin confortable pour squatter, et du chant de la prière hindou à 5h, comme à la pratique des musulmans.
Du coup, Manju nous propose une petite hutte en terre cuite. Après trois nuits à la belle étoile, nous acceptons.


Aujourd’hui nous partons visiter les ruines d'Hampi, classées au patrimoine de de l'Unesco.
C'est un endroit touristique majeur et incontournable de l'Inde, aussi accessible aux voyageurs à petit budget, qu'aux plus riches touristes.

Mais voilà … Un débat fait rage en ce moment, entre les défenseurs du patrimoine et les habitants. Un projet consiste à protéger toutes les ruines en délogeant les habitants dans un rayon de 3km. Un quartier à déjà été détruit au pied des ruines, mais rien n'a été nettoyé. Cela ressemblent à un chantier laissé à l'abandon. Il semblerait qu'il y ait eu une guerre. On voit qu'ils ont fait ça à l'arrache ( ou à l'Indienne!) et ça n'empêche pas les temples de s’abîmer.

Hampi figure dans le Ramayana (la plus connue des épopées mythologiques Indiennes, sur laquelle repose les croyances du pays) sous le nom du « Royaume des singes ».Aujourd’hui encore, il y en a toujours autant, sinon plus.
Au XIV, La ville est une grande capitale de l'Inde, riche et prospère, et s'appelle alors « Vijayanagar ». Puis, au XVI siècle, un sultanat du Deccan rase la ville qui ne se relèvera jamais.

La cité fut construite sur un site sacré bien plus ancien, à en juger les menhirs et les monolithes qui datent du Néolithique.
La réalité, c'est que l'histoire de Hampi est complexe et peu de recherches ont été menées. L'endroit est très abîmé et il n'y a pas un panneau explicatif. Nous ne comprenons pas vraiment ce que nous avons sous les yeux.
Les personnages du « Ramayana » et les dieux hindous sont omniprésents, sculptés sur les murs, les portes et les colonnes. Le travail de la pierre est spectaculaire. Il est très difficile d'imaginer à quoi pouvait ressembler cet endroit et comment les gens y vivaient. On aurait envie d'en savoir plus où d'entendre les pierres nous murmurer leur histoire.







Les temples ne datent pas tous de la même époque. Certains sont restés inachevés d'autres sont quasiment détruits. Les statues ont disparus et les temples ont été vidés. Ce site est vraiment difficile à comprendre, mais tous ces mystères lui donne du charme et le site sur lequel il a été bâti est magnifique.
Comme nous avons choisi le pire moment de la journée pour visiter les ruines, c'est à dire à midi au soleil, lorsque le soleil est insoutenable et que les rochers sont brûlants, il n'y a quasiment personne à part nous, 2 ou 3 touristes, et les moines hindous.













La partie que nous visitons est l'ancienne ville sacrée, (séparée de la ville royale qui se trouve un peu plus loin) qui réunissaient tous les temples au sein d'une fortification. Certains temples sont toujours en activité et beaucoup d'hindous viennent se recueillir ici.
« Si Lakshmi » est l’éléphante du temple. Avec son meneur, elle reste dans le temple la journée et bénit les gens de sa trompe contre une pièce de monnaie. Même si ce n'est pas un endroit pour les éléphants, Si Lakshmi est dorlotée par les moines et les touristes. Elle semble en parfaite santé, est très belle, douce et affectueuse.



Épuisées par la chaleur, nous retourne à la guesthouse. Nous avons bien mérité une bonne sieste !

Mais, nous n'avions aucune idée de ce qu'il allait se passer par la suite. Je parlais précédemment du projet de délocalisation de la population et nous avons été témoin des méthodes entreprises par la police pour mener à bien ce projet et de ses réelles raisons économique et politiques.

à suivre ...



Nid de colibris






Un frangipanier

Le chef cuistot va chercher ses noix de coco



Au pays des Pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à deviner que je me trouve au ... Canada !!! Mais non...