Nous voilà arrivées dans la plus grande ville du Nevada, une oasis artificielle en plein milieu du désert de Mojave ;
LAS VEGAS
Nous nous arrêtons à l'aéroport pour récupérer la troisième roue du carrosse ; "The Queen of the Fiasco" est avec nous pour quelques jours.
Puis nous allons dans notre motel au bout du Strip (le boulevard où se trouvent tous les grands casinos, long de presque 7km). Nous sommes en face du CIRCUS CIRCUS, où nous passerons d'ailleurs les nuits suivantes.
Las Vegas c'est la ville où tout est possible. Avec ses 120 000 chambres d'hôtels, c'est la deuxième ville hôtelière du monde (après Londres).
Elle a été créé par des mormons en 1855. Elle avait alors l'allure d'un petit Fort entouré de terres agricoles, car il y avait des sources d'eau à cet endroit. Les Indiens qui se trouvaient déjà là ont dû se convertir au mormonisme ! Cependant, les récoltes n'étaient pas glorieuses, alors les mormons partirent et l'armée américaine s'empara du Fort pour en faire une ville étape entre Los Angeles et Albuquerque (la ville de "Breaking Bad").
Dans les années 30, le barrage de Hoover à une cinquantaine de km est aménagé, puis les jeux d'argent sont légalisés. La ville se fait colonisée par des Cow Boys et des Cheyennes libres. Ensuite c'est la prostitution qui se développe, puis à partir des années 40, la mafia commence à investir les lieux pour blanchir son argent en construisant des grands casinos.
Dans les années 60, le dictateur cubain est renversé par Fidel Castro, la mafia de CUBA quitte l'île et se rabat sur Las Vegas.
Dans les années 70 et 80, c'est le tourisme de masse puis le tourisme d'affaire qui envahissent la ville.
Puis c'est la scène artistique qui s'installe pour profiter des énormes salles de concert et de spectacles. Des grandes stars viennent se produire ici ainsi que des grandes troupes de cirque, des comiques, des danseurs... Tous les plus grands spectacles ont lieu à LAS VEGAS, et il y en a tous les soirs. Sans oublier les spectacles pour adulte, qui eux aussi sont très nombreux. Ce n'est pas pour rien que Las Vegas est surnommée Sin City, la ville du péché.
Cette popularité grandissante entraîne une expansion de la ville assez incontrôlable. Beaucoup de gens s'installent ici pour travailler dans les casinos, les hôtels, les restaurants, les spas ...Les salaires sont attrayants et l'ensoleillement y est un des meilleurs du monde. Mais dans cette région désertique ou la chaleur d'été est insupportable, l'alimentation en eau de cette population en pleine expansion devient un problème majeur. Les nappes phréatiques et le lac Mead ne suffisent plus. Il n' y a pas encore de solutions pour remédier à ce problème, si ce n'est l'interdiction récente des pelouses et les sanctions très strictes sur les fuites d'eau.
Chaque casino aborde un thème différent. Les décors sont impressionnants et rien ne semble impossible ici. Du blingbling, au cirque, en passant par Venise, Paris, l’Égypte, Hollywood jusqu'au comble du luxe ou de l’extravagance, on traverse les casinos comme si on passait dans des dimensions parallèles. Toutes les fenêtres sont fausses. À l'intérieur, l'éclairage est artificiel et constant, pour faire perdre la notion du temps. Des faux plafonds donnent l'impression qu'on se trouve toujours en plein jour. Il n' y a pas d'horloge non plus.
On peut fumer à l'intérieur des casinos et on joue avec des vrais billets. Fini le temps des jetons.
À Las Vegas, on peut se promener en gondole, on peut glisser sur un toboggan pour traverser un aquarium rempli de requins, on peut boire un verre dans un lustre de 3 étages, monter sur la tour Eiffel, marcher sur le pont de Brooklyn, boire un cocktail au petit déjeuner, descendre en tyrolienne d'une machine à sous géante, perdre la voix sur des montagnes russes, faire une chute libre d'une tour de 110 étages ... Depuis le Roller Coaster on a une belle vue sur Las Vegas ... juste avant la descente !
photo tirée d'internet |
Nous sommes raisonnables. On joue aux machines les moins chères. Quand on insère 25 centimes, on sent une pression extrême monter, puis on devient euphorique. Il arrive qu'on gagne 5 centimes !! Et on est tellement fières de nous ! À côté, l' Américain vient de mettre 50 dollars dans la machine et il la regarde tourner presque avec désintérêt. On semble être plus excitées que lui. Qu'est ce qu'on aimerait mettre 50$ nous aussi !! Mais on est pas vraiment des vraies joueuses. On a surtout un budget qui nous permet de regarder les autres jouer. Et même ça c'est passionnant, car on voit de tout dans les casinos. Il y a des Cow boys, des filles en plastique, des riches, des pauvres, des gens de toutes les nationalités, des Simpsons, des familles Groseille, des gens très beaux, des gens très moches et beaucoup de gens sans goût d'après leur tenue vestimentaire.
On a un peu mal aux jambes car on dirait pas comme ça, mais on en fait des kilomètres à visiter tous ces casinos. À Downtown (centre ville) se trouve Fremont Street. C'est là où sont nés les premiers casinos de la ville. L'ambiance est plus populaire, les bâtiments sont petits, on trouve encore des machines à jetons ici. Pour redynamiser le quartier, la rue a été recouverte d'un écran géant en dôme, de 460 mètres de long, sur lequel sont régulièrement projetés des shows visuels et musicaux. Il y a aussi une tyrolienne, une grande scène de concert, des artistes de rues, des gens déguisés, des gens tout nus et des filles qui dansent !
Il y a beaucoup de lumières, ça clignote partout. Il y a les
gling gling des machines à sous qui résonnent, de la musique, des
panneaux publicitaires gigantesques ... Je crois que nos cerveaux sont
en surchauffe, on commence à avoir des spasmes aux yeux, c'est pas bon
!!! Il est temps qu'on aille dîner, mais il est quelle heure ?? 3h du
matin, et merde ! On s'est perdu dans le temps !
Bref, Las Vegas c'est rigolo, mais si on y reste ici trop longtemps, on risque de devenir comme ça :
Bref, Las Vegas c'est rigolo, mais si on y reste ici trop longtemps, on risque de devenir comme ça :
extrait youtube de "Fear and laothing in las vegas"
Alors pour éviter de perdre trop de neurones et afin de préserver nos capacités cérébrales, nous nous échappons dans un petit canyon voisin de la ville ; le Red Canyon.
Nous devons passer d'abord par une station service pour regonfler notre pneu. En fait ça fait quelques jours qu'il nous embête celui là. Mais aux States, les gonfleurs ne sont pas comme les nôtres ! Nous avons demandé à mainte reprise qu'on nous explique, mais les Américains ont pour habitude de ne pas aider les gens, du moins pas gratuitement. On aurait été au Canada, on nous aurait déjà offert une roue toute neuve !!!! Et puis c'est aussi pas facile de trouver un gonfleur qui fonctionne !! Je me demande comment ils font ? Est ce que les gros 4X4 américains sont tellement intelligents que leurs pneus se regonflent tout seuls ?!!
Bref, nous sommes bien contentes que The Queen of the Fiasco connaisse les coutumes du pays et nous explique comment faire.
Allez c'est reparti ...
Le Red Rock Canyon est protégé dans le cadre du National Conservation Area depuis 1990. Grâce à cette initiative il n'y a pas de construction à cet endroit !
Ce sont des montagnes de grès rouge, occupées depuis la préhistoire comme le témoignent les pétroglyphes amérindiens. Tous les touristes de Las Vegas font le tour du canyon ce qui fait beaucoup de monde. Ainsi, on ne voit pas d'animaux et même les oiseaux se font rares. Nous n'avons pas vu non plus la tortue du désert (comme celle qu'on voit dans "Breaking Bad"!). On a seulement vu des chips en forme de petits poissons, qu'un randonneur a semé sur son chemin pour retrouver sa route !! (oui enfin ça c'est une déduction personnelle) Au moins si on se perd, on crèvera pas de faim !
Il fait super beau mais le froid tombe dés que le soleil disparait. Les variations de températures entre le jour et la nuit sont assez énormes dans les déserts de l'Ouest Américain.
Au coucher du soleil, le canyon prend des teintes éclatantes, c'est magnifique.
Au coucher du soleil, le canyon prend des teintes éclatantes, c'est magnifique.
ouiiiiiiiiiiiiii Nouk folle du désert |
Nous raccompagnons "The Queen of the Fiasco" à l'aéroport car c'est pas tout mais il y en a qui bosse ! On est crevées mais enfin on a bien ri. Et même si Las Vegas défie absolument tous mes principes, j’avoue qu'on s'y amuse bien et que j'en aurais presque oublié le désastre écologique.
Le trio se retrouvera l'année prochaine pour de nouvelles aventures ... GO GO BUFFALOOOO
La route est superbe. Nous roulons en direction de l'Arizona, au milieu de chaines de montagnes arides. C'est comme si on était Thelma et Louise.
Puis la nuit arrive.On fait une pose pipi mais dés qu'on sort de la voiture on se retrouve figées automatiquement par le froid ! Mais enfin qu'est ce qu'il se passe ?
Nous repartons, finalement on est mieux au chaud dans la voiture. Mais un voyant s'allume sur le tableau de bord. Bip Bip ! On sait pas ce que ça veut dire, ça ressemble à un hiéroglyphe ! Est ce qu'on va vraiment tomber en panne au beau milieu du désert ? On s'arrête dans une station service et demandons de l'aide au caissier, mais celui ci nous répond qu'il ne peut pas nous aider, il faut qu'on regarde sur internet ! Internet, certes, tout le monde a internet sur son portable, sauf nous ! Alors nous demandons à une bande de jeunes. Ils ne descendent pas de leur voiture, ils allument de suite leur portable et me lisent l'article sur le voyant que je viens de leur décrire ! Ouf, ce n'est rien, la voiture nous prévient juste qu'il y a des risques de verglas ! Les voitures sont aussi intelligentes que les téléphones de nos jours. Nous voilà rassurées, et on repart.
Nous trouvons droit de gîte dans un motel de Flagstaff. Heuuu mais qu'est ce que je vois là ???? Mon dieu, de la neiiiiiige ! Je dirais même que c'est de la glace !!!! Nous sommes entre le plateau du Colorado et la chaine de montagnes de "San francisco peaks", la plus haute de l’État. On se trouve quelque part entre 2 121 et 2 300 m d'altitude et c'est l'hiver. Brrrrrrrrrr ça pique !
Autour de la ville, il y a pas mal de choses à voir et à faire, les montagnes et le désert sont pleins de surprises. Nous partons tôt mais voilà qu'un autre voyant s'allume ! Encore un hiéroglyphe, celui ci signifie qu'un pneu est sous gonflé !! Ah oui le pneu !!! Cette fois ça devient gonflant ce pneu et c'est le cas de le dire ! Direction l'agence de location de voiture (heureusement qu'il y en a partout et ça aurait été encore plus facile si notre GPS nous avait pas fait faire 3 fois le tour de la ville pour la trouver !). Comme aux États Unis, les démarches sont rapides et simples et que les services après vente sont super efficaces, nous sommes vite dirigées vers un garage pour qu'on nous change rapidement le pneu gratuitement. Et hop ça c'est fait, même pas besoin de gueuler !
Et c'est reparti. Il y a quelques lignes sur le Lonely Planet à propos d'un site à quelques kilomètres de là. Il s'agit du Oak Creek Canyon à côté de Sedona.
Plus on avance et plus on hallucine. C'est vraiment superbe, on ne s'attendait pas à ça. On passe toute notre après midi dans cet endroit, où la nature a sculpté la roche et peint les montagnes en rouge. La végétation sèche est composée de cactus, de buissons et d'arbustes bas. Ce sont des paysages de westerns classiques.
On arrive à Sedona, une petite ville cachée entre les montagnes de grès. La région était autrefois habitée par des Apaches, qui ont été déplacés en 1876, dans une réserve à 290 kilomètres d'ici. Ils ont dû s'y rendre à pied, en plein hiver, et beaucoup sont morts sur le trajet. Dans les années 1900 quelques uns sont revenus dans leur région d'origine, mais je ne sais pas vraiment dans quelles conditions ils vivent aujourd'hui.
Sedona se considère comme une capitale "New Age" car les roches environnantes émanerait une énergie très spéciale et il y a une histoire de vortex que j'ai pas bien saisi. Les boutiques vendent donc des pierres et minéraux qui ne viennent pas de Sedona, et proposent des massages, des séances de voyance et autres aventures spirituelles en tout genre. Certains commerçants nous semblent un peu étranges, on est clairement pas sur les mêmes ondes ici !
Bref, c'est très joli mais cette tendance New Age est un peu trop surfaite. Un commerçant n'hésite pas à me faire remarquer mon abstinence en terme de soin de beauté pour me vendre une crème magique à base de venin de serpent !!! C'est une technique de vente étrange de dire à une inconnue qu'elle a une peau de merde. Et puis c'est un vendeur insistant, il pourrait vendre des assurances par téléphone. Non, je n'adhère pas au New Age ! Il y a une balance a respecter que ce soit dans la spiritualité ou ailleurs, l'extrême n'est jamais bon.
Cependant, nous tombons sur une chocolaterie merveilleuse et là j'ai bien senti que mon vortex avait fait 3 tours.
Nous roulons tout autour de Sedona et les paysages sont superbes. La luminosité devient de plus en plus belle au fur et à mesure que le soleil descend.
Aujourd'hui, nous allons visiter un Parc National que tout le monde connait : Le Grand Canyon.
Le fleuve Colorado a creusé une gorge pendant des millénaires, sur 450km de long et jusqu'à 2000 mètres de profondeur. Ce n'est pas le plus grand canyon du monde mais sa situation et ses points de vue en font un des plus beaux de notre planète. Il laisse apparaitre des strates qui racontent l'histoire du continent nord-américain. Au fond de la gorge, la roche est vieille de 2 milliards d'années, soit la moitié de l'âge de notre Terre.
Ainsi, on regarde le grand canyon comme si on lisait une frise géologique. Chaque étage correspond à une ère climatique différente. On se rend compte ici que notre planète a bien changé. De fonds sous marins, elle s'est transformée en désert de sable, puis en jungle tropicale, puis en plaine sèche et rocailleuse... On se sent vraiment petit et éphémère.
Si nous représentions l'histoire de la planète sur une frise chronologique d'une durée de 24 heures, nous nous rendrions compte que l'histoire de la civilisation humaine ne dure que depuis moins d'une seconde.
Les photos rendent difficilement l'esprit de grandeur. Pour imaginer la taille du canyon, rapportez vous aux 2 personnes qui se trouvent sur le sommet à droite.
Dans le parc, les animaux sont protégés. On y voit facilement des cerfs et des biches, des mouflons, des écureuils d'Albert ...
Nous avons encore un peu de temps avant que le soleil ne se couche alors nous nous arrêtons à un autre canyon, proche de Flagstaff ; Le Walnut Canyon. Nous arrivons à temps, juste avant la fermeture. Nous n'avons pas trop de temps mais l'avantage d'être seules.
Celui ci est très différent du grand canyon. Il se trouve sur un plateau planté de pins et les formes des rochers révèlent qu'ils sont en fait les dunes d'un ancien désert sculptées par le vent.
Les Indiens Sinaguas sont arrivés ici il y a 900 ans. Ils ont construit des petites habitations troglodytes à flanc de falaise. Ils vivaient de chasse et cultivaient du maïs et d'autres légumes dans le canyon. Ils avaient ici de l'eau toute l'année et vivaient en harmonie avec les saisons. On sait peu de choses sur ce grand village car les lieux ont été pillés et détériorés plusieurs fois, rendant les recherches archéologiques difficiles. Le canyon aurait été abandonné au XIIIème, puis redécouvert par des explorateurs vers 1850.
Étant donné le nombre de cavités, il y a dû avoir beaucoup de monde ici. Aujourd'hui l'endroit est silencieux et très paisible. On entend juste le vent qui s'engouffre dans le canyon et l'écho qui nous répond. L'atmosphère hivernale lui donne un aspect de cité fantôme. En prenant le temps d'un silence, on pourrait presque entendre murmurer les Indiens Sinaguas.
En Arizona, les curiosités ne manquent pas. Sur notre route vers l'Utah, nous faisons un stop pour voir un "trou" !!! Mais pas n'importe quel trou ! Celui ci est un cratère d'impact de météorite. Il y a 50 000 ans une météorite d'environ 50 mètres de diamètre s'est écrasée sur la Terre, à une vitesse inimaginable de plusieurs kilomètres par seconde. C'était l'ère géologique du pléistocène. La région ressemblait alors à une savane peuplée de mammouths. On estime qu'il n' y avait pas encore d'hommes à cet endroit.
La collision a dégagé une énergie équivalente à 2,5 mégatonnes de TNT, soit une bombe environ 150 fois plus puissante que celle d'Hiroshima.
Le site est privé et l'entrée n'est pas donnée, mais le musée du cratère est intéressant et interactif, et puis c'est pas tous les jours qu'on peut voir des cratères de météorites.
En fait, il y en a beaucoup plus qu'on ne le croit. On les confond souvent avec des cratères de volcan ou des formes naturelles quelconques sans importance.
Un peu plus loin, un autre Parc National incroyable ; LE PETRIFIED FOREST NATIONAL PARK.
Celui ci est un vrai bijou.
Ici, on se balade entre des troncs d'arbres fossilisés datant d'une forêt de l'ère du Trias (il y a environ 200 millions d'années). C'est à cette époque qu'apparaissent les premiers dinosaures.
Ce désert était alors le delta d'une grande rivière. Ça ressemblait un peu à ça :
La foret aurait été recouverte de sédiments riches en silice, qui remplaça lentement la matière végétale en matière minérale. C'est le principe de pétrification.
Ensuite, la région s'enfonça et fut ensevelie sous des strates sédimentaires. Puis, elle se souleva à nouveau et fut érodée lentement par les vents et les eaux, jusqu'à faire apparaitre les troncs fossilisés.
Ils sont très colorés et on y voit plein de minéraux et de matières différentes. Cela vient de l'eau, qui a traversée les couches sédimentaires en véhiculant des composants chimiques jusque dans les profondeurs ou se cachaient le bois pétrifié.
Le bois pétrifié est considéré comme un fossile et un minéral à part entière. On lui attribut des vertus thérapeutiques bien connues des Indiens qui peuplaient la région.
C'est sûrement pour profiter de toutes ces propriétés que les Indiens vivaient ici. Dans la région on a retrouvé beaucoup de pétroglyphes, des objets d'artisanat et les fondations de villages en pierre.
Le parc de la forêt pétrifiée est jumelé avec celui du "Painted Desert", qui est une autre belle œuvre d'art de Dame Nature. Les roches sont colorées comme son nom l'indique, et les couches sédimentaires prennent des teintes différentes suivant la luminosité du jour.
Dans ce désert aride, la végétation est très restreinte. On y trouve surtout des cactus.
Une route panoramique traverse les parcs. Plusieurs parkings ont été aménagés donnant sur des sentiers de randonnées traversant des paysages lunaires.
Fût un temps où les Indiens Navajo peuplaient le désert. Ils vivaient dans des maisons en pierre au sein de villages structurés. On ne connait pas très bien la signification des dessins que ces hommes ont gravés dans la roche. Ont ils un sens spirituel, religieux ? Ce sont peut être de simples graffitis ? Ou peut être des symboles signalétiques indiquant des voie de communication ou des chemins de pèlerinage ...Ils me font un peu penser aux pétroglyphes des Aborigènes d'Australie. Si leur interprétation est la même, ce seraient des plans de route. Des symboles servant de balisage sur un itinéraire.
Puis le soleil descend, et nous arrivons à la fin du Parc. C'est le moment où les montagnes sont les plus belles. Nous sommes sur le trajet de la route 66, cet itinéraire historique qui parcourt les États Unis de Chicago à Los Angeles.
Ces longues journées de route et d’émerveillement nous épuisent et c'est pas les sandwichs au humus qui nous stimulent !!! Tous les soirs, on est mortes. On est bien contentes de trouver des supers discounts pour des chambres en motel et on est aussi super contente d'avoir acheter un GPS pour trouver ces motels !
C'est jamais le grand luxe mais on y dort bien et on apprécie de prendre des douches chaudes lorsque dehors il gèle. Le wifi gratuit nous permet de calculer nos kilomètres et de planifier les jours qui suivent. Je trouve qu'on est assez bien organisées et on prévoit de plus en plus à l'avance. On est loin du mode "à l'arrache" que nous avions adoptées pour nos premiers voyages. Internet a vraiment révolutionné le baroudage. Bon ceci dit, on est encore très très loin du voyage organisé, car on planifie à l'avance, certes, mais d'une durée de 1 ou 2 jours seulement !! Après c'est trop loin !
Et c'est comme ça que nous remontons vers le nord jusqu'à notre coup de cœur de ce road trip. À la frontière entre l'Arizona et l'Utah, un endroit magique, grandiose, mystérieux et puissant :
J'ai nommé MONUMENT VALLEY.
Mais si vous connaissez ... Vous l'avez tous déjà vu ...
Le décor le plus filmé des États Unis est un paysage mythique et si emblématique de l'Ouest Américain.
Nous sommes sur le plateau du Colorado, dans une réserve Indienne Navajo (une des seules tribus d’Indiens Natifs d’Amérique à être parvenue à récupérer ses terres). Les paysages ont tellement été érodés qu'il ne reste plus que ces buttes connues, derniers vestiges des anciennes montagnes. On peut le traverser en voiture par une route rouge caillouteuse. Le 4X4 n'est pas obligatoire mais vaut mieux pas la tenter avec une voiture trop basse ! On peut aussi le visiter à cheval avec un guide amérindien.
Tous les droits d'entrée reviennent au peuple Navajo.
Les Indiens ont nommé chaque rocher selon ce que leur forme pouvait évoquer. Ainsi, il faut trouver l'aigle impérial, le grand chef Indien, la botte du cow boy, les 3 sœurs et bien d'autres ...
Des Indiens gardent leurs mustangs dans des enclos et attendent les touristes pendant la journée. Je ne sais pas s'ils les remettent en liberté la nuit mais les chevaux semblent être plutôt sereins et en bonne santé.
Le mustang est le cheval sauvage du Nord Ouest Américain. Il a été ramené par les conquistadors espagnols lors de la conquête de l'Amérique. Puis après s'être enfuit ou abandonnés, ils ont repris peu à peu leur état sauvage et se sont parfaitement adapté. Leur troupeau sont devenus de plus en plus grands. Le nom "Mustang" viendrait du mot mexicain "mestengo" qui lui même est un dérivé du mot espagnol "mesteño" qui signifie "animal errant".
Au départ les Indiens capturaient les chevaux espagnols pour les manger, mais très vite ils ont découvert la docilité et la générosité de ces animaux. Ils ont appris naturellement à les élever et à les monter.
Ce cheval est aujourd'hui un symbole de la conquête de l'ouest, des Cow boys et des Indiens.
Dans quelques coins du Parc, des Indiens ont posé des stands et vendent des bijoux et de l'artisanat. Même s'ils sont aujourd'hui chrétiens, ils ont gardé beaucoup de croyances et de pratiques ancestrales.
Pour leurs arts, ils utilisent des plumes, des pierres, des graines et des os. C'est très beau. Comme dans beaucoup de peuples indigènes, les formes et les matériaux ont une symbolique, une signification et une vertu. Un bijou représente quelque chose ou sert à quelque chose, ce n'est pas juste pour faire joli.
La petite Indienne chez qui nous achetons quelques souvenirs ( et pas du tout chers à ma grande surprise, moi qui pensais tomber dans un piège à touriste !) est adorable. Elle parait d'une grande sérénité. Elle nous explique qu'elle vivait autrefois dans une petite maison prés de la route. Elle avait alors des enfants et elle avait peur de les faire sortir à cause des voitures. Elle est donc venue avec sa famille ici et vit maintenant au milieu du désert. Elle ne veut pas repartir et ses enfants non plus.
Dans ce parc tribal, il y a une énergie très puissante et c'est une des raisons pour lesquelles cet endroit nous a beaucoup marqué. Si on prend le temps de rester immobile et d'observer les paysages, on a l'impression que nos yeux se perdent dans le désert. On est attirées comme des aimants vers les roches. On prend conscience que le sang circule dans notre corps et on se sent vibrer. Ces décors nous stimulent en quelques sortes. Monument Valley est sacré pour les Indiens. Il nous rappelle que tout est éphémère. Les rochers sortent de la terre, massifs et puissants, puis ils reviennent tout doucement à l'air, érodé par le vent. Ils deviennent alors poussière et reposent à nouveau sur la terre. De ce cercle, on pourrait tirer beaucoup de leçons.
Décidément, j'ai l'impression qu'au fur et à mesure qu'on avance dans l'Ouest Américain, le désert est de plus en plus beau. On est jamais déçues de ces grands espaces et on s'y sent plutôt bien.
Bon parfois c'est moins glamour ! On traverse des villages franchement glauques, où les gens vivent dans des containers ou des vieux mobilhomes crasseux. Là, on a pas trop envie de s'attarder car on se dit que l'isolement doit forcément avoir des conséquences sur les esprits de ces habitants !!!! On est plus du tout dans un décor de Far West ou d'épopée héroïque, mais plutôt dans un genre de "La colline à des yeux", Brrrrr (frisson!).
Il faut de tout pour faire un monde.
Nous voilà maintenant en Utah, l’État de prédilection des Mormons. Nous décidons d'aller nous balader dans un autre Site grandiose emblématique ; Le ZION NATIONAL PARK
Le zion (like a lion), est parcouru de canyons, de montagnes, de rivières et d'affluents. Il a été creusé par la rivière "Virgin", un affluent du Colorado. Sa faune et sa flore sont très riches. L'endroit a d’abord été habité par des Indiens Anasazis et Fremont, puis a été colonisé par les mormons. Le mot "Zion" est récent, c'est de l'hébreu qui signifie "refuge" ou "sanctuaire".
2 routes panoramiques permettent d'apprécier ces belles montagnes. Comme dans les autres canyons de l'ouest, on y retrouve les fameuses strates géologiques et les différentes teintes de couleurs qui s'y rapportent.
Au Zion, nous voyons des bisons, des mouflons, des oiseaux et des bambis. Sont trop mignons.
Beaucoup moins joliment, on voit aussi des touristes chinois et des mormons en habits traditionnels.
Un mormon traditionnel, c'est ça ...
Qu'elles sont jolies !! Aujourd’hui, la plupart des mormons sont habillés normalement, comme vous et moi. Ils sont polygames et les filles peuvent être mariées jeunes. Ils ont leur propre école et leur propre église où ils apprennent à leurs enfants que les dinosaures n'existent pas. Sous leurs beaux habits, ils portent des "magic underwear"(sous vêtements magiques) Non non c'est pas une blague ! C'est un genre de combinaison intégrale très laide, ayant pour but de dissuader les pécheurs !!!
Même s'ils sont encore très conservateurs, l'influence du monde moderne les entraîne vers moins de traditionalisme, à en juger par les célèbres mormons comme Christina Aguilera, Ryan Gosling ou Paul Walker.
Bon revenons en à notre Zion ...
Un petit air glacial s'engouffre dans les gorges et ça pique ! On est montées en altitude et fait pas très chaud ici. Il semblerait que le sang ne circule plus dans 3 de mes doigts ! Le sommet du parc culmine à 2 659 m.
Nous nous voyons forcées d'annuler le pique nique dans la montagne à cause du froid et on mange dans la voiture. On fait quand même des petites balades, ce serait dommage de pas en profiter car c'est vraiment superbe. Donc on se met quelques coups de pieds aux fesses et surmontons notre phobie hivernale.
Il y a pas mal de touristes ici, mais ça reste assez calme, les gens respectent le silence et la sérénité des canyons, ce qui ne doit pas être le cas en haute saison touristique.
Vers la fin de la journée, le soleil nous fait la surprise de sortir le bout de son nez. Le ciel bleu augmente le contraste avec le rouge des canyons et l'air se réchauffe un petit peu. C'est de plus en plus beau. Ça nous donne envie de refaire la route panoramique, mais bon, on a plus trop le temps.
Voilà, il est temps pour nous de nous diriger vers notre point d'arrivée ; San Francisco. C'est la dernière journée de notre road trip made in USA. Il nous faut retraverser le Nevada puis la Californie. On met notre playlist favorite, celle des années 90, et on est prêtes pour remanger des kilomètres de goudron.
Nous passons pas loin de Las Vegas. On hésite à se refaire 1 ou 2 machines à sous sur le trajet mais c'est un coup à être déraisonnable, alors on se calme. On va faire le plein dans une banlieue éloignée du centre et là, on est bien loin du luxe des casinos. C'est CASSOSLAND ! Les habitants de ce quartier ne s’embêtent pas avec les vêtements, ils sortent faire leurs courses en pyjama. Et même à EMMAÜS, je pense qu'ils en ont pas des si moches. Dans la station service bien glauque, on a pas envie de s'y attarder trop longtemps. Il y a des vieux pochtrons sales qui jouent aux machines à sous poussiéreuses, et puis des jeunes au look de "Gangsta" qui viennent s'acheter des chips et du coca. La voila l'Amérique profonde, elle est belle.
Sur notre dernier trajet, nous décidons quand même de faire un ultime stop, l'histoire de casser cette longue route qui ne semble jamais en finir.
Et c'est comme ça qu'on se retrouve dans la "VALLEY OF FIRE".
Nous sommes toujours dans le Nevada, dans le désert de Mojave. Protégé dès 1935, ce parc est le plus ancien et le plus étendu de l’État.
Là aussi, on trouve quelques arbres pétrifiés, des pétroglyphes préhistoriques et du grès. Il pleut très peu ici, car les montagnes des alentours bloquent les pluies. Quand il y a des précipitations, c'est sous forme d'orage. L'endroit est apprécié des coyotes, des serpents, des lièvres, des écureuils et des tortues du désert, mais nous, on ne verra que des corbeaux.
Des sentiers de randonnées nous permettent d'aller voir les roches de plus prés, et encore une fois , nous sommes surprises de ce tableau, tellement c'est beau. Chaque canyon a sa particularité, on est jamais lassées. Ce site n'est pas vraiment connu, mais il vaut vraiment une visite.
C'est la fin de notre road trip. La dernière portion de route fût longue et soporifique. Nous avons traversé des zones immenses de plantations d’amandiers, aux allures de terres desséchées et vidées d'énergie. J'avais entendu dire que la monoculture était un problème écologique en Californie et nous en avons eu la preuve en roulant à travers ces champs désertiques et poussiéreux. Les arbres sont plantés sur du sable dans un endroit très aride. Je me demande comment ils arrivent à récolter des amandes dans de telles conditions. Nous voyons bien les canaux d'irrigation un peu partout et les banderoles des écolos qui dénoncent la désertification de la région. Je regarderais l'étiquette 2 fois avant d'acheter ma prochaine brique de lait aux amandes !
Puis nous arrivons dans la zone de l'aéroport ou nous avons réservé un motel pour notre dernière nuit. Nous sommes de retour dans la civilisation et nous le vivons un peu mal. Il y a des routes partout, on se perd tout le temps et même notre GPS nous abandonne. Nous retrouvons la froideur des commerçants et le bruit des moteurs de voiture, on se sent un peu énervées dans ce chahut.
Nous allons rendre notre GPS en nous plaignant de son inefficacité et le service après-vente nous le rembourse sans poser de questions ! Wow, trop facile ! Merci pour vos services. S'ils regardent dans l'historique, ils se rendront compte que nous avons traversé l'Ouest Américain avant de prétendre que nous n'étions pas contentes du produit.
Notre dernière nuit est courte. Nous nous réveillons tôt pour rendre la voiture et prendre notre avion.
Nous avons roulé 3000 miles soit 4830 km, c'est pas mal. Encore un beau périple à rajouter à notre compteur.
Le trio se retrouvera l'année prochaine pour de nouvelles aventures ... GO GO BUFFALOOOO
La route est superbe. Nous roulons en direction de l'Arizona, au milieu de chaines de montagnes arides. C'est comme si on était Thelma et Louise.
Puis la nuit arrive.On fait une pose pipi mais dés qu'on sort de la voiture on se retrouve figées automatiquement par le froid ! Mais enfin qu'est ce qu'il se passe ?
Nous repartons, finalement on est mieux au chaud dans la voiture. Mais un voyant s'allume sur le tableau de bord. Bip Bip ! On sait pas ce que ça veut dire, ça ressemble à un hiéroglyphe ! Est ce qu'on va vraiment tomber en panne au beau milieu du désert ? On s'arrête dans une station service et demandons de l'aide au caissier, mais celui ci nous répond qu'il ne peut pas nous aider, il faut qu'on regarde sur internet ! Internet, certes, tout le monde a internet sur son portable, sauf nous ! Alors nous demandons à une bande de jeunes. Ils ne descendent pas de leur voiture, ils allument de suite leur portable et me lisent l'article sur le voyant que je viens de leur décrire ! Ouf, ce n'est rien, la voiture nous prévient juste qu'il y a des risques de verglas ! Les voitures sont aussi intelligentes que les téléphones de nos jours. Nous voilà rassurées, et on repart.
Nous trouvons droit de gîte dans un motel de Flagstaff. Heuuu mais qu'est ce que je vois là ???? Mon dieu, de la neiiiiiige ! Je dirais même que c'est de la glace !!!! Nous sommes entre le plateau du Colorado et la chaine de montagnes de "San francisco peaks", la plus haute de l’État. On se trouve quelque part entre 2 121 et 2 300 m d'altitude et c'est l'hiver. Brrrrrrrrrr ça pique !
Autour de la ville, il y a pas mal de choses à voir et à faire, les montagnes et le désert sont pleins de surprises. Nous partons tôt mais voilà qu'un autre voyant s'allume ! Encore un hiéroglyphe, celui ci signifie qu'un pneu est sous gonflé !! Ah oui le pneu !!! Cette fois ça devient gonflant ce pneu et c'est le cas de le dire ! Direction l'agence de location de voiture (heureusement qu'il y en a partout et ça aurait été encore plus facile si notre GPS nous avait pas fait faire 3 fois le tour de la ville pour la trouver !). Comme aux États Unis, les démarches sont rapides et simples et que les services après vente sont super efficaces, nous sommes vite dirigées vers un garage pour qu'on nous change rapidement le pneu gratuitement. Et hop ça c'est fait, même pas besoin de gueuler !
Et c'est reparti. Il y a quelques lignes sur le Lonely Planet à propos d'un site à quelques kilomètres de là. Il s'agit du Oak Creek Canyon à côté de Sedona.
Plus on avance et plus on hallucine. C'est vraiment superbe, on ne s'attendait pas à ça. On passe toute notre après midi dans cet endroit, où la nature a sculpté la roche et peint les montagnes en rouge. La végétation sèche est composée de cactus, de buissons et d'arbustes bas. Ce sont des paysages de westerns classiques.
On arrive à Sedona, une petite ville cachée entre les montagnes de grès. La région était autrefois habitée par des Apaches, qui ont été déplacés en 1876, dans une réserve à 290 kilomètres d'ici. Ils ont dû s'y rendre à pied, en plein hiver, et beaucoup sont morts sur le trajet. Dans les années 1900 quelques uns sont revenus dans leur région d'origine, mais je ne sais pas vraiment dans quelles conditions ils vivent aujourd'hui.
Sedona se considère comme une capitale "New Age" car les roches environnantes émanerait une énergie très spéciale et il y a une histoire de vortex que j'ai pas bien saisi. Les boutiques vendent donc des pierres et minéraux qui ne viennent pas de Sedona, et proposent des massages, des séances de voyance et autres aventures spirituelles en tout genre. Certains commerçants nous semblent un peu étranges, on est clairement pas sur les mêmes ondes ici !
Bref, c'est très joli mais cette tendance New Age est un peu trop surfaite. Un commerçant n'hésite pas à me faire remarquer mon abstinence en terme de soin de beauté pour me vendre une crème magique à base de venin de serpent !!! C'est une technique de vente étrange de dire à une inconnue qu'elle a une peau de merde. Et puis c'est un vendeur insistant, il pourrait vendre des assurances par téléphone. Non, je n'adhère pas au New Age ! Il y a une balance a respecter que ce soit dans la spiritualité ou ailleurs, l'extrême n'est jamais bon.
Cependant, nous tombons sur une chocolaterie merveilleuse et là j'ai bien senti que mon vortex avait fait 3 tours.
Nous roulons tout autour de Sedona et les paysages sont superbes. La luminosité devient de plus en plus belle au fur et à mesure que le soleil descend.
Aujourd'hui, nous allons visiter un Parc National que tout le monde connait : Le Grand Canyon.
Le fleuve Colorado a creusé une gorge pendant des millénaires, sur 450km de long et jusqu'à 2000 mètres de profondeur. Ce n'est pas le plus grand canyon du monde mais sa situation et ses points de vue en font un des plus beaux de notre planète. Il laisse apparaitre des strates qui racontent l'histoire du continent nord-américain. Au fond de la gorge, la roche est vieille de 2 milliards d'années, soit la moitié de l'âge de notre Terre.
Ainsi, on regarde le grand canyon comme si on lisait une frise géologique. Chaque étage correspond à une ère climatique différente. On se rend compte ici que notre planète a bien changé. De fonds sous marins, elle s'est transformée en désert de sable, puis en jungle tropicale, puis en plaine sèche et rocailleuse... On se sent vraiment petit et éphémère.
Si nous représentions l'histoire de la planète sur une frise chronologique d'une durée de 24 heures, nous nous rendrions compte que l'histoire de la civilisation humaine ne dure que depuis moins d'une seconde.
Les photos rendent difficilement l'esprit de grandeur. Pour imaginer la taille du canyon, rapportez vous aux 2 personnes qui se trouvent sur le sommet à droite.
Dans le parc, les animaux sont protégés. On y voit facilement des cerfs et des biches, des mouflons, des écureuils d'Albert ...
Nous avons encore un peu de temps avant que le soleil ne se couche alors nous nous arrêtons à un autre canyon, proche de Flagstaff ; Le Walnut Canyon. Nous arrivons à temps, juste avant la fermeture. Nous n'avons pas trop de temps mais l'avantage d'être seules.
Celui ci est très différent du grand canyon. Il se trouve sur un plateau planté de pins et les formes des rochers révèlent qu'ils sont en fait les dunes d'un ancien désert sculptées par le vent.
Les Indiens Sinaguas sont arrivés ici il y a 900 ans. Ils ont construit des petites habitations troglodytes à flanc de falaise. Ils vivaient de chasse et cultivaient du maïs et d'autres légumes dans le canyon. Ils avaient ici de l'eau toute l'année et vivaient en harmonie avec les saisons. On sait peu de choses sur ce grand village car les lieux ont été pillés et détériorés plusieurs fois, rendant les recherches archéologiques difficiles. Le canyon aurait été abandonné au XIIIème, puis redécouvert par des explorateurs vers 1850.
Étant donné le nombre de cavités, il y a dû avoir beaucoup de monde ici. Aujourd'hui l'endroit est silencieux et très paisible. On entend juste le vent qui s'engouffre dans le canyon et l'écho qui nous répond. L'atmosphère hivernale lui donne un aspect de cité fantôme. En prenant le temps d'un silence, on pourrait presque entendre murmurer les Indiens Sinaguas.
En Arizona, les curiosités ne manquent pas. Sur notre route vers l'Utah, nous faisons un stop pour voir un "trou" !!! Mais pas n'importe quel trou ! Celui ci est un cratère d'impact de météorite. Il y a 50 000 ans une météorite d'environ 50 mètres de diamètre s'est écrasée sur la Terre, à une vitesse inimaginable de plusieurs kilomètres par seconde. C'était l'ère géologique du pléistocène. La région ressemblait alors à une savane peuplée de mammouths. On estime qu'il n' y avait pas encore d'hommes à cet endroit.
La collision a dégagé une énergie équivalente à 2,5 mégatonnes de TNT, soit une bombe environ 150 fois plus puissante que celle d'Hiroshima.
Le site est privé et l'entrée n'est pas donnée, mais le musée du cratère est intéressant et interactif, et puis c'est pas tous les jours qu'on peut voir des cratères de météorites.
En fait, il y en a beaucoup plus qu'on ne le croit. On les confond souvent avec des cratères de volcan ou des formes naturelles quelconques sans importance.
Un peu plus loin, un autre Parc National incroyable ; LE PETRIFIED FOREST NATIONAL PARK.
Celui ci est un vrai bijou.
Ici, on se balade entre des troncs d'arbres fossilisés datant d'une forêt de l'ère du Trias (il y a environ 200 millions d'années). C'est à cette époque qu'apparaissent les premiers dinosaures.
Ce désert était alors le delta d'une grande rivière. Ça ressemblait un peu à ça :
illustration tirée d'internet |
Ensuite, la région s'enfonça et fut ensevelie sous des strates sédimentaires. Puis, elle se souleva à nouveau et fut érodée lentement par les vents et les eaux, jusqu'à faire apparaitre les troncs fossilisés.
Ils sont très colorés et on y voit plein de minéraux et de matières différentes. Cela vient de l'eau, qui a traversée les couches sédimentaires en véhiculant des composants chimiques jusque dans les profondeurs ou se cachaient le bois pétrifié.
Le blanc pour le quartz, le rouge pour le fer, le noir pour la manganèse, le gris pour le silicium, le vert pour le nickel, le jaune pour l'uranium ...On peut même y trouver des pierres semi précieuses comme de la pyrite, de l’améthyste, de l'aventurine ....
Le bois pétrifié est considéré comme un fossile et un minéral à part entière. On lui attribut des vertus thérapeutiques bien connues des Indiens qui peuplaient la région.
Le bois pétrifié calme, tranquillise,
il rend plus lucide. Il régénère les tissus cellulaires et retarde les
effets du vieillissement, il renforce l’ossature globale. Excellent pour les gens distraits ou qui
perdent la mémoire.
C'est sûrement pour profiter de toutes ces propriétés que les Indiens vivaient ici. Dans la région on a retrouvé beaucoup de pétroglyphes, des objets d'artisanat et les fondations de villages en pierre.
Le parc de la forêt pétrifiée est jumelé avec celui du "Painted Desert", qui est une autre belle œuvre d'art de Dame Nature. Les roches sont colorées comme son nom l'indique, et les couches sédimentaires prennent des teintes différentes suivant la luminosité du jour.
Dans ce désert aride, la végétation est très restreinte. On y trouve surtout des cactus.
Une route panoramique traverse les parcs. Plusieurs parkings ont été aménagés donnant sur des sentiers de randonnées traversant des paysages lunaires.
Fût un temps où les Indiens Navajo peuplaient le désert. Ils vivaient dans des maisons en pierre au sein de villages structurés. On ne connait pas très bien la signification des dessins que ces hommes ont gravés dans la roche. Ont ils un sens spirituel, religieux ? Ce sont peut être de simples graffitis ? Ou peut être des symboles signalétiques indiquant des voie de communication ou des chemins de pèlerinage ...Ils me font un peu penser aux pétroglyphes des Aborigènes d'Australie. Si leur interprétation est la même, ce seraient des plans de route. Des symboles servant de balisage sur un itinéraire.
Puis le soleil descend, et nous arrivons à la fin du Parc. C'est le moment où les montagnes sont les plus belles. Nous sommes sur le trajet de la route 66, cet itinéraire historique qui parcourt les États Unis de Chicago à Los Angeles.
Ces longues journées de route et d’émerveillement nous épuisent et c'est pas les sandwichs au humus qui nous stimulent !!! Tous les soirs, on est mortes. On est bien contentes de trouver des supers discounts pour des chambres en motel et on est aussi super contente d'avoir acheter un GPS pour trouver ces motels !
C'est jamais le grand luxe mais on y dort bien et on apprécie de prendre des douches chaudes lorsque dehors il gèle. Le wifi gratuit nous permet de calculer nos kilomètres et de planifier les jours qui suivent. Je trouve qu'on est assez bien organisées et on prévoit de plus en plus à l'avance. On est loin du mode "à l'arrache" que nous avions adoptées pour nos premiers voyages. Internet a vraiment révolutionné le baroudage. Bon ceci dit, on est encore très très loin du voyage organisé, car on planifie à l'avance, certes, mais d'une durée de 1 ou 2 jours seulement !! Après c'est trop loin !
Et c'est comme ça que nous remontons vers le nord jusqu'à notre coup de cœur de ce road trip. À la frontière entre l'Arizona et l'Utah, un endroit magique, grandiose, mystérieux et puissant :
J'ai nommé MONUMENT VALLEY.
Mais si vous connaissez ... Vous l'avez tous déjà vu ...
photo extraite internet |
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Le décor le plus filmé des États Unis est un paysage mythique et si emblématique de l'Ouest Américain.
Nous sommes sur le plateau du Colorado, dans une réserve Indienne Navajo (une des seules tribus d’Indiens Natifs d’Amérique à être parvenue à récupérer ses terres). Les paysages ont tellement été érodés qu'il ne reste plus que ces buttes connues, derniers vestiges des anciennes montagnes. On peut le traverser en voiture par une route rouge caillouteuse. Le 4X4 n'est pas obligatoire mais vaut mieux pas la tenter avec une voiture trop basse ! On peut aussi le visiter à cheval avec un guide amérindien.
Tous les droits d'entrée reviennent au peuple Navajo.
Les Indiens ont nommé chaque rocher selon ce que leur forme pouvait évoquer. Ainsi, il faut trouver l'aigle impérial, le grand chef Indien, la botte du cow boy, les 3 sœurs et bien d'autres ...
Des Indiens gardent leurs mustangs dans des enclos et attendent les touristes pendant la journée. Je ne sais pas s'ils les remettent en liberté la nuit mais les chevaux semblent être plutôt sereins et en bonne santé.
Le mustang est le cheval sauvage du Nord Ouest Américain. Il a été ramené par les conquistadors espagnols lors de la conquête de l'Amérique. Puis après s'être enfuit ou abandonnés, ils ont repris peu à peu leur état sauvage et se sont parfaitement adapté. Leur troupeau sont devenus de plus en plus grands. Le nom "Mustang" viendrait du mot mexicain "mestengo" qui lui même est un dérivé du mot espagnol "mesteño" qui signifie "animal errant".
Au départ les Indiens capturaient les chevaux espagnols pour les manger, mais très vite ils ont découvert la docilité et la générosité de ces animaux. Ils ont appris naturellement à les élever et à les monter.
Ce cheval est aujourd'hui un symbole de la conquête de l'ouest, des Cow boys et des Indiens.
photo extraite internet |
Dans quelques coins du Parc, des Indiens ont posé des stands et vendent des bijoux et de l'artisanat. Même s'ils sont aujourd'hui chrétiens, ils ont gardé beaucoup de croyances et de pratiques ancestrales.
Pour leurs arts, ils utilisent des plumes, des pierres, des graines et des os. C'est très beau. Comme dans beaucoup de peuples indigènes, les formes et les matériaux ont une symbolique, une signification et une vertu. Un bijou représente quelque chose ou sert à quelque chose, ce n'est pas juste pour faire joli.
La petite Indienne chez qui nous achetons quelques souvenirs ( et pas du tout chers à ma grande surprise, moi qui pensais tomber dans un piège à touriste !) est adorable. Elle parait d'une grande sérénité. Elle nous explique qu'elle vivait autrefois dans une petite maison prés de la route. Elle avait alors des enfants et elle avait peur de les faire sortir à cause des voitures. Elle est donc venue avec sa famille ici et vit maintenant au milieu du désert. Elle ne veut pas repartir et ses enfants non plus.
Dans ce parc tribal, il y a une énergie très puissante et c'est une des raisons pour lesquelles cet endroit nous a beaucoup marqué. Si on prend le temps de rester immobile et d'observer les paysages, on a l'impression que nos yeux se perdent dans le désert. On est attirées comme des aimants vers les roches. On prend conscience que le sang circule dans notre corps et on se sent vibrer. Ces décors nous stimulent en quelques sortes. Monument Valley est sacré pour les Indiens. Il nous rappelle que tout est éphémère. Les rochers sortent de la terre, massifs et puissants, puis ils reviennent tout doucement à l'air, érodé par le vent. Ils deviennent alors poussière et reposent à nouveau sur la terre. De ce cercle, on pourrait tirer beaucoup de leçons.
Décidément, j'ai l'impression qu'au fur et à mesure qu'on avance dans l'Ouest Américain, le désert est de plus en plus beau. On est jamais déçues de ces grands espaces et on s'y sent plutôt bien.
Bon parfois c'est moins glamour ! On traverse des villages franchement glauques, où les gens vivent dans des containers ou des vieux mobilhomes crasseux. Là, on a pas trop envie de s'attarder car on se dit que l'isolement doit forcément avoir des conséquences sur les esprits de ces habitants !!!! On est plus du tout dans un décor de Far West ou d'épopée héroïque, mais plutôt dans un genre de "La colline à des yeux", Brrrrr (frisson!).
Il faut de tout pour faire un monde.
Nous voilà maintenant en Utah, l’État de prédilection des Mormons. Nous décidons d'aller nous balader dans un autre Site grandiose emblématique ; Le ZION NATIONAL PARK
Le zion (like a lion), est parcouru de canyons, de montagnes, de rivières et d'affluents. Il a été creusé par la rivière "Virgin", un affluent du Colorado. Sa faune et sa flore sont très riches. L'endroit a d’abord été habité par des Indiens Anasazis et Fremont, puis a été colonisé par les mormons. Le mot "Zion" est récent, c'est de l'hébreu qui signifie "refuge" ou "sanctuaire".
2 routes panoramiques permettent d'apprécier ces belles montagnes. Comme dans les autres canyons de l'ouest, on y retrouve les fameuses strates géologiques et les différentes teintes de couleurs qui s'y rapportent.
Au Zion, nous voyons des bisons, des mouflons, des oiseaux et des bambis. Sont trop mignons.
Beaucoup moins joliment, on voit aussi des touristes chinois et des mormons en habits traditionnels.
Un mormon traditionnel, c'est ça ...
photo extraite internet |
Même s'ils sont encore très conservateurs, l'influence du monde moderne les entraîne vers moins de traditionalisme, à en juger par les célèbres mormons comme Christina Aguilera, Ryan Gosling ou Paul Walker.
Bon revenons en à notre Zion ...
Un petit air glacial s'engouffre dans les gorges et ça pique ! On est montées en altitude et fait pas très chaud ici. Il semblerait que le sang ne circule plus dans 3 de mes doigts ! Le sommet du parc culmine à 2 659 m.
Nous nous voyons forcées d'annuler le pique nique dans la montagne à cause du froid et on mange dans la voiture. On fait quand même des petites balades, ce serait dommage de pas en profiter car c'est vraiment superbe. Donc on se met quelques coups de pieds aux fesses et surmontons notre phobie hivernale.
Il y a pas mal de touristes ici, mais ça reste assez calme, les gens respectent le silence et la sérénité des canyons, ce qui ne doit pas être le cas en haute saison touristique.
Vers la fin de la journée, le soleil nous fait la surprise de sortir le bout de son nez. Le ciel bleu augmente le contraste avec le rouge des canyons et l'air se réchauffe un petit peu. C'est de plus en plus beau. Ça nous donne envie de refaire la route panoramique, mais bon, on a plus trop le temps.
une belle aire de jeu pour les grimpeurs |
Voilà, il est temps pour nous de nous diriger vers notre point d'arrivée ; San Francisco. C'est la dernière journée de notre road trip made in USA. Il nous faut retraverser le Nevada puis la Californie. On met notre playlist favorite, celle des années 90, et on est prêtes pour remanger des kilomètres de goudron.
Nous passons pas loin de Las Vegas. On hésite à se refaire 1 ou 2 machines à sous sur le trajet mais c'est un coup à être déraisonnable, alors on se calme. On va faire le plein dans une banlieue éloignée du centre et là, on est bien loin du luxe des casinos. C'est CASSOSLAND ! Les habitants de ce quartier ne s’embêtent pas avec les vêtements, ils sortent faire leurs courses en pyjama. Et même à EMMAÜS, je pense qu'ils en ont pas des si moches. Dans la station service bien glauque, on a pas envie de s'y attarder trop longtemps. Il y a des vieux pochtrons sales qui jouent aux machines à sous poussiéreuses, et puis des jeunes au look de "Gangsta" qui viennent s'acheter des chips et du coca. La voila l'Amérique profonde, elle est belle.
Sur notre dernier trajet, nous décidons quand même de faire un ultime stop, l'histoire de casser cette longue route qui ne semble jamais en finir.
Et c'est comme ça qu'on se retrouve dans la "VALLEY OF FIRE".
Nous sommes toujours dans le Nevada, dans le désert de Mojave. Protégé dès 1935, ce parc est le plus ancien et le plus étendu de l’État.
Là aussi, on trouve quelques arbres pétrifiés, des pétroglyphes préhistoriques et du grès. Il pleut très peu ici, car les montagnes des alentours bloquent les pluies. Quand il y a des précipitations, c'est sous forme d'orage. L'endroit est apprécié des coyotes, des serpents, des lièvres, des écureuils et des tortues du désert, mais nous, on ne verra que des corbeaux.
Des sentiers de randonnées nous permettent d'aller voir les roches de plus prés, et encore une fois , nous sommes surprises de ce tableau, tellement c'est beau. Chaque canyon a sa particularité, on est jamais lassées. Ce site n'est pas vraiment connu, mais il vaut vraiment une visite.
Puis nous arrivons dans la zone de l'aéroport ou nous avons réservé un motel pour notre dernière nuit. Nous sommes de retour dans la civilisation et nous le vivons un peu mal. Il y a des routes partout, on se perd tout le temps et même notre GPS nous abandonne. Nous retrouvons la froideur des commerçants et le bruit des moteurs de voiture, on se sent un peu énervées dans ce chahut.
Nous allons rendre notre GPS en nous plaignant de son inefficacité et le service après-vente nous le rembourse sans poser de questions ! Wow, trop facile ! Merci pour vos services. S'ils regardent dans l'historique, ils se rendront compte que nous avons traversé l'Ouest Américain avant de prétendre que nous n'étions pas contentes du produit.
Notre dernière nuit est courte. Nous nous réveillons tôt pour rendre la voiture et prendre notre avion.
Nous avons roulé 3000 miles soit 4830 km, c'est pas mal. Encore un beau périple à rajouter à notre compteur.
Nous avons de beaux paysages plein la tête et on se remémora tout ça autour d'une bonne raclette de Noël. Car notre prochain défi, c'est l'hiver en France, et ça, on aime pas trop trop, mais on sera forte, on y arrivera ...