dimanche 2 décembre 2018

La Réunion Lé là


Il y a 3 millions d’années, au beau milieu de l'océan Indien, émergea du fond des mers un géant de feu. Les 4 éléments se réunirent pour façonner ce bijou précieux; l’île de la Réunion venait de naître.



C’est ici que j'atterris un 3 janvier, sous une pluie tropicale battante. Il fait une chaleur intense. C’est la saison des cyclones. Mon allure de sale baroudeuse interpelle la douane qui décide de me fouiller intégralement, c'est cadeau ! Enfin bon, on va pas dormir là ! Les douaniers s'avouent vaincus et repartent bredouilles.


Je rejoins mon hôte d’accueil sur le parking de l'aéroport, j’ai nommé ; Coralie la voyageuse intrépide hyperactive. Nous prenons la route du littoral. Elle est basculée, ça veut dire qu’on ne roule que d’un côté, et forcément ça bouchonne un peu. Ça arrive souvent car il y a des risques ... Un gros caillou pourrait se détacher de la falaise et écrabouiller une voiture par exemple. Ou bien une grosse vague pourrait balayer un routard ou deux. Les éléments sont un peu capricieux ici !

Un long viaduc est en construction pour remédier à ce problème. La Réunion est le Dom qui coûte le plus cher à la France en terme d'aménagement. Vu le relief, les intempéries et sa situation géographique, c’est pas étonnant ! Allez voir comment l’homme a amené l’eau potable d’Est en Ouest, ou la construction de la route de Cilaos, ou les aménagements des villages de Mafate … c’est du travail de Titan. Les routes sont toujours bonnes et bien entretenues, même dans les endroits les plus improbables. Y'a du taf pour ceux qui savent travailler en rappel.  Enfin bref, on est pas là pour parler chantier !!!!


Mes premières impressions, c’est que je suis bien en France ! Ce n’est pas vraiment une destination de dépaysement mais ça vaut quand même son pesant de litchis !


Comme l’île est pleine de surprises, je décide de poser mon sac à dos, je trouve un job de serveuse, je vais acheter des chaussures de rando et me familiarise avec le système des alertes cycloniques. Je vais rester d’abord chez Coralie dans un petit quartier créole puis je prendrai ensuite une chambre dans une grande kaz, en coloc de 8 personnes. Avec papa, maman, mes frères et mes sœurs de cœur ; “C’est la famille des Dodos”, la vie ne pouvait pas m’offrir mieux que cette kaz là. (Kaz c’est le mot créole pour maison).

mer de nuage depuis le Maïdo

Je suis à l’Ouest !!!! Et ça veut pas dire que je suis perchée, non ... quoique !!! Géographiquement, je suis vraiment à l’ouest de l'île. Lieu-dit “La Saline Les Bains” à côté de Saint Gilles les Bains. C’est le coin le plus touristique et le moins authentique, les créoles l’appelle “Zoreille Land” !
Un mélange de “m’as tu vu ?”, un peu Pouet pouet, un peu bling bling, superficialité dictée par les vices de la luxure et de la gourmandise. L'alcool est cher mais il coule quand même à flot ! Bon, j'exagère peut être un peu, c’est quand même pas Ibiza non plus. Sinon j'habiterais pas ici, faut pas déconner quand même !
Chacun y trouve son compte, on s'y sent en vacances toute l'année, ambiance active, libre et décontractée.

Il arrive parfois que les Créoles détruisent les terrasses des restaurants à coup de hache, si ceux là empiètent trop sur la plage. C'est radical mais efficace ! Les Corses approuveraient sans doute. Ils ont du tempérament les créoles, faut pas trop les titiller, mais ils sont adorables, très généreux, toujours souriants avec un grand sens de l'hospitalité. Ce peuple est un des plus cosmopolites du monde.
Prenez une poignée de Madagascar, ajoutez une pincée d'Inde, saupoudrez de toutes les îles voisines diverses et variées, et vous pouvez même rajouter du piment de Chine. Étalez tout çà sur une bonne baguette française et ça vous donne grosso modo la culture Créole !!! La cuisine est un melting-pot de tous ces éléments. Toutes les religions sont pratiquées sur l'île. La Réunion est vraiment un bel exemple qui prouve qu'on peut tous vivre ensemble 🙏.


