Nous arrivons à TANNA en avion. Depuis
le ciel, je suis surprise de voir la densité de la forêt tropicale
qui recouvre l'île. La piste d'atterrissage semble récente, c'est
un luxe. Dans d'autres îles, les avions atterrissent sur l'herbe.
En dehors de l'aéroport, il n'y a pas
de routes et le 4X4 est obligatoire. Ici pas de ville, pas de
magasin, pas de distributeur, juste quelques petites épiceries qui
vendent le strict nécessaire. Il y a des étals de fruits le long
des chemins. Les mangues coûtent quelques centimes, et elles sont
délicieuses. La forêt est riche en fruits, racines et plantes
médicinales. Pas un produit chimique, aucune production agricole.
Nous montons à l'arrière d'un pick-up
et traversons toute l'île pour rejoindre notre hébergement.
Les gens d'ici, toujours le grand
sourire aux lèvres, semblent être adorables. Ils sont super
accueillants.
Le chauffeur du pick-up semble tourner
en rond. Il cherche de l'essence. IL n' y a pas de station ici, mais
on trouve de l'essence en bidon dans des petites cahutes en bord de
chemin. Le chauffeur refait le plein sans éteindre le moteur. Nous
repartons en sens inverse pour prendre d'autres personnes. Le
co-voiturage est la seule façon de se déplacer ici.
On traverse une forêt luxuriante. Je
n'avais jamais vu de Banyans aussi majestueux, ils ressemblent à des
cathédrales. Les flamboyants aussi sont énormes. La végétation
est vraiment belle. Au fur et à mesure que les minutes passent, le
ciel se couvre comme si un orage se préparait. La luminosité devient super belle.
On se croirait dans le décor de Jurassik Park.
Nous montons, passons un col d'où nous
avons une vue imprenable sur la côte et la forêt vierge. On
redescend, le chemin devient de plus en plus difficile. C'est un vrai
safari 4X4. Le chauffeur nous explique que lorsqu'il pleut,
ils ne peuvent pas emprunter ces pistes. Alors ils attendent que le
mauvais temps passe. Cela peut durer plusieurs jours, mais peu
importe, personne n'est pressé sur cette île.
On commence à sentir le souffre, le
sol devient très noir, et une légère pluie de cendre vient se
poser sur notre peau et nous pique les yeux. La végétation semble
apprécier ce sol fertile et le noir du sol fait ressortir le vert
des arbres. C'est vraiment pas commun. Le contraste est surprenant.
Nous arrivons sur le plateau où plus
rien ne pousse. Une grande étendue noire au milieu de laquelle se
dresse le Mont Yasur, le volcan actif de l'île. Il est en éruption
quasi continuellement. Il est planté comme un géant indestructible,
qui règne sur l'île. Les nuages que je voyais ne viennent pas d'un
orage. C'est en fait la fumée qui sort des cratères. C'est
impressionnant et on se sent soudain toutes petites et vulnérables.
On entend ses craquements et ses grondements. Il s'exprime, il est
bien vivant. C'est le volcan actif le plus accessible du monde,
puisqu'on peut se rendre sur les rebord du cratère directement en
4X4.
Nous arrivons enfin au« Jungle Oasis »,
l'établissement le plus proche du volcan. Si ça pète, on sera les
premières au courant. On s'installe dans un joli bungalow de bambou.
C'est très rudimentaire à l'intérieur mais c'est parfait. Il y a l'électricité
grâce à un groupe. Il y a aussi une cabane haut perchée dans un
arbre,qui offre une belle vue sur le volcan. On voit d'ici, les
projections de magma qui s'élèvent dans les airs et la fumée qui
donne au ciel une couleur apocalyptique. On entend les grondements et
les explosions, comme s'il y avait de l'orage dans l'air. On sent
l’excitation monter en nous. On à envie de s’approcher plus
prés. C'est comme si le volcan nous appelait, il nous attire comme
un aimant.
Comme il n' y a pas moyen de se faire
le cuisine ou d'acheter de la nourriture, au « Jungle Oasis »,
des femmes cuisinent pour les touristes. Une assiette de riz avec du
poulet et quelques légumes en sauce, c'est simple mais très bon. De
l' ananas en dessert ; les vrais, ceux qui sont bien juteux et
qui ont du goût. Et puis, naturellement on se prend une petite
bière.
On s'endort avec les rugissements de
Yasur, et des fois, on ressent même les vibrations de ses explosions.
On aurait pu bien dormir, s'il n'y avait pas eu une colonie de
souris qui s'étaient introduites dans notre chambre dans la nuit, à
la recherche de notre pique nique. Elles font beaucoup de bruits et
n'hésitent pas à monter sur les lits et rentrer dans nos sacs.
