samedi 27 avril 2024

L'Égypte et ses pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à poser un décor sur ces mots, tant il y a de documentaires et de films sur ce pays.

L’Égypte se situe en Afrique du Nord et fait partie du monde arabe mais ne fait pas partie des pays du Maghreb, vous me suivez ?

Elle est recouverte en grande majorité par le Sahara mais c'est pourtant le troisième pays le plus peuplé d'Afrique. Sa langue officielle est l'arabe Égyptien et son histoire remonte aux premières civilisations. 

Regardons la carte d'un peu plus près ...

L’Égypte est entourée de la Libye, du Soudan, d’Israël et de la bande de Gaza en Palestine. Des pays voisins d'une stabilité tout à fait relative !

Novembre 2023, nous avons la télé, la radio et l'interweb. Nous sommes donc au courant du conflit israélo-palestinien, alors nous éviterons d'aller faire les malins du côté de leurs frontières et nous nous cantonnerons sagement aux itinéraires touristiques classiques. Nous partons sereins. Et même si notre vol a été annulé une semaine avant le départ, on en a trouvé un autre, beaucoup moins cher bizarrement.

Notre avion décolle avec 2h50 de retard (pas 3h car sinon il aurait fallu nous rembourser, ça aurait été dommage) à cause d'une panne électronique. Après 2h30 de vol, le pilote nous annonce qu'il commence à amorcer la descente. Étant donné que la durée de vol entre Paris et le Caire est de 4h45, je fais rapidement le calcul et me dit que que cette histoire est louche ! Je regarde par le hublot ... Le paysage est drôlement vert pour l’Égypte !!!

Une fois sur le tarmac, le pilote nous annonce que nous avons bien atterri à "Rome" !!!! Ce pilote ne doit pas être très doué en Géographie. Nous attendons une explication mais tout l'équipage reste muet. Puis nous attendons, et nous attendons encore ...

Quand 3 flics entrent dans l'avion et se dirigent vers les premiers sièges pour arrêter un homme. La tension monte ...

- "I am egyptian!" hurle l'homme qui se défend.

Mais les flics semblent plus que déterminés à embarquer cet homme. 

Derrière nous, une passagère fait une crise d'angoisse. Allons donc !

Une fois que les flics sont sortis avec le passager et que la crise d'angoisse est maitrisée, nous restons dans l'avion, toujours sans explication, à patienter sagement. Dans sa plus grande bonté, le pilote nous annonce que les hôtesses vont nous servir un "petit" verre d'eau pour patienter. Je ne suis pas sereine, j'ai peur qu'ils nous le facturent.

Une heure s'écoule. Nouvelle annonce : On nous explique que l'avion doit être entièrement fouillé et que nous devons sortir et attendre dans l'aéroport. Nous attendons en zone d'embarquement jusqu'à minuit.

Avec toute cette histoire, nous atterrissons au Caire à 5h du matin, soit 12 heures après l'heure prévue. Et comme si nous n'avions pas eu notre dose de contre temps, la douane égyptienne décide de prendre son temps et fouiller notre valise à l'arrivée. Ils n'ont rien trouvé (c'était bien caché !!!).

Sachant que nous avions pris un bus de nuit pour nous rendre à Paris, dans lequel nous n'avions naturellement pas réussi à dormir, cela fait 2 nuits que nous sommes éveillés. Notre apparence est quelque part entre Picasso et Walking Dead.

On fait appel à un taxi UBER pour nous rendre dans notre studio Air BnB.  Le gentil chauffeur nommé Sameh nous amène ainsi jusqu'à notre destination en utilisant le GPS de mon téléphone (Il est loin le temps des voyages sans internet). Sameh ne parle pas anglais mais Google Traduction oui (Il est loin le temps des voyages sans internet). Ah pardon je radote ! 

Faut se l'avouer, Internet c'est quand même super pratique en voyage. Et le GPS quelle formidable invention ! Maintenant, je ne me perds presque plus !

Notre appartement est correct. Par contre, l'immeuble dans lequel il se trouve, semble être à l'abandon. On se rendra compte plus tard que c'est l'état d'à peu près tous les bâtiments de la ville. 

Des chats squattent dans la cage d'escaliers. Je suis contente, j'aime bien les chats. Ils sont omniprésents au Caire. Dans l'islam, le chat est apprécié et respecté. Il est admiré pour sa propreté. Le prophète Mahomet lui même interdit la persécution et le meurtre des chats. Les chiens n'ont malheureusement pas cette chance.