Les manifs, c’est aussi l’occasion d’alimenter la radio “Freedom” en ragots et témoignages. Faut savoir qu’ici, si on a un problème, genre une tuyauterie qui pète ou un litige banal, on appelle Radio Freedom avant d’appeler les flics ou le plombier. Pas de filtres sur cette onde. C’est rigolo et c’est un bon moyen d’apprendre le créole.

Autant je ne prête pas attention aux “Z'oreilles dehors !” qu'on entend que très rarement, autant le “Rendez nous la mer!” m'horripile. Ça s’adresse aux requins, comme si la mer nous appartenait plus à nous qu'à eux ! J’ai beau regarder, j’ai pas de nageoires ni de branchies ! Le requin, c'est un gros problème à la Réunion ! C'est pas bon pour le tourisme et ça frustre les surfeurs. Il existe des exemples de solutions dans d’autres pays du monde mais ici le débat tourne en rond, les fonds et les recherches ne suivent pas. Je ne vais pas m'étaler sur ce sujet qui fait trop polémique. J'évite même de porter mon t-shirt "Sea Sheperd".


J’ai bien envie aussi de parler du problème de pollution du lagon, dû aux pesticides utilisés dans les champs de canne à sucre, qui dévalent dans les ravines avec les eaux usées pour atterrir dans le lagon, détruisant à petit feu les coraux. Ça + le réchauffement climatique, Aïe ! Faut pas avoir un Bac+12 pour se rendre compte que le lagon souffre ! La Réunion n’est pas un exemple en matière d'écologie ou de respect des animaux. Je vais pas aborder non plus le cas des chats et des chiens errants, même si ça mériterait bien une thèse !  Bon voilà, c’était mon Fa bémol sur la notion d’île paradisiaque et maintenant j'arrête de me plaindre !



maison créole

autels de prières sur les bords des routes et des chemins de randonnée

Et si on faisait un petit tour du caillou ?

Tout d'abord la côte Ouest. C'est celle qui bénéficie du meilleur climat et pour cette raison, c'est la plus peuplée et la plus touristique.
C'est un Portugais qui pose officiellement le pied pour la première fois sur l'île en 1512. Il s’appelle Pedro des Mascarenhas et va donner son nom aux îles des Mascareignes ( Maurice, Rodrigues, Réunion). Des fouilles archéologiques montrent cependant que des peuples Arabes et Hanuman ont visité ce caillou volcanique avant cette date, sans compter les nombreux pirates qui venaient se cacher sur l'île.
Les Français ont mis du temps à se décider car ils avaient peur du volcan. Mais après s'être fait virer de l'Inde par les Anglais, puis de Madagascar par les Malgaches, ils ne se sentaient pas trop d'aller se frotter aux Hollandais sur Maurice. Pourtant, il leur fallait absolument un comptoir d'escale dans le secteur. La Réunion n’appartenait à personne et n'était même pas habitée. Quelle aubaine !
- “Alors là les gars, pas le choix, faut y aller ! "
Bon c'est pas exactement comme ça qu'ils l'ont formulé, mais en 1638, ils se décidèrent enfin, et le vaisseau ”le Saint Alexis” accosta dans une baie de l'île. C'était le jour de la Saint Paul, ce qui valut son nom au premier village de la Réunion. L'île fût rebaptisée “Bourbon” du nom de la famille royale et Saint-Paul en était la capitale.
Bordée par une plage de sable noir, cette petite ville historique abrite les plus vieux bâtiments de l'île. Dans son cimetière marin tout fleuri et entretenu à la perfection, sont enterrés des personnages qui ont marqué l'histoire de la Réunion, comme le poète Leconte de Lisle ou le pirate Olivier le Vasseur, plus communément appelé “La Buse”, dont on cherche toujours le trésor.
Juste à côté se trouve un autre cimetière beaucoup moins glamour, où des milliers d'ossements d'esclaves ont été trouvés. Les noirs et les blancs étaient séparés même après leur mort.

tombe de pirate




Non loin de là, Saint-Gilles-les-Bains, petite ville balnéaire et capitale de z'oreilleland, suivie des “quartiers” de l’Hermitage, la Saline les Bains et Trou d'Eau. On y trouve les seules vraies plages de sable blanc de l'île. Ici pas de vagues ni de requins, on est dans un lagon aux eaux chaudes et peu profondes, protégé par une barrière de corail, propice à la baignade, à la plongée masque et tuba, au paddle ou au canoë.

