Je prends un van qui m'emmène à
Caticlan, une ville portuaire qui se trouve à 1h45 de route. Pour
l'instant, les philippins que j'ai rencontré sont honnêtes et
sympathiques. Aucun d'entre eux n'a essayé de m'entuber sur les prix
et c'est même moins cher que ce que je leur propose. Ailleurs en
Asie, ils ne m'auraient certainement pas fait remarquer ces erreurs.
Dans le van super ultra climatisé,
nous ne sommes pas entassés les uns sur les autres. Là encore, je
suis agréablement surprise.
Dehors, il se met à pleuvoir. Sur la
route, les paysages changent rapidement. Nous sortons très vite de
la ville et nous traversons des rizières d'un vert presque
fluorescent. Ensuite, c'est une végétation tropicale qui s'invite,
puis enfin des petites montagnes aux formes arrondies et parsemées
de palmiers. On dirait plus des grosses bosses que des montagnes !
C'est drôle comme formation. Le vert est toujours la couleur
dominante.
J’aperçois des petits villages de
maisons en branches de palmiers, qui n'ont, semble t-il, pas résisté au typhon. Certaines maisons sur pilotis non plus, mais des hommes
sont sur les chantiers.
Je suis surprise de voir à quel point
tout a été vite nettoyé.
Les routes sont en parfait état, il y
a très peu d'arbres par terre. Tout est ratissé, balayé comme si
rien ne s'était passé. Les philippins sont apparemment un peuple
qui sait relativiser.
Le van me dépose juste devant le
comptoir où je peux acheter mon ticket, ou plutôt mes tickets
(taxes sur l'environnement, taxes côtières et billet bateau) pour
la traversée.
5 minutes de bateau et je suis à
Boracay. Je dois alors reprendre un tricycle. Sur tout ce trajet, une
philippine qui se trouvait avec moi dans le van, m'accompagne sans
que je lui demande, et s'assure que personne ne veuille me faire
payer plus cher. Puis elle me souhaite un bon séjour et s'en va. Une
bonne aide sans rien demander en retour. Décidément, les philippins
semblent vraiment différents des autres asiatiques du Sud-Est.
J'arrive enfin, à la station 3, où je
rejoins ma copine qui est instructrice dans un centre de plongée
ici, mariée avec un philippin et maman depuis quelques mois. Une vie
d'expatriée qui en fait rêver plus d'un.
![]() |
photo tirée d'internet |
Elle me présente à ses
collègues et ses amis philippins. J’apprends de ces rencontres que
ces gens sont très croyants et superstitieux. Ici, on ne rigole pas
avec les médiums, les sorcières, les mauvais sorts, les entités et les esprits
maléfiques de la forêt. Une femme me raconte comment elle est morte 3 jours, puis s'est réveillée dans son cercueil, alors
que le prêtre lui faisait ses adieux. Ou encore, la façon dont on
utilise une personne, pour lui introduire un esprit dans son corps afin de pouvoir dialoguer avec lui ! J'écoute tout cela avec
beaucoup de respect, car après tout, ces personnes me reçoivent
chez elle sans me connaître, m'offrent le café et sont très
hospitalières et très gentilles. Et puis j'adore ce genre d'histoire,
c'est mon petit côté Harry Potter !
Je pose des questions sur le typhon,
car je n'ai pas vraiment l'impression qu'il est eu lieu. Et pourtant
si. Ils ont eu très peur mais savent parfaitement qu'ils se trouvent
dans une zone à risque. Ils sont donc mentalement préparés à ces
éventualités. Les typhons, ici, il y en a plein. Ils ont l'habitude
de tout bien nettoyer vite fait bien fait. Sauf pour l'électricité
dont les réparations sont plus compliquées. C'est la vie qui veut
ça, ils ne peuvent rien y faire. Ils sont donc fatalistes et
acceptent que la nature ne leur fasse pas de cadeau.
A l'annonce du typhon, la majorité des
touristes ont été évacué, mais pas les locaux ! Ceux dont
les logements étaient les plus précaires, ont été placé dans des
écoles en dur (dont les toits se sont parfois envolés !!!). On me dit aussi
que le gouvernement s'en est mis plein les poches avec l'argent de
l'aide internationale. La corruption de l'état est un gros problème
aux Philippines.
Des îles ont été complètement
détruites et rayées de la carte, alors que d'autres s'en sont sorties indemnes!!! Cela s'explique par les reliefs très variés des
Philippines. Sur les îles au niveau de la mer, quand le
vent souffle d'un côté, il suffit d'aller se réfugier à l'autre
côté. Sur les îles montagneuse, les locaux n'ont qu'à se réfugier derrière les montagnes qui font barrage au vent.. Mais dans le cas des îles « cuvettes », il n'y a
aucune protection le vent et les eaux s'engouffrent à l'intérieur.
