samedi 2 mars 2013

Hampi 2


Après la sieste, je rejoins la case ronde, mais elle est vide. Il n'y a personne non plus dans le jardin.
Je retrouve mes amis à côté du petit kiosque internet. J’aperçois quelques policiers qui sont assis pas loin. Manju semble un peu perturbé. Mes amis me raconte alors, que les policiers sont partout dans le village. Ils vérifient les licences de tous les restaurants, les guesthouses et les boutiques. Le problème est que la majorité d'entre eux sont illégaux et le ton monte.
Des touristes nous demandent d'aller avec eux, afin de soutenir ces propriétaires qui risquent tout perdre. Les policiers sont venus avec des tractopelles et menacent de tout détruire.

Il est environ 19h et nous nous dirigeons alors vers le village. Tous les stores sont fermés. Certaines boutiques sont complètement vides, comme si elles avaient été déménagées en catastrophe.
Les touristes ne peuvent pas faire grand chose, et même si certains essayent de discuter avec la police, ça ne sert rien. Un petit groupe tente de s’asseoir au milieu du chemin, mais ça n’empêche pas les bulldozers d'avancer.
Nous croisons des backpackers qui ont été virés de leur guesthouse car la police a ordonné leur fermeture immédiate. D'autres doivent se cacher et ne pourront revenir dans leur chambre que plus tard dans la nuit !!!
Je m'inquiète alors pour « Manju's guesthouse ». Est ce qu'on va se retrouver nous aussi à la porte ? Et Manju, est-il en règle ?

Nous le retrouvons, et lui demandons quelques explications. Son sourire a disparu et ses yeux sont emplis de tristesse et de peur. Il nous raconte qu'il est installé ici depuis déjà 25ans, et que sa guesthouse, c'est toute sa vie. Il est en procès depuis quelques temps pour obtenir sa licence, que le gouvernement refuse de lui donner.
Le problème c'est qu'après avoir valider le projet de protection des ruines d'Hampi, l'Inde a fermé tous les dossiers de demandes de licences, sans préavis, ni indemnités.
Les Indiens qui avaient commencé leur business et attendaient leur licence, se sont alors retrouvée en situation « illégale ». Mais la machine était déjà en route, ils ne voulaient pas tout abandonner, et ils espéraient pouvoir trouver une solution, ou ils pensaient qu'il fallait juste être patient.

Manju avait senti le coup venir. Il mène son procès avec beaucoup de motivation et grâce à son avocat, sa guesthouse est hors de danger... pour l'instant ! Il était quand même à 2 doigts de tout perdre.
Il avait essayé de motiver d'autres gérants de guesthouses pour attenter une action en justice à plusieurs, mais ceux-là ne voulaient pas dépenser d'argent dans les avocats et toutes les procédures. Ceux là se retrouvent aujourd’hui sans rien. Comme ceux qui ne savaient même pas qu'il leur fallait une licence.
Ces méthodes sont révoltantes.
Manju continues son discours en nous expliquant qu'à long terme, Hampi sera vidée de sa vie locale. Les touristes resteront dans des hôtels appartenant à L’État, à quelques kilomètres d'ici. Ils viendront en bus et paieront l'entrée dans le site historique. Cet argent sera utilisé pour la restauration des ruines. Enfin … c'est ce qu'ils disent ! L'Unesco est sur le coup et devrait veiller à ce que ce soit le cas. Il y aurait beaucoup à dire !
Ce soir les backpackers et les hippies sont davantage silencieux. On réalise que nous allons perdre ce petit paradis qui nous était si accessible. Place au tourisme organisé, programmé, encadré ! Nous ne sommes apparemment plus les bienvenus en Inde du sud.


Mais voilà, notre voyage ne s'arrête pas là …

le lendemain, nous nous levons à 4h30, enfourchons nos mobylettes et allons voir le lever du soleil à « HANUMAN TEMPLE ». Nous sommes les premiers sur les lieux. Un indien se réveille avec le bruit de nos moteurs, et nous propose de suite un Chaï tea.
Nous grimpons les 500 marches, et nous voilà au sommet de la montagne, où se trouve le petit temple.
Les moines sont déjà en activité. Ils chantent la prière et font des offrandes. La pleine lune se couche d'un côté et le soleil se lève de l'autre. Au fur et à mesure que le soleil éclaire la plaine, nous découvrons le paysage qui nous entoure. C'est magnifique.
De nombreux singes arrivent, ainsi que des écureuils, des chiens, et même des petites souris.
Les moines proposent des chaï aux touristes, comme un don de générosité.
Les singes, s'approchent de nous à la recherche d'une banane ou d'un biscuit. Les plus impatients ou les plus gourmands vont carrément ouvrir les sacs à dos et fouillent à l'intérieur. Les mâles dominants ont un comportement plus agressif et vraiment intimidant. Face à eux, on recule, on s'écrase. Une morsure de singe est très douloureuse et surtout peut être porteuse de maladie, telle la rage par exemple. Mieux vaut donc éviter le conflit !

J'essaye de méditer face au soleil, mais le bruit des klaxons dans la plaine et les singes trop curieux m'en empêchent.






Les singes aussi regardent le lever du soleil











Nous redescendons et repartons vers la guesthouse. Arrivés au village, nous reprenons conscience de ce qu'il s'est passé la veille. Les paillotes de bambous et de palmiers qui longeaient le chemin sont toutes détruites. Elles gisent sur le sol. Les tractopelles s'attaquent maintenant au constructions solides. Tout va très vite.



Des touristes nous font part de tristes événements qui se sont déroulées dans la matinée. Comme cet homme qui a tenté de d'immoler par le feu avec de l'essence. La police s'est jeté sur lui pour l’empêcher d'allumer son allumette. La police détruit des bungalows sans vérifier s'il y a encore des personnes à l'intérieur. Une famille de touristes avec leur 3 enfants a bien faillit en faire les frais.

Dans le journal, un article raconte que la police fait des contrôles à Hampi, car il y a beaucoup de problèmes avec des Israéliens qui ramènent de la drogue !!!!!! C'est vraiment grotesque, la population est manipulée. Tant de mensonges nous déçoit beaucoup de L'inde. Qu'est-il advenu du pays de Gandhi ?

Nous passons en mobylettes au milieu de ce chantier de lamentation, impuissants. Que pouvons nous faire face à une telle politique et face à des policiers pantins sans cervelle ?
Nous ne pouvons pas rester là, c'est trop dangereux et les policiers nous demandent de circuler.




Nous traversons la rivière et voyons l'éléphante du temple, Madame Si Lakshmi, qui prend son bain dans la rivière. Elle fait la fofolle dans l'eau. Elle est adorable et ne semble pas atteinte par la triste ambiance qui règne ce matin à Hampi. Elle nous redonne de l'énergie. On part à la recherche d'un petit-déjeuner car notre ami qui était déjà venu là il y a 2 ans, nous assure qu'il y a de bons petits restaurants. Mais voilà, tout ce qu'il a connu n'existe plus. Ce quartier a déjà été détruit avant notre arrivée. Il ne reste que des débris de murs. Sa déception est grande, nous décidons donc de rentrer. 




Nous recroisons l'éléphante. C'est l'heure de la toilette. Elle se fait brosser par plusieurs Indiens et semble adorer cela. Elle est complètement détendue et se laisse faire avec beaucoup de plaisir.



Dans l’après-midi, j'ai droit à un cours de mobylette, car je ne sais pas conduire et pourtant, ce serait bien utile en Inde. J'ai une bonne prof, merci Syl ;-)
Nous restons à la guesthouse le reste de la journée. Manju semble aller beaucoup mieux aujourd’hui. Apparemment, il a reçu une bonne nouvelle de son avocat. On est tous soulagés et très content pour lui. L'ambiance redevient plus positive et les parties de cartes et de dés reprennent.

Le lendemain, nous reprenons les mobylettes. Je réalise que je sais désormais conduire une mobylette, mais PAS avec quelqu'un à l'arrière !!! je n'ai pas encore fini mon apprentissage.

Nous passons parle le petit village d'Anegundi, puis continuons sur des sentiers tape-cul, dans la campagne environnante. Cette balade est très belle. On aperçoit des grands singes dans les rizières, des oiseaux qui pêchent dans le canal, de beaux papillons, de beaux arbres, des enfants qui nous crient « hello, what's your name ? » et des locaux qui nous saluent avec de grands sourires.

On s'arrêtent dans un tout petit village où des enfants viennent à notre rencontre. Nous avions prévu le coup cette fois-ci, et avions acheté des bonbons en route. Les enfants sont fous de joie. Les adultes sont aussi contents et viennent discuter avec nous, notamment un Baba (religieux hindou) au visage peint de lignes jaunes et de rouges. Il fume son shilom en notre compagnie et baragouine quelques mots d'anglais avec nous.





 

Le soleil se couche et nous rentrons à la guesthouse. Nous distribuons les quelques bonbons qu'il nous reste à des enfants sur le chemin. Au lieu de leur donner un bonbon à chacun, on leur donne la poche. On réalise notre erreur quand ils commencent à se taper dessus, au lieu de partager. Oups !
Bon, on le saura pour la prochaine fois.
C'est délicat d'échanger avec des enfants. Ils ont une grande énergie qu'il est difficile de canaliser. Ils sont vite très excités et oublient vite les bonnes manières.



Nous faisons de très bonnes rencontres chez Manju's guesthouse. Il y a beaucoup d’Israéliens, d'espagnols et de français.es Les discussions sont profondes et souvent portés sur la spiritualité. C'est intéressant et enrichissant. En France, on nous prendrais pour des « perchés » ou des « drogués ». Mais ici, on peut refaire le monde, ou parler d'utopie, sans que personne ne soit choqué !


Le lendemain, nous retournons, au lac du barrage pour nous baigner. Je prends doucement confiance sur ma mobylette.
On est un peu déçues car l'eau est dégueulasse. On ne comprend pas trop, la dernière fois c'était propre, mais aujourd’hui ça donne pas trop envie d'y nager. Du coup, on ne reste pas longtemps.







A la guesthouse, beaucoup de voyageurs s'en vont aujourd’hui et demain, dont nos amis. C'était super sympa ces 3 semaines passées ensemble. Que de bons souvenirs avec ces supers compagnons de voyage. On se retrouvera bientôt en France, dans notre réalité quotidienne, que nous oublions lorsque nous sommes en voyage. La guesthouse va sûrement paraître un peu vide sans nos « travel mates ».





1 commentaire:

  1. Je suis triste pour toi en lisant ton blog ce soir.
    Mais tous ces lamentables évènements ne me surprennent pas. Le tourisme et tout ce que cela draine de mauvais est une manne pour des dirigeants sans scrupules. Quand à l'Unesco, pour l'avoir vu à l'oeuvre dans pas mal d'endroits, il y aurait beaucoup à dire et pas en bien !Heureusement que ton hôte Manju se bat, cela aidera sûrement les autres.
    Mais tu as fait de très belles photos. Si Marine lit ton blog, elle qui aime tant les singes....! Les enfants sont superbes et pour les bonbons, je connais les bagarres !(rires)
    Bien j'espère que la suite de ton voyage va vite effacer ce petit goût amer .
    Bonne continuation, et gros bisous.

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Au pays des Pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à deviner que je me trouve au ... Canada !!! Mais non...