vendredi 6 décembre 2013

Boracay

Je prends un van qui m'emmène à Caticlan, une ville portuaire qui se trouve à 1h45 de route. Pour l'instant, les philippins que j'ai rencontré sont honnêtes et sympathiques. Aucun d'entre eux n'a essayé de m'entuber sur les prix et c'est même moins cher que ce que je leur propose. Ailleurs en Asie, ils ne m'auraient certainement pas fait remarquer ces erreurs.

Dans le van super ultra climatisé, nous ne sommes pas entassés les uns sur les autres. Là encore, je suis agréablement surprise.
Dehors, il se met à pleuvoir. Sur la route, les paysages changent rapidement. Nous sortons très vite de la ville et nous traversons des rizières d'un vert presque fluorescent. Ensuite, c'est une végétation tropicale qui s'invite, puis enfin des petites montagnes aux formes arrondies et parsemées de palmiers. On dirait plus des grosses bosses que des montagnes ! C'est drôle comme formation. Le vert est toujours la couleur dominante.

J’aperçois des petits villages de maisons en branches de palmiers, qui n'ont, semble t-il, pas résisté au typhon. Certaines maisons sur pilotis non plus, mais des hommes sont sur les chantiers.
Je suis surprise de voir à quel point tout a été vite nettoyé.
Les routes sont en parfait état, il y a très peu d'arbres par terre. Tout est ratissé, balayé comme si rien ne s'était passé. Les philippins sont apparemment un peuple qui sait relativiser.

Le van me dépose juste devant le comptoir où je peux acheter mon ticket, ou plutôt mes tickets (taxes sur l'environnement, taxes côtières et billet bateau) pour la traversée.
5 minutes de bateau et je suis à Boracay. Je dois alors reprendre un tricycle. Sur tout ce trajet, une philippine qui se trouvait avec moi dans le van, m'accompagne sans que je lui demande, et s'assure que personne ne veuille me faire payer plus cher. Puis elle me souhaite un bon séjour et s'en va. Une bonne aide sans rien demander en retour. Décidément, les philippins semblent vraiment différents des autres asiatiques du Sud-Est.



J'arrive enfin, à la station 3, où je rejoins ma copine qui est instructrice dans un centre de plongée ici, mariée avec un philippin et maman depuis quelques mois. Une vie d'expatriée qui en fait rêver plus d'un.

photo tirée d'internet

Elle me présente à ses collègues et ses amis philippins. J’apprends de ces rencontres que ces gens sont très croyants et superstitieux. Ici, on ne rigole pas avec les médiums, les sorcières, les mauvais sorts, les entités et les esprits maléfiques de la forêt. Une femme me raconte comment elle est morte 3 jours, puis s'est réveillée dans son cercueil, alors que le prêtre lui faisait ses adieux. Ou encore, la façon dont on utilise une personne, pour lui introduire un esprit dans son corps afin de pouvoir dialoguer avec lui ! J'écoute tout cela avec beaucoup de respect, car après tout, ces personnes me reçoivent chez elle sans me connaître, m'offrent le café et sont très hospitalières et très gentilles. Et puis j'adore ce genre d'histoire, c'est mon petit côté Harry Potter !

Je pose des questions sur le typhon, car je n'ai pas vraiment l'impression qu'il est eu lieu. Et pourtant si. Ils ont eu très peur mais savent parfaitement qu'ils se trouvent dans une zone à risque. Ils sont donc mentalement préparés à ces éventualités. Les typhons, ici, il y en a plein. Ils ont l'habitude de tout bien nettoyer vite fait bien fait. Sauf pour l'électricité dont les réparations sont plus compliquées. C'est la vie qui veut ça, ils ne peuvent rien y faire. Ils sont donc fatalistes et acceptent que la nature ne leur fasse pas de cadeau.
A l'annonce du typhon, la majorité des touristes ont été évacué, mais pas les locaux ! Ceux dont les logements étaient les plus précaires, ont été placé dans des écoles en dur (dont les toits se sont parfois envolés !!!). On me dit aussi que le gouvernement s'en est mis plein les poches avec l'argent de l'aide internationale. La corruption de l'état est un gros problème aux Philippines.
Des îles ont été complètement détruites et rayées de la carte, alors que d'autres s'en sont sorties indemnes!!! Cela s'explique par les reliefs très variés des Philippines. Sur les îles au niveau de la mer, quand le vent souffle d'un côté, il suffit d'aller se réfugier à l'autre côté. Sur les îles montagneuse, les locaux n'ont qu'à se réfugier derrière les montagnes qui font barrage au vent.. Mais dans le cas des îles « cuvettes », il n'y a aucune protection le vent et les eaux s'engouffrent à l'intérieur. Les habitants sont piégés dans les inondations et au milieu des projectiles. C'est dans ces îles où les dégâts ont été désastreux. Il aurait fallut les faire évacuer avant la catastrophe, mais, les habitants soupçonnent le gouvernement d'avoir fait exprès. Peut être pour récupérer de l'argent sur le dos des victimes ! On ne saura jamais. Ainsi des joyaux de l'archipel ont disparus ou désertés.

                        Mais voilà, maintenant le typhon est parti et on n'en parle plus, fin de l'histoire.

Les philippins sont catholiques. C'est le seul pays d'Asie où les colons espagnols ont réussi la christianisation d'un peuple. Ils sont restés assez conservateurs dans l'ensemble.

Sur la magnifique « White Beach », un chemin sablonneux longe la plage.



En soirée, on se croirait en Thailande du sud. Les centres de plongée, les bars branchés, les restaurants en tout genre, les spas et les hôtels de luxe s’enchaînent. Ils ne restent plus un seul morceau de terrain vierge. La concurrence est acharnée. Les serveurs vont même jusqu'à faire des chorégraphies ridicules pour appâter le client. C'est vraiment très animé !


Il y a des concerts live dans toutes les terrasses sur la plage. Dans cette panoplie, on trouve même des Subways, Starbucks, Macdo et tout plein d'autres magasins de chaînes internationales, là sur le sable. Tout semble très neuf, très propre, moderne.
Il y a aussi les rabatteurs, les lady boys et les prostitués. Je donne moins de 4 ans à cette zone avant qu'on ne l'appelle « Pathaya number 2 » !
Des vols directs entre Caticlan et la Chine, la Corée et l'Asie du nord, font que la clientèle est composée majoritairement des gens de ces pays. Les coréens semblent être propriétaires de beaucoup de business ici. Il y a même des centres de plongées conçus par et pour eux.

Tout redevient plus calme aux extrémités de la plage, notamment à « Angol Point », où l'on découvre la végétation luxuriante d'antan. Autrefois, il devait y avoir plein d'oiseaux, varans, singes et autres. Des falaises calcaires et volcaniques remplacent le sable et se dressent face aux eaux bleues turquoise du détroit de Tablas. D'ici, je réalise à quel point les infrastructures ont dévasté l'île.





Les locaux semblent se préoccuper sérieusement du recyclage des déchets et il est facile de trouver des stations pour remplir les bouteilles d'eau (ce qui évite trop de plastiques). La plage est nettoyée tous les matins et les rues sont très propres. Mais à mon avis, c'est pour cacher la misère. Je reste persuadée que les eaux usées finissent dans la mer. D'ailleurs, j'ai vu ces algues vertes sur une plage de l'autre côté de l'île qui sont caractéristiques de ce type de pollution. Et je me demande bien où sont les centres de recyclage et les méthodes qu'ils utilisent.
Il ne faut pas oublier que le touriste est un gros dégueulasse et ici, il y en a beaucoup !

Ce qu'il y a de pratique à Boracay, c'est qu'on trouve tout ce dont on a besoin ; distributeurs, agences de voyages, toutes les cuisines du monde entier et pour tous les budgets, des hôtels en tout genre pour toutes les clientèles, des instituts de beauté, des laveries et pressings, des activités sportives et ludiques en tout genre, des happy hours... Il y a toujours beaucoup beaucoup de personnel à l'intérieur des établissements. Ils ne semblent pas faire des économies sur la masse salariale ici. Les salariés sont payés au quota de clients rabattus. Money, money, money …
Dans les centre de plongeurs les instructeurs sont payés pour chaque client qu'ils ramènent, ce qui peut créer des tensions ou jalousies entre les salariés d'un même centre. Chacun se bat pour son salaire.

Enfin, voilà ! Un constat qui va paraître un peu négatif et je m'en excuse d'avance pour ceux qui habitent ici et qui aiment cet endroit. Après, j'imagine qu'il est facile de se faire un réseau d'amis ici, et que la vie y est agréable et animée et sans stress.

Et puis, je ne peux pas le nier, la plage est magnifique et j'adore leur bateau, qu'ils appellent "bancka".







3 commentaires:

  1. Dommage, qu'une fois encore, les touristes ( pas tous heureusement) qui devraient apporter du bien-être aux habitants de ces pays magnifiques, drainent avec eux, la pollution , le vice et la corruption,à des gens qui ne méritent pas ça, au lieu de profiter de si belles choses , et de l'hospitalité des tous ceux qui les accueillent.

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  2. Les paysages sont magnifiques ! Vite la suite ma Laurène !
    gros bisous
    Fabienne

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Au pays des Pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à deviner que je me trouve au ... Canada !!! Mais non...