Les habitants sont piégés dans les inondations et au milieu des
projectiles. C'est dans ces îles où les dégâts ont été
désastreux. Il aurait fallut les faire évacuer avant la
catastrophe, mais, les habitants soupçonnent le gouvernement d'avoir
fait exprès. Peut être pour récupérer de l'argent sur le dos des
victimes ! On ne saura jamais. Ainsi des joyaux de l'archipel
ont disparus ou désertés.
Mais voilà, maintenant le typhon est
parti et on n'en parle plus, fin de l'histoire.
Les philippins sont catholiques. C'est
le seul pays d'Asie où les colons espagnols ont réussi la
christianisation d'un peuple. Ils sont restés assez conservateurs
dans l'ensemble.
Sur la magnifique « White
Beach », un chemin sablonneux longe la plage.
En soirée, on se croirait en
Thailande du sud. Les centres de plongée, les bars branchés, les
restaurants en tout genre, les spas et les hôtels de luxe
s’enchaînent. Ils ne restent plus un seul morceau de terrain
vierge. La concurrence est acharnée. Les serveurs vont même jusqu'à
faire des chorégraphies ridicules pour appâter le client. C'est
vraiment très animé !
Il y a des concerts live dans toutes
les terrasses sur la plage. Dans cette panoplie, on trouve même des
Subways, Starbucks, Macdo et tout plein d'autres magasins de chaînes internationales, là sur le sable. Tout semble très neuf, très
propre, moderne.
Il y a aussi les rabatteurs, les lady
boys et les prostitués. Je donne moins de 4 ans à cette zone avant
qu'on ne l'appelle « Pathaya number 2 » !
Des vols directs entre Caticlan et la
Chine, la Corée et l'Asie du nord, font que la clientèle est
composée majoritairement des gens de ces pays. Les coréens semblent
être propriétaires de beaucoup de business ici. Il y a même des
centres de plongées conçus par et pour eux.
Tout redevient plus calme aux
extrémités de la plage, notamment à « Angol Point »,
où l'on découvre la végétation luxuriante d'antan. Autrefois, il
devait y avoir plein d'oiseaux, varans, singes et autres. Des
falaises calcaires et volcaniques remplacent le sable et se dressent
face aux eaux bleues turquoise du détroit de Tablas. D'ici, je
réalise à quel point les infrastructures ont dévasté l'île.
Les locaux semblent se préoccuper
sérieusement du recyclage des déchets et il est facile de trouver
des stations pour remplir les bouteilles d'eau (ce qui évite trop de
plastiques). La plage est nettoyée tous les matins et les rues sont
très propres. Mais à mon avis, c'est pour cacher la misère. Je
reste persuadée que les eaux usées finissent dans la mer.
D'ailleurs, j'ai vu ces algues vertes sur une plage de l'autre côté
de l'île qui sont caractéristiques de ce type de pollution. Et je
me demande bien où sont les centres de recyclage et les méthodes
qu'ils utilisent.
Il ne faut pas oublier que le touriste
est un gros dégueulasse et ici, il y en a beaucoup !
Ce qu'il y a de pratique à Boracay,
c'est qu'on trouve tout ce dont on a besoin ; distributeurs,
agences de voyages, toutes les cuisines du monde entier et pour tous
les budgets, des hôtels en tout genre pour toutes les clientèles,
des instituts de beauté, des laveries et pressings, des activités
sportives et ludiques en tout genre, des happy hours... Il y a
toujours beaucoup beaucoup de personnel à l'intérieur des
établissements. Ils ne semblent pas faire des économies sur la
masse salariale ici. Les salariés sont payés au quota de clients
rabattus. Money, money, money …
Dans les centre de plongeurs les instructeurs sont payés pour chaque client qu'ils ramènent, ce qui peut créer des tensions ou jalousies entre les salariés d'un même centre. Chacun se bat pour son salaire.
Enfin, voilà ! Un constat qui va
paraître un peu négatif et je m'en excuse d'avance pour ceux qui
habitent ici et qui aiment cet endroit. Après, j'imagine qu'il est facile de se faire un réseau d'amis ici, et que la vie y est agréable et animée et sans stress.
Et puis, je ne peux pas le nier, la plage est magnifique et j'adore leur bateau, qu'ils appellent "bancka".
Dommage, qu'une fois encore, les touristes ( pas tous heureusement) qui devraient apporter du bien-être aux habitants de ces pays magnifiques, drainent avec eux, la pollution , le vice et la corruption,à des gens qui ne méritent pas ça, au lieu de profiter de si belles choses , et de l'hospitalité des tous ceux qui les accueillent.
RépondreSupprimerLes paysages sont magnifiques ! Vite la suite ma Laurène !
RépondreSupprimergros bisous
Fabienne
merqui ma fabi ;-) gros gros bisous a toi
Supprimer