Pour mettre des sous de côté, c'est pas le meilleur plan, par contre pour faire la fête c'est “the place to be”.
L’autre point fort du lieu, c’est qu’on peut faire la fête sur la plage, bivouaquer, pique-niquer sans que les bleus ne nous virent. Et quand je vous parle de bivouac, c’est pas du squattage d’amateurs. On sort les tonnelles, les tables de mixage, les jeux de lumières, les enceintes … La plage appartient à tous et on peut y faire du bruit toute la nuit sans demander d’autorisation. En règle générale, la Réunion est beaucoup plus laxiste que la métropole. On se sent beaucoup plus libre ici, et les opportunités sont plus nombreuses. Tout semble plus facile.







Pendant la saison des baleines à bosse, on n'a qu'à siroter un cocktail ou une Dodo ( la bière nationale) les pieds dans le sable en regardant les cétacés sauter et claquer des nageoires avec leurs petits baleineaux. On peut aussi s'approcher d'elles en bateau, mais jusqu’à quand ? Je sais pas, car il y a toujours des gourmands qui abusent et ne respectent pas les distances réglementaires, ce qui entraîne forcément des accidents et beaucoup de stress pour les baleines.
Elles viennent dans ces eaux chaudes pour se reproduire et mettre bas, puis s'en retournent dans les eaux plus froides pour se nourrir. Elles peuvent parcourir jusqu'à 8000km, et on est plus en mode “parcours du combattant” que “long fleuve tranquille”!
Je vous tire mon chapeau Mesdames.



En montant un peu dans “Les Hauts”, on s'éloigne de la France et on pénètre dans l'authentique Réunion créole et dans ses terres agricoles. On y cultive du géranium pour faire des huiles essentielles ou des produits de beauté, des fruits et des légumes tropicaux qu'on mange ou qu'on distille. Mais par-dessus tout, on cultive la canne à sucre, et ceci depuis l'époque coloniale.
À la Réunion, on cultive la canne pour le sucre principalement. Ce n'est qu'à partir des résidus, c'est à dire de la mélasse, qu'on fait du rhum traditionnel. Ce rhum est surtout consommé sous forme de rhum arrangé. Cependant, la production de rhum agricole, c'est à dire celui issu du jus de canne à sucre, commence à se développer.


La Maison de la famille “Desbassayns”, est l'une des rares demeures coloniales ayant survécu aux cyclones. Et pour cause, ses murs font 82 cm d'épaisseur.


C'est la propriété d'une riche famille de planteurs du 18e siècle, pleine période colonialiste et esclavagiste. Sa propriétaire, Ombline, a fait fortune dans la canne à sucre sur le dos de ses 400 esclaves, rien que ça ! C'était une femme d'affaires de caractère, dont les légendes racontent son attitude cruelle envers ses esclaves fugitifs.

La visite guidée fait froid dans le dos, et à côté de l'hôpital mouroir des esclaves, on a l'impression d'entendre encore gémir les victimes et les condamnés.
Le couple Desbassayns eut 11 enfants et on compta 30 mariages entre cousins et cousines, ce qui contribua nettement à l'extension de la population sur L'île. Des consanguins donc !

L'Ouest cache aussi quelques petits coins tranquilles et magiques dans ses terres, où les cascades vous bercent de leurs douces musiques. On appelle ces endroits "des bassins". L’idéal pour sortir de la foule des vacanciers en pleine saison et trouver du calme et de la fraîcheur.








Un peu plus bas, se trouve la petite ville charmante de Saint-Leu à l'atmosphère un peu hippie bobo. Ses rondavelles (snack ou bar dans petit kiosque circulaire) s'animent le dimanche soir avec des concerts gratuits et des buvettes, dans une ambiance populaire et bon enfant. Ici les créoles et les z'oreilles se mélangent et tout le monde semble se connaitre.

C'est dans les hauts de Saint-Leu que se trouve le superbe jardin botanique de la Réunion, et j'en profite pour faire un petit topo spécial végétation endémique pour le bonheur de ma plus fidèle lectrice, j'ai nommé maman Ducaillou.



On compte pas moins de 160 espèces végétales endémiques à la Réunion ! Pas de panique, je ne vais pas toutes les énumérer………………………. juste les 140 principales 😁


  • Le tamarin des hauts, qui comme son nom ne l'indique pas, n'est pas un tamarinier mais un acacia (heterophylla) ! Il n'a donc rien à voir avec le tamarinier dont le fruit est le tamarin. Cependant, il y a aussi beaucoup de "vrais" tamariniers sur l'île mais ceux là ne sont pas endémiques. Il viennent d'Afrique de l'Est.

  • Le palmiste rouge (acanthophoenix rubra). On mange le cœur du bourgeon, très goûtu et typique de la gastronomie de l'île. Tellement apprécié que l'espèce est devenue rare. D’ailleurs, quand vous voyez “salade de palmiste rouge” dans un restaurant à la Réunion méfiez vous c'est sûrement un mensonge. Les plus malins afficheront seulement “salade de palmiste” et dans ce cas c'est le cœur d’un autre palmier quelconque et le prix est moins élevé bien-sûr. Le vrai palmiste rouge coûte cher.
  • Le café marron (coffea myrtifollia). Son fruit est plus gros que le moka et pointu à son extrémité. On appelle ce café “Bourbon pointu”. Longtemps déprécié à cause de son goût sauvage (au XVIIIe, on consommait plutôt du café moka fort. Des litres par jour ! Le Bourbon pointu était trop léger en goût et en caféine) et trop vulnérable face aux cyclones, il fut délaissé et a presque disparu. Dans les années 2000, un Japonais collectionneur de café entendit parler du Bourbon pointu. Il parti à sa recherche, persuadé qu'il restait des plans sauvages à la Réunion. Bingo, le japonais avait vu juste ! Il consacra 8 années de sa vie à la relance de la culture de ce café à la Réunion. Résultat : le café Bourbon Pointu est l'un des plus cher au monde. Le principal client est …… Le Japon. Cela va de soit ! Jusqu’à 300€ le kilo (record de 600€ atteint en 2012) à cause de sa rareté.

  • Le vacoa des montagnes (pandanus montanus), un vacoa qui s'est transformé génétiquement  pour s’adapter au climat et à l'altitude. C'est ce qui c’est passé d'ailleurs pour toutes les espèces endémiques de la Réunion. C'est le principe même de l’origine des espèces de Darwin. Je me demande s'il est passé par là Réunion celui là. Il s'y serait éclaté, enfin bref c'est pas le sujet !


Vous êtes-vous déjà demandé comment la végétation est arrivée à la Réunion? Peut-être pas, mais je vais quand même vous l'expliquer... et de rien ça me fait plaisir :-)

L'île d'un volcan est vierge de végétation au départ. Mais les graines peuvent traverser les océans par le vent, ou dans le ventre d'un oiseau, ou accroché à une noix de coco qui flotte …une fois sur place, les plus coriaces vont pousser et se transformer génétiquement pour s'adapter et survivre face aux nouvelles conditions climatiques, de sol, d'altitude …cela peut aller très vite, quelques années suffisent, jusqu'à devenir une espèce à part entière et donc endémique ! Trop forte Dame Nature !



D'autres espèces, pas endémiques mais très présentes sur l'île, ont su retenir mon attention, on se demande bien pourquoi !

-Queue de mimite : spéciale dédicace à celui qui se reconnaîtra 😁 (acalypha hispida)
- Arbre caca, appelé aussi “arbre à merde” à Mayotte.(sterculia corrida)
- La chayote, cultivé pour son fruit le chouchou consommé comme légumes salés ou sucrés.
- Le moringa (moringa oleifera) l'arbre aux mille vertus qui sauve des pauvres petits enfants africains de la malnutrition et …. des végétaliens occidentaux d'éventuelles carences ! Chacun son combat ! On l’appelle aussi "arbre de vie" ou "arbre des miracles". Record en teneur de vitamines, acides aminés, minéraux … y'a tout dans cet arbre, la spiruline à côté c'est du pipi de chat surgelé.
- Le filao (casuarina equisetifolia) qui borde les côtes de l'île et s'adapte à tout type de sol.