LE CAIRE / CAIRO

Une fois nos batteries rechargées, on part explorer Le Caire. C'est la capitale du pays et avec ses 20 millions d'habitants, c'est la ville la plus peuplée d'Afrique. 

Je retrouve les particularités des grandes villes surpeuplées. Une fourmilière humaine, un trafic routier ultra dense et chaotique, des klaxons incessants, des SDF, et surtout un taux très élevé de pollution. Dis comme ça, on pourrait croire que je suis à Paris, mais non. Car ici la pollution est nettement plus étouffante, d’autant plus qu'elle se combine avec la poussière de sable du désert. Mes poumons d'asthmatique saignent. Pour respirer un peu, on se rapproche du Nil qui traverse le Caire. 

Le voilà le fleuve légendaire dont nul ignore le nom. Ce fleuve nourricier qui a donné naissance au pays et qui rythme la vie de ses habitants depuis des millénaires. Cet indomptable qui se fait admirer autant qu'il se fait craindre. Il peut se révéler aussi généreux que sévère. Ses humeurs correspondent aux époques de gloire et de misère du pays. Notre regard se pose sur lui et se laisse bercer par ses flots, silencieusement, oubliant le temps qui passe. Le Nil est envoûtant.

Certains quartiers résidentiels permettent aussi d'échapper au bruit et à l'agitation, comme ceux de Garden City, Zamalek ou Gezirah. Dans ces coins plus calmes, on découvre de belles villas de style européen entourées de beaux jardins et de grands arbres. Ces quartiers rappellent que depuis la campagne de Napoléon Bonaparte (1798 - 1801) l’Égypte a passionné les européens et plus particulièrement les britanniques qui l'ont occupé de différentes manières pendant près d'un siècle.

Il est tellement dommage que ces villas soient en état de décrépitude. Les volets pendent au fenêtres cassées, les murs ont perdu leur couleur, recouverts par une épaisse couche crasseuse de pollution, cette même couche qui étouffe les grands arbres à l'agonie. Cet état avancé de dégradation fait mal au cœur. Est ce un manque de moyen ? une insensibilité au Patrimoine ? une volonté d'oublier ce passé colonialiste ? Ou bien peut être une combinaison de tous ces facteurs ...

La nuit, la ville est belle et agréable. L'ambiance est plus chaleureuse, il y a moins de voitures et de klaxons. Les égyptiens s'activent davantage lorsque le soleil est couché et que les températures sont plus clémentes. Toutes les boutiques, les épiceries, les fast-foods égyptiens sont ouverts jusqu'à tard. Dans la rue, les passants sont souriants. Nous ne ressentons aucune insécurité lors de nos errances dans les rues de la capitale. On peut manger ou boire un café dans un ahwa traditionnel à n'importe quelle heure. Par contre ce n'est pas facile de trouver de l'alcool, et comme nous sommes accros à notre petite bière fraîche de fin de journée, nous partons en mission. C'est finalement dans une communauté d'expatriés grecs que nous trouvons notre bonheur ! C'est le Greek Club. Un bar restaurant qui semble être "The place to be" pour la jeunesse branchée du Caire, les expatriés et les étudiants internationaux. Comme on y sert de l'alcool, l'endroit est relativement bien caché, et il faut s'acquitter d'une adhésion à l'association pour pouvoir en profiter. Dans ce petit jardin à l'ambiance chaleureuse on peut y déguster la Stella. Ne vous y détrompez pas, cette bière est bien brassée en Égypte, même si la marque appartient au groupe Heineken et que la brasserie a été initialement fondée par un belge !!! C'est une bière légère et rafraîchissante qui colle très bien avec le climat égyptien. 

photo extraite du site
"the Mediterranean dish"

Au Caire on goûte à la gastronomie locale, et on se souviendra particulièrement du koshari d'Abu Tarek. Ce restaurant sur 5 étages est une institution aussi bien pour les touristes que pour les locaux.

Le koshari est une spécialité culinaire locale composée de pâtes, de riz, de pois chiches, de lentilles, une sauce tomate vinaigrée, quelques piments et du citron. Un régal. Après une telle assiette, je pense avoir atteint mon quota annuel de féculents. Pour les petits encas, il y a les sandwiches falafels aux fèves dans la rue et il y a les délicieux jus de fruits frais comme il en existe "pas" chez nous. De plus, les commerçants et les serveurs sont toujours très sympas, tout comme les gens dans la rue qui nous aident avec plaisir à trouver notre chemin.

LE MUSÉE DU CAIRE

Nous poursuivons notre exploration en allant visiter le musée égyptien du Caire. Il est consacré à l’Égypte Antique et il fait partie des plus grands musées du monde, de par le nombre et la valeur des pièces qu'il abrite. 

Et maintenant, c'est l'heure d'une petite pause historique :

L'Égypte Antique s'étend sur une looooooongue période qui se situe entre -3000 ans av JC et le IVème siècle, lorsque le pays se fait absorber par l'Empire Romain.

Alors sortez vos vieux livres d'histoire. 

En - 3000 av JC en France, qu'est ce qu'il se passe ? Et bien c'est la période du Néolithique. On commence juste à se sédentariser et à organiser l'agriculture. Ensuite, il y a les Celtes qui arrivent et qui font des trucs chelous avec des gros cailloux ! C'est l'époque de Stonehenge par exemple, qui aurait été bâti quelque part entre 3000 et 1100 av JC, pour des raisons incertaines. C'est approximatif comme information, mais c'est un repère historique. 

À cette époque en Égypte ... 

Les pharaons aiment aussi les gros cailloux. Ils les taillent, les empilent et les assemblent pour construire des pyramides, parce que les premiers pharaons ils kiffent le triangle (contrairement aux Celtes qui préféraient les ronds et les croix). C'est à cette époque que fut construite la pyramide de Kheops, vers 2500 av JC. Des millions de pierres assemblées pour un monument de 280 coudées, soit 146,58 mètres de haut. Cette pyramide restera le monument le plus haut jusqu'au XIVème siècle.

Au concours de "C'est qui qui a la plus grosse ?" l’Égypte semble avoir remporté le prix.

 

Revenons en à notre musée :

 
Parmi les plus belles pièces de ce musée on a la Palette de Narmer, sur laquelle sont inscrits les plus vieux hiéroglyphes connus à ce jour. Ils datent de 3100 avant notre ère. Ils témoignent de l'unification de la Haute et de la Basse Égypte par le Roi Narmer.

Un autre chef d'œuvre du musée est le Trésor de Toutankhamon. Dans une belle salle à la lumière tamisée, on peut admirer le masque funéraire du pharaon, ses sarcophages, ses dagues et ses bijoux, le tout orné finement d'or et de pierres précieuses.  

 

Le musée abrite aussi de nombreuses statues, sarcophages, des étoffes, des sculptures, des objets dont on a encore du mal à trouver la fonction ... 

Un ustensile de cuisine 🤔 ?

Et des momies incroyablement bien conservées, sur lesquelles ont peut encore voir les cheveux, la barbe et les ongles. C'est tout simplement stupéfiant. Ces momies ont traversé des millénaires et se retrouvent là devant nous, avec leur visage paisible, comme si elles étaient simplement endormies.  


 

 

Par contre, quelque chose me turlupine. 

Les momies sont superposées dans des cercueils de verre poussiéreux et couverts de traces de doigts, empilés les uns sur les autres. Puis, au milieu d'une salle, un troupeau de touristes amassés autour d'un couple royal de momies, auxquelles on a ôté les masques funéraires. Ces deux âmes se sont donné tant de mal pour s'assurer le respect, le repos et la vie éternelle dans l'au delà. Pourtant, elles sont là, exhibées comme des bêtes de foire. Cette scène me fait de la peine et me met mal à l'aise. Je trouve cela irrespectueux et indécent.

De plus, il n'y a aucun panneau explicatif dans le musée. Nous aurions pu prendre un guide professionnel, mais là aussi c'est une mission que de trouver un vrai guide parmi tous ceux qui nous proposent leur service. Heureusement, mon ami Google nous accompagne et nous explique tout. (Cependant ne vous méprenez pas, Google est sympa mais il ne remplacera jamais un bon guide).

Pour la défense du musée, j'ai quand même une explication. Un nouveau musée est en construction du côté des pyramides de Gizeh. Les pièces sont déjà en cours d'acheminement de l'ancien vers le nouveau musée. Celui du Caire, au look bien obsolète, devