Je ramène ma belle twingo rouge à
l'aéroport et attends mon avion pour « l'île des pins »,
qualifiée de « joyau du Pacifique ». Le vol est très
court, à peine 20 minutes. J'ai le nez collé au hublot et suis
émerveillée par ce que je vois. Je survole des récifs d'un bleu
incroyable et des petits îlots sableux aux allures paradisiaques.
Les photos des guides touristiques ne trompent pas. Cette vue du ciel
est à couper le souffle.
A l'arrivée, Loulou m'attend avec son
4X4. C'est dans son camping et celui de sa femme Hélène que j'ai
réservé. C'est un couple kanak adorable. Loulou semble avoir le
cœur sur la main. Il parle lentement et ne semble pas connaître le
stress. Il a toujours le sourire aux lèvres et est très
accueillant. Le camping est un bijou de tranquillité et de sérénité.
Il se situe au bord d'une plage inconnue des touristes, qui se
trouvent pourtant à 2 pas de là. Je loue une petite tente équipée
d'un super matelas, que je pose sous les cocotiers juste en face de
la mer, au milieu des trous de crabes. Je rejoins Loulou dans sa
grande cuisine de plein air, installée au milieu du camping, sous un
toit de feuilles de palmiers. Il cuisine tout au feu de bois et dispose
d'une quantité énorme de vaisselle et outils de cuisine. Il cueille
des fruits dans la forêt et les met à disposition de ses clients.
Je rencontre Hélène, assise dans
l'herbe devant chez elle. Elle sait qui je suis et m'appelle de suite par mon
prénom. Elle me parle comme si elle me connaissait déjà, avec un
grand sourire et beaucoup de gentillesse. Elle et son mari sont
vraiment deux rayons de soleil.
Je pars marcher un peu à la découverte
de Kuto. Je rejoins la plage voisine à celle du camping, par un
hébergement de luxe magnifique construit comme un éco-lodge, c'est
à dire parfaitement intégré écologiquement dans son
environnement. Loulou et Hélène m'ont dit que je pouvais profiter
de leur plage privée car ce sont des amis à eux. Super, je squatte
leur chaise longue entre 2 plongées au masque et tuba, puis je
continues la marche en longeant toute la plage jusqu'à atteindre le
« rocher », dans la baie de Kanumera.
Le rocher est recouvert de végétation,
et reliée à l'île par un banc de sable, recouvert par les eaux à
marée haute. Pour les kanaks, ce rochers est sacré et il est
interdit d'y monter, même s'il y a un escalier en bois. C'est le
même principe que ULURU en Australie.
Beaucoup de kanaks squattent et se
baignent dans ce coin. Ils ont tous le sourire.
Kuto se trouve sur une mini
presque-île, reliée par un tout petit isthme. Je traverse celui ci
pour atteindre la plage de l'autre côté, aux eaux encore plus
claires et plus bleues.
Au loin, un grand bateau de croisière est
ancré. Il vient d'Australie et de Nouvelle Zélande. Ce sont les
mêmes que j'ai vu au Vanuatu et à Nouméa. Ils font le tour des
îles de l'Océanie.
Plus tard, Loulou et Hélène
m'expliqueront qu'il y en a de plus en plus et que ça commence à
poser des problèmes de pollution. Les plages se salissent plus vite,
les coraux s’abîment et meurent, les poissons s'en vont un peu
plus loin et il y a même des champignons dans l'eau. Ils sont trop
de touristes à pisser dans l'eau et à se baigner le corps plein de
crème solaire et autres produits chimiques. L'île étant entourée
de barrière de corail et de récifs, toutes ces saletés stagnent et
polluent. Une réunion entre les kanaks responsables du tourisme sur
l'île (dont loulou et Hélène font partis) aura lieu dans quelques
jours, afin de prendre une décision sur le tourisme de croisière.
C'est un gros dilemme, car ce type de tourisme rapporte de l'argent à
l'île et aux locaux. Mais les kanaks aiment aussi leur île et
semblent vouloir la protéger fermement.
Pour le retour, je passe par une forêt
dense et incroyable. Les arbres se tordent dans tous les sens et
forment des porches rafraîchissants. Je passe une bonne heure à
mitrailler les arbres avec mon appareil photo. Cette forêt semble
vivante et je me demande qui observe l'autre. C'est génial, j'adore
cet endroit. Je suis toute seule. Les croisiéristes sont retournés
sur leur bateau et les locaux sont sur la plage. Je peux en profiter
et faire des câlins aux arbres sans que personne ne me surprenne et
s'inquiète de mon état de santé !!!
J'arrive au camping pour le coucher de
soleil. Parfait timing ! Je m'assoies sur la plage et profite du
spectacle. Là encore, je suis toute seule, la plage est à moi. Il
n' y a que les bruits des vagues pour me distraire.
Lorsque je décide de me lever, c'est
pour manger. Je rejoins la cuisine où sont assis Loulou et Hélène,
et un zoreille qui fait parti de l'équipe du camping. Il reçoit en
ce moment ses parents en vacances. Il n' y a que nous dans le
camping, je suis la seule véritable cliente.
Le bateau qui fait les trajets entre
Nouméa et l'île des Pins est arrêté pour un mois et il n'y a pas
beaucoup d'avions. C'est idiot car nous sommes en pleine période de
vacances scolaires, et du coup, c'est un réel manque à gagner pour
les hébergements touristiques qui font l’essentiel de leur revenu
à cette époque. Par contre, pour moi, c'est une aubaine. Je passe
la soirée avec ces gens adorables, j 'apprécie beaucoup leur
compagnie et les discussions sont très intéressantes. J'adore la
façon dont il me parle comme si ils me connaissait depuis toujours.
IL ne font pas de différence entre la touriste et l'hôte, c'est
très agréable.
Le lendemain, je rejoins encore cette
belle équipe pour le petit déjeuner. Puis Loulou m’emmène en 4X4
jusqu'à la baie de Saint Maurice, d'où partent les pirogues pour la
baie d'Upi.
Ces petites embarcations sont superbes.
L'eau est d'un bleu turquoise transparent. De la pirogue je vois les
coraux et les poissons. J'aperçois même 2 grosses tortues. Les eaux
sont aussi calmes que celle d'un lac car les baies sont protégées
par une grande barrière de corail. On entend d'ailleurs au loin ,les
vagues qui frappent les récifs. Les îlots et la presque-île d'Oro
sont recouvertes d'une végétation verte et d'araucarias. C'est
tellement paisible. Je me met à l'avant de la pirogue, laisse
tremper mes pieds dans l'eau et je me dis que j'ai vraiment une vie
de merde !!!!
le mât de la pirogue, simple et astucieux |
Au cœur de la baie d'Upi, des rochers
émergent de l'eau. Ils sont recouverts de fossiles. Ce sont
d'anciens récifs de coraux qui se sont retrouvés à l'air libre
lorsque la mer s'est retirée. Cet endroit me rappelle la Thaïlande,
sauf qu'ici c'est calme et préservé. Je le répète souvent dans
mon blog, mais c'est un endroit paradisiaque.
Nous accostons sur le sable fin et je
dois traverser une forêt pour rejoindre la baie d'Oro. Ça sent bon, il y a plein d'oiseaux et une
multitude de petits lézards qui s'échappent sous mes pieds. Je
marche lentement car j'ai trop peur que l'un d'eux n'est pas assez de
réflexe pour éviter mes pas.
La foret est dense, de type à la fois
tropicale et semi tempérée. Il y a des santals, banians, ficus, des
lianes, des palmiers, des grandes fougères et des immenses
araucarias. Je reste attentive en espérant
apercevoir un crabe des cocotiers, mais sans succès.
La traversée est un peu longue et je
commence à me demander si je ne suis pas perdue ! Mais
finalement j'arrive à une rivière sans profondeur. Une eau
translucide coule sur un sol sableux et légèrement boueux. On peut
traverser sans problème, l'eau ne monte pas plus haut qu'aux
mollets. Le cours d'eau est bordé d'araucarias qui pointent tout
droit vers le ciel. J'ai visité pas mal d'endroits dans le monde, et
je me surprends toujours à découvrir de nouveaux paysages, uniques
en leur genre.
Je suis l'eau jusqu'à un endroit bien
réputé de l'île des Pins ; « la piscine naturelle ».
C'est sûrement son site le plus touristique. Et alors que j'avais
été tranquille jusqu'à maintenant, là je me retrouve face à une
horde de touristes. Ce sont les croisiéristes.
Comme si le temps suivait mes émotions,
le ciel se couvre au fur et à mesure que je me rapproche.
La piscine naturelle est un bassin
d'eau limpide, séparé de la mer par ce qu'on appelle un « haut
fond ». C'est l'endroit idéal pour la baignade et la plongée
au masque et tuba. D'ailleurs j'enfile les miens et vais voir ça de
plus prés. L'eau est un peu froide et il faut slalomer pour éviter
les gens, mais les fonds regorgent d'une faune aquatique
impressionnante. Il y a tellement de monde la dessous. Je remarque
que les coraux sont quand même abîmés.
avec beaucoup de patience et quelques retouches, j'ai réussi à prendre deux photos sans trop de touristes dessus !!! |
Le froid me pousse à sortir de l'eau.
Je marche un peu pour me trouver un coin tranquille, éloigné de la
foule. Je m'allonge au soleil et m'endors. A mon réveil, je suis
cramée. J'ai réussi à prendre des coups de soleil à travers les
nuages. J'ai l'impression d'avoir dormi 3 heures alors que seulement
30 minutes se sont écoulées.
Je repars en longeant le cours d'eau
en sens inverse jusqu'à un petit camping. Je pique nique sur l'herbe
et me fais bouffer par des moustiques et des puces. Je vais jusqu'au
parking et m’apprêtent à faire du stop pour rentrer, mais il n' y
a pas de voitures, que les navettes des croisiéristes. J'attends,
j'attends …
Je me décide à demander au chauffeur
des navettes de me ramener et je tombe sur un super sympa, qui me
ramène gratuitement, après avoir déposé ses australiens sur le
ponton. Ça lui fait plaisir de parler français je crois. Il
m'explique qu'il y a de plus en plus de bateaux de croisières et que
l’accès à la piscine naturelle va sûrement leur être bientôt
interdit. Les coraux sont en train de mourir et l'eau est trop
stagnante pour tant de monde. Pour les indépendants comme moi,
l’accès sera payant pour financer des toilettes, des panneaux de
sensibilisation à l'écosystème et des solutions de nettoyage.
Le tourisme ????? un bien ou un
mal ? Tourisme durable ? Est ce vraiment possible ?
Je suis donc de retour à Kuta. Des
kanaks vendent des petits plats traditionnels le long de la plage. Je
goûte au « Bougna ». C'est un plat vraiment
traditionnel, composé soit de viande ou de poisson et d'un mélange
de légumes (patate douce, taro, igname), enveloppé dans une feuille
de bananier et cuit soit dans une grande marmite, soit sur des
pierres chaudes dans une cavité en terre.
C'est très bon et ça pèse sur
l'estomac. Je digère en marchant sur la plage.
j'aime bien le paradoxe entre la hutte traditionelle et la parabole |
Puis je pars pour
l'ascension du Pic N'ga le point culminant de l'île. Bon 262 mètres,
c'est certes, pas très haut, mais la pente est abrupte et
l’ascension se fait en moins de 45 minutes. De plus les rochers et
les graviers glissants ne facilitent pas la montée. Ceci dit, la vue
d'en haut mérite bien l'effort et un peu d'exercice ne fait de
mal à personne. D'en haut, on voit l'île presque toute entière et
surtout, les lagons aux différentes teintes de bleu qui l'entourent.
Malheureusement pour moi, le ciel est
nuageux et les bleus ne ressortent pas autant que sur les cartes
postales. C'est quand même très beau et très calme. Encore une
fois je suis toute seule. L'île des Pins est là, à mes pieds, rien
qu'à moi.
le bateau s'en va, il navigue de nuit vers les ïles loyauté ou le Vanuatu |
Je redescend avant la tombée de la
nuit et arrive au camping encore une fois dans un timing parfait,
pour le coucher de soleil. Je m'installe sur ma plage et le spectacle
est sublime, encore plus beau que la veille. Les couleurs semblent
irréelles. Le ciel est une palette de couleurs oranges, rouges et
jaunes, si intenses, qu'elles font presque mal aux yeux. La nature
est vraiment surprenante.