Lorsqu'on allume la lumière, alarmées par ce vacarme, les souris
ont peur et se mettent à sauter bêtement et à courir dans tous les
sens. C'est le ballet des petits rats de Tanna. Je m'en serais bien passé.
Le lendemain, un des guides du « Jungle
Oasis », nous invite à le suivre pour un « magic tour ».
Quand on lui demande ce que c'est, il nous répond que c'est très
bien et que c'est magique !!! Il ne veut pas nous en dire plus !
C'est une activité payante et on a peur que ce soit un piège à
touriste mais on accepte quand même et nous le regretterons pas...
Nous sommes seulement toutes les 3 avec
notre guide et marchons dans la belle forêt. Alors que nous avons
droit à une leçon sur les plantes de la jungle, un groupe
d'indigènes vêtus de feuilles de fougère apparaissent soudainement
et nous encerclent en gesticulant et en criant dans un dialecte
étrange. Ils étaient tellement bien camouflés, on a rien vu venir.
Le guide fait mine de ne pas comprendre. Une fois
que je réalise que c'est un cou monté,
je retrouve mon souffle. Ils m'ont bien fait flippé quand même !
C'est qu'ils étaient cannibales il y a pas si longtemps que ça !
Le guide rigole, il nous a bien eu. Nous sommes les acteurs d'une
reconstitution de scène, où les blanc rencontrent pour la première
fois une tribu Ni Vatu. Premier acte : Premier contact, ils ont
peur, nous font comprendre qu'ils sont là, et s'enfuient vite pour
alerter leur chef.
Nous poursuivons … un peu plus loin,
un enfant est allongé sur le sol, il pleure, et 2 indigènes
ramassent des feuilles ! Dans la fuite, le petit s'est foulé la
cheville, les feuilles sont celles qu'on utilise pour soigner ce
genre de blessures. Dans la course pour alerter le chef, ils n'ont
pas le temps de soigner l'enfant sur place, ils le transporte, lui et
les feuilles, jusqu'à la tribu.
Un peu plus loin sur le chemin, un
enfant court et trébuche sur quelque chose, c'est un piège. Il se
retrouve le pied attaché à une corde, pendu la tête en bas, à la
branche d'un arbre. Les hommes viennent le détacher, et ils
repartent en courant. Ce piège est très astucieux et invisible. Ils
s'en servent encore aujourd'hui pour attraper les cochons sauvages.
Le guide nous explique comment ça marche, avec quelque morceaux de
bois et une liane. C'est très simple, solide, et beaucoup plus
efficace qu'une alarme ! Je pense en mettre un devant chez moi.
Nous approchons maintenant du siège de
la tribu. C'est un énorme Banyan dans une minuscule clairière.
Des hommes s'approchent de nous. Ils
vivent la scène à 200%, tellement qu'on se demande si c'est du lard
ou du cochon ! On a même un petit peu peur et on ose pas trop
aller vers eux. Ils nous regardent, rigolent, chuchotent. Ils
prennent nos mains et les sentent. Le guide nous dit que c'est à
l'odeur qu'ils voient si nous sommes comestibles ou pas. Ça nous
rassure pas davantage ! Ils se frottent le ventre, nous sommes
donc comestibles !
Ils nous regardent de la tête au pied,
prennent nos appareils photos et les manipulent comme si c'était
quelque chose de dangereux, puis le chef arrive. Le guide traduit. Il nous dit qu'il n'a jamais vu
de gens comme nous et nous demande pourquoi nous sommes là. En
langage des signes, nous essayons de lui faire comprendre que nous ne
sommes pas dangereuses. Il finit par sourire et nous invite à le
suivre. Nous entrons sous l'immense banyan. Sous les racines, il y a
une petite salle où se trouve un petit feu. Les enfants sont cachés
en hauteur dans les racines. Ils sont de la même couleur que
l'arbre, on les distingue à peine.
cherchez l'enfant sur la photo ... |
les enfants ne font qu'un avec les racines du banyan |
Nous avons droit au test de l'amitié, pour savoir si le chef peut nous faire confiance. Il prend une feuille et nous tend une autre. Il dit des
choses bizarres puis nous reprend la feuille et la serre très fort
contre la sienne, puis il les lâche. Les deux feuilles restent
collées l'une à l'autre. Les dieux ont parlé, ce signe est la
preuve que nous serons amis.
Alors, il nous montre comment ils
allument le feu avec deux branches, puis ils nous font visiter leur
forêt. Ils nous parlent des arbres, des plantes médicinales et de
la façon dont ils les font pousser. Il me demande d'en planter une.
Ils me disent que je pourrais revenir dans quelques années et
qu'elle sera toujours là pour moi.
Voilà le « magik tour »
est fini. Ils se remettent tous à parler anglais. Pour nous
remercier, l'un d'eux attrape une guitare qui était cachée derrière
un arbre et ils nous chantent une petite chanson qu'ils ont eux même
composé.
C'était super chouette, on a passé un
super bon moment et ils y ont même tout leur cœur. On a appris
beaucoup de choses.
Au Vanuatu, il y a encore des tribus
sur certaines îles qui vivent ainsi. Il paraîtrait même que
certaines n'ont jamais vu l'homme blanc. Les locaux taisent leur
emplacement.
Le cannibalisme a été interdit il n'y
a pas si longtemps, mais il se pourrait que dans certains endroit, la
coutume soit toujours d’actualité.
Dans la forêt, les hommes trouvent
tout ce dont ils ont besoin et il n'y a pas d'animaux dangereux, à
part peut être les scolopendres. Les serpents et araignées sont
inoffensifs et il n' y a pas de prédateurs.
Nous retournons au « Jungle
Oasis », mangeons un peu et nous posons dans le bungalow. On
aurait pu faire d'autres choses, comme aller voir des danses
traditionnelles, ou aller à la rivière, mais on est fainéantes et
la chaleur nous plombe.
A 16h, nous repartons à pied en
direction du volcan. Nous suivons une piste de 4X4, nous sommes les
seules courageuses à monter à pied apparemment. La chaleur est
intense et nous transpirons toute l'eau de notre corps. Mais la
végétation qui nous entoure mérite qu'on prenne le temps de
l'admirer. Nous faisons des pauses à l'ombre des grandes fougères
arborescentes. Il y a toujours cette fine pluie de cendre. Je n'ose
pas imaginer l'état de mes poumons, depuis 2 jours que je respire
ça.
Marc notre guide |
Nous arrivons au pied des cratères. Le
sol vibre sous nos pas à chaque explosion. Nous grimpons quelques
marches et nous y voilà, sur la crête du Géant. Il est grandiose. Les cendres
semblent s'être cristallisées au contact de l'air, et ça craque
sous nos pied, c'est très friable.
Nous nous approchons un peu plus, et
voyons le cœur des cratères. On voit la lave en fusion, les
explosions de magma et la fumée épaisse qui remontent tout droit
vers le ciel. Yasur respire, ce sont ses poumons que nous voyons là.
On s'assoit et on « scotch ». Le temps semble s'être
arrêté. A l’œil nu, on peut voir les ondes de choc, qui
précèdent les explosions. Nous sommes complètement envoûtées et
émerveillées devant tant de puissance et d'activité. Notre cœur
bat fort et encore davantage à chaque explosion. On ressent
l'excitation, l'admiration, le respect et une légère brise
d'angoisse. Mine de rien, ce n'est pas sans danger. A tout moment,
nous pouvons nous recevoir des projectiles de magma. Notre guide nous
dit que c'est déjà arrivé. On lui demande s'il n' a pas peur de
vivre ici, au pied d'un volcan si actif. Il nous répond que ce
serait une belle mort et qu'il en serait fier. Ils l'aiment leur
volcan.
Au fur et à mesure que la nuit tombe,
le volcan devient de plus en plus beau et la lave de plus en plus
rouge. Les explosions sont de plus en plus grosses. On arrive pas à
détourner nos yeux des cratères. Lorsque la nuit est complètement
tombée, le spectacle est à son comble. Ça fuse, ça explose et ça retombe. Il n' y a
pas de mot pour décrire ce qu'il se passe à l'intérieur de nous.
Je suis Lion, signe de feu, et ce volcan semble être un ami. Il ne
me fait plus peur désormais, je pourrais passer toute la nuit là, à
le regarder respirer.
On voudrait faire le tour du cratère,
sur la crête étroite, mais le vent s'est levé et la fumée nous
empêche de le faire. Ce serait trop toxique et surtout on y verrait
rien, on pourrait tomber. Notre guide nous l'interdit.
Nous sommes les derniers à repartir,
on aurait voulu rester là à regarder ce feu d'artifice naturel
toute la nuit, mais le guide est fatigué et il n'est pas payé à
l'heure. Alors, à notre grand regret, on redescend. Nous devons
traverser les nuages de cendres et on y voit rien du tout. Je
comprend pourquoi la présence d'un guide est obligatoire. Je ne sais
pas comment il se dirige dans ce brouillard, on y voit vraiment rien.
On a l'impression d'être seul au monde. Il n' y a que le bruit des
explosions et du vent.
On lance un dernier au revoir au grand
Yasur et on le remercie.
Au « Jungle Oasis », les
femmes nous cuisinent la même chose que la veille et nous repartons
à notre bungalow. Les souris sont toujours là et le volcan continue
de gronder. Mais malgré tout ça, je m'endors comme un bébé et ne
me réveille pas jusqu'au lever du soleil.
Notre séjour sur l'île de Tanna est
terminé, nous n'avons pas le temps de rester plus longtemps et c'est
bien dommage. Le 4X4 nous ramène à l'aérodrome et nous repartons
sur l'île d'EFATE. Nous sommes contentes car l'avion est à peine en
retard. Au Vanuatu, on est jamais sûr de partir ou d'arriver. Comme
les avions sont petits et le temps incertain, les vols sont très
souvent annulés.
On retrouve la civilisation de la
petite capitale de PORT VILA et la maison D'Anouk, en bon état, les
chiens sont toujours là. A chaque fois qu'Anouk quitte sa maison,
elle a la crainte d'être cambriolée. C'est pour ça qu'il y a les 2
chiens et que le propriétaire de la maison, qui est australien,
vient faire des rondes. Les maisons des expatriés sont des cibles
pour les Ni Vatu mal intentionnés. Même lorsque nous sommes à
l'intérieur, nous fermons tout à clef et n'ouvrons pas les
fenêtres.
Le soir, nous allons dans un Nakamal et
rebuvons un kava. Beurrrrk et rebeurrrrk ! L'endroit est très
agréable, en bord de rivière. Nous restons là jusqu'au coucher du
soleil à siroter des bières.
Le lendemain, nous allons louer un
quad. C'est pas très écologique mais j'adore ça. Et puis, les
distances sont trop longues pour le vélo, et les minivans ne
desservent pas toute l'île.
On traverse de belles palmeraies, et
arrivons à un petit endroit paradisiaque qu'on appelle L'Eton Blue
Hole. C'est un mini lagon d'eau bleue turquoise, entouré par de beaux
arbres, qui servent éventuellement de plongeoirs. Il y a aussi une
corde, d'où on peut se balancer et se jeter à l'eau.. Ce jour là,
il y a beaucoup de monde, mais on arrive à trouver un coin
tranquille. Nous apercevons un serpent d'eau. Il
semble avoir beaucoup de poissons aussi. Cet endroit est vraiment
très beau.
Nous reprenons les quads pour aller sur
Hideaway island. Le snorkelling y est toujours aussi intéressant.
Nous voyons une superbe murène qui nage autour de nous. Soit elle
n'a pas peur, soit elle ne nous a pas vu. Elle doit faire 1m50 de
long. Je découvre encore de nouvelles espèces et joues dans les
bancs de tout petits poissons. C'est magnifique la façon dont ils
évitent mes gestes. Ils sont nombreux mais forment une seule masse
compact et flexible à l'infini. C'est comme si on essayait
d'attraper une goutte d'eau ou de la fumée, la forme est imprenable
et nous file entre les doigts.
Nous retournons chez Anouk. Nous devons
faire nos sacs car demain nous reprenons l'avion. La semaine au
Vanuatu est passée très vite. Je pense que j'y reviendrais pour
découvrir d'autres îles.
Nous nous faisons un dernier restaurant
et allons dormir, enfin siester !!!! car avec Anouk, nous
partons à 3h du matin pour l'aéroport. Nous marchons, marchons …
pas de bus ni de taxi. Nous n'avons pas réservé de taxi, car ici ça
ne sert à rien. On a jamais la garantie que la personne viendra nous
chercher. Je commence à me dire qu'on va louper notre avion si on
trouve personne pour nous amener à l'aéroport. Puis un taxi
s'arrête, et accepte de nous amener pour un prix raisonnable,
Ouf !!! j'ai faillit stresser.
Noelie est restée au Vanuatu, Anouk
part en vacances en Nouvelle-Zelande et moi je repars à Nouméa.
Séparation du trio. Nous nous sommes rencontrées il y a quelques
jours et pourtant je sais qu'elles vont me manquer et que je vais me
sentir bien seule sans elles. Encore de belles rencontres sur le
chemin du voyage.
Tes photos sont si belles que je ne sais laquelle choisir pour mon fond d'écran aujourd'hui. C'est dommage que tu ne puisses pas ramener du kava, j'aurais bien goûté !( tu sais que j'ai un estomac d'autruche !)
RépondreSupprimerJ'aime bien aussi:si ça pète, on sera les premières au courant !......Allez bonne route et on attend la suite ;