Et puis il y a aussi le choka, le cryptoméria, le manioc, l'ylang ylang, les ananas, avocatiers, héliconia, euphorbe…. Et plein d'autres …
Les mots en latin c'est pas pour me la péter. C'est que je m'adapte à Madame Ducaillou qui parle le vieux François des plantes.




Et puis des fois, entre les feuilles, se cachent des petites bêtes bizarres



Séquence botanique terminée, partons vers le Sud ...


À l'Étang Salé, le sable devient bien noir, on s'y brûle les pieds. Un Landais eut l'idée de fixer les dunes de sable en plantant des arbres (c'est une manie chez les Landais !). Il ne va pas planter des pins mais des filaos. C'est aujourd'hui une belle forêt domaniale dans laquelle il est agréable d'aller marcher ou pédaler.
Puis les plages laissent place aux falaises volcaniques noires contre lesquelles se brisent les vagues avec violence, formant gouffres, tunnels et trous souffleurs.




On passe Saint Pierre, Petite île, Grand Anse, Manapany, Saint-Joseph ... Tous ces coins méritent un détour, chacun a son charme et sa particularité. Culturellement, ça bouge bien et il y a de belles randos à faire le long de la côte.



ET toujours plus loin vers le sud ...

Les villages sont plus petits et plus authentiques. La population est majoritairement créole. Il n'y a plus de plage mais des falaises noires volcaniques. À Langevin l'eau ne manque pas. Les superbes cascades au milieu d'une végétation verte et luxuriante me rappellent qu'on est bien sur une île tropicale. C'est une aire de jeux pour les amateurs de grimpe ou de canyoning.

Depuis le petit port pittoresque de Langevin, on avance le long des falaises noires où les vagues viennent s'éclater en panache, jusqu'à la pointe la plus au sud de la Réunion .

De Vincendo à Saint-Philippe, les falaises prennent de la hauteur et la côte cache des criques spectaculaires. Les forêts sont denses, on se croirait dans "Le monde perdu " d'Arthur Conan Doyle.













A l'Est ...


Puis le paysage change encore. Jusqu'à Sainte-Rose, c'est le volcan qui fait sa loi. Des coulées de lave rejoignent ici l'océan. Elles sont datées depuis 1986. Une des plus impressionnantes est celle de 2007, lorsque 140 millions de m³ de lave dévalèrent la pente, peignant un tableau chaotique. Malgré ce sol un peu apocalyptique, la végétation reprend doucement ses droits, et continuera de pousser jusqu'à la prochaine grosse éruption.
C'est interdit de marcher sur les coulées de lave, bien trop dangereux. La roche est fragile, cassante, friable et dessous c'est un vrai gruyère. On peut visiter les tunnels où la lave s'est figée comme du chocolat. Claustrophobes s'abstenir ! Il n'est pas sans rappeler que ces coulées de lave ont emporté des villages et des vies.









L'église de Piton-Sainte-Rose est une miraculée. Dieu tout-puissant ou simplement le dénivelé ou le hasard, a dévié la lave de part et d'autres de ses murs. Elle fut rebaptisée Notre-Dame-des-Laves et devint un haut lieu de culte pour les créoles. Z'ont eu chaud !


La côte Nord Est de l'île est appelée "côte au vent". Comme son nom l'indique, le vent et la pluie frappent régulièrement ce côté. Dans les terres, on pratique les sports en eaux vives dans les nombreux bassins, cascades et rivières.
Beaucoup de fruits poussent dans cette région notamment les litchis, coco, bananes, goyaves, longani, ti jack….et des orchidées comme la vanille ... C'est un jeune esclave de Ste Suzanne, du nom de Edmond Albius, qui découvrit le moyen de féconder manuellement cette orchidée en 1841, permettant ainsi sa culture et sa commercialisation. Faute de motivation et d'engouement, la Réunion n'exploitera pas cette denrée de luxe, et ratera une vocation précieuse. C'est Madagascar qui s'emparera de ce trésor insoupçonné.

Dans les Terres ...


À l'intérieur de l'île c'est un autre monde de taille dont le point culminant est le Piton des Neiges, 3069m, le premier volcan de l'île.

La Réunion étant une jeune île, l'érosion n’a pas encore eu le temps d’aplatir ses sommets. Cependant, les effondrements dûs aux mouvements des plaques tectoniques, les cyclones et les torrents, ont créés 3 cirques naturels au relief très escarpé.





Les dénivelés sont importants, les vallées encaissées, et les montagnes ressemblent à de grands remparts infranchissables. C'est grandiose, et les amateurs de randonnées en hautes montagnes sont ici servis. C'est pas pour rien que les trois cirques montagneux de la Réunion sont classés depuis 2010 au patrimoine mondial de l'UNESCO.


Les habitants de la Côte vont régulièrement bivouaquer ou séjourner un weekend dans les nombreux gîtes de montagne pour se ressourcer, respirer un bon bol d'air frais, randonner, ou simplement profiter des belles nuits étoilées. C'est un plaisir dont on ne se lasse jamais. Partout c'est magnifique, il faudrait plusieurs vies pour explorer tous les recoins de ces montagnes.








Paysages vertigineux, difficiles d'accès, isolés, aux fortes traditions créoles ancrées dans les mœurs depuis les premiers habitants “marrons”. Le mot “marron” vient de l'espagnol “cimarrón” qui signifie “redevenu sauvage”. Le terme s'appliquait aux animaux domestiques qui redevenaient sauvages. En français, ce mot était porté par les esclaves fugitifs qui fuyaient leur maître despotique. Ils s’enfonçaient dans les cirques pour se cacher, puis ils y cultivaient la terre et construisaient des petits villages. Le phénomène de marronnage reste anecdotique et les légendes sont sombres. Les colons blancs lançaient des missions de recherche des villages marrons, et je ne vous parle pas du sort qui était réservé à leurs habitants !




Tout d'abord le cirque de Cilaos, dans lequel est perché son village coloré du même nom qui apparaît souvent en dessus des nuages. En malgache, Cilaos signifie “qu'on ne quitte pas”. Les noms donnés aux lieux-dits, montagnes où îlets (petit plateau d'altitude isolé) sont souvent d'origine malgache puisque c'était la nationalité de la majorité des marrons.
On accède au cœur du cirque par une longue route de 38 km qu'on appelle la route au 420 virages. Pendant la saison des cyclones, cette route est souvent fermée à cause des éboulements de terrain et des inondations. Les habitants se retrouvent alors coupés du reste du monde. On les approvisionne par hélico si le temps le permet !







La spécialité de Cilaos c'est la lentille. D’abord importée puis cultivée par les premiers habitants, elle était si populaire qu'elle servait même de monnaie d'échange. Surprenant mais vrai, on y fait aussi du vin, qui ressemble plus à du porto ou du muscat, et ce depuis le 18ème siècle.







Le cirque de Salazie est le plus facilement accessible. En malgache, "Salazie" est une marmite à 3 pieds dont on se sert pour la cuisine traditionnelle.

C'est le cirque qui a la végétation la plus épaisse et la plus majestueuse et celui qui compte le plus grand nombre de cascades, comme le TROU DE FER, qui est la cascade la plus photographiée de la Réunion.

Son village principal est Hell-Bourg. C'est une ancienne station thermale mais un cyclone a fait disparaître la source ! C'est ballot !!!
Du coup maintenant c'est le tourisme qui fait vivre les habitants. C'est le premier village d'outre-mer classé "Plus Beau Village de France".
Son ambiance enchanteresse attira de nombreux écrivains, poètes, artistes puis des bourgeois du XIXème siècle, qui y firent construire de belles demeures de vacances.









Les forêts de Belouve et Bebour sont les deux plus belles forêts primaires de l'île. Elles sont des réserves biologiques de haute importance, la flore y est extrêmement riche.
Quand les nuages flottent dans la forêt d'arbres biscornus et recouverts de mousse verte et d'orchidées, enveloppant les grandes fougères arborescentes qui perlent de gouttes d'eau scintillantes, on se croirait dans un monde fantastique. Un bijou dans un écrin de verdure. C’est irréel, j'en ai pleuré (je suis émotive en forêt !).






Le troisième cirque c'est Mafate, le plus sauvage, le moins fréquenté et le moins accessible. On va à Mafate à pied ou en hélico, pas de route ici. Une vieille dame Mafataise avoue ne jamais avoir vu la mer ! C'est le comble quand on habite sur une île. Il y a quand même une antenne télévision. Faut bien les occuper un peu ces gens, pour éviter qu'ils ne boivent trop par exemple !!!

Ce cirque est entouré d'une muraille haute de 2000 mètres, le passage le plus redouté des courses du Grand Raid !!! Cette course à pied est aussi appelée “la diagonale des fous”! Depuis 1989, chaque année, des milliers de coureurs traversent l'île de cirque en cirque : 164 km et 9576 m de dénivelé positif !!!! Y'a pas à dire, ce sont des oufs !!! Le premier a battu son propre record cette année : distance parcourue en 23h !!!!!! C'est pas humain ça Carpentier !!!!!!! (10 points à ceux qui ont la réf).



Mafate était le nom d'un chef marron. En malgache son nom signifie “ celui qui tue”. 
Après la communauté marron, ce sont des bourgeois qui s'installèrent là, attirés par des sources thermales. Au XIXème siècle, 200 familles y habitaient, recluses. Ils déboisaient les pentes ce qui augmentait les risques d’effondrement et d'érosion.
Le service forestier décida de vider le cirque de sa population pour le protéger. Des maisons sont brûlées et des milices sont envoyées. Ce n'est que dans les années 1960 qu'un terrain d'entente fut trouvé. Les Mafatais furent regroupés dans des îlets et l'ONF employa les locaux pour des travaux forestiers. Dans les années 1980 le Conseil Général investit dans des blocs sanitaires et l’électricité. Des instituteurs, infirmières et assistantes sociales furent envoyés dans le cirque ... à pied... Aujourd'hui, c'est le tourisme et l'agriculture qui font vivre les habitants de Mafate.









L'histoire du facteur de Mafate est étonnante, le monsieur est même passé à la télé.
voir le lien :
https://www.youtube.com/watch?v=g_hcToyzcsY

Angélo a arpenté les sentiers de Mafate jusqu'à sa retraite: 180 000km à pied, ça use les souliers ! Chaque tournée lui prenait 4 jours !!!
Aujourd'hui, aucun courageux ne l'a remplacé. La distribution du courrier se fait en hélico, une fois par semaine !






Et pour finir ce tour de l'île, voilà l'autre attraction de la Réunion et la plus visitée.
J'ai nommé : Le volcan alias Piton de la Fournaise.

Volcan effusif donc prévisible et pas dangereux ! Tant que personne ne se trouve sur le trajet des coulées de lave !!! Très actif, il a pété 4 fois cette année.





Chaque éruption fait la une du journal local et les Réunionnais se ruent de nuit pour aller admirer le spectacle. Malgré le froid glacial aux abords du volcan, on n'hésite pas à prendre le temps d'admirer les éruptions et les coulées de lave. Le piton de la fournaise nous rappelle combien on est vulnérable face à Dame Nature. Ce volcan est le résultat d'une déviation de la cheminée qui alimentait avant le Piton des Neiges. Un peu dur à expliquer et surtout trop long, je vous conseille le "C'est pas sorcier Réunion", Jammy explique ça très bien !
 
 

Pour s'y rendre on traverse une belle campagne verte et vallonnée, puis une magnifique forêt de hauts cryptomerias. Ensuite, c'est le chaos basaltique où pousse miraculeusement une petite Lande teintée de couleurs pâles et enfin, plus rien .... De la roche volcanique qui craquelle sous les pieds et où rien ne pousse. Le contraste est soudain.  Tout autour du cratère principal, le paysage est lunaire et désertique. 







"Le volcan lé là", souffle du cœur de la Réunion, au carrefour des 4 éléments.




y voilà c'est fini :-)

Un grand merci à toutes les personnes qui ont fait de mon passage à la Réunion une expérience inoubliable et touchante et Merci à toutes celles qui m'ont accueilli et supporté.
Nou artrouv très vite

Proverbe africain : Si tu veux aller vite, marche seul, mais si tu veux aller loin, marchons ensemble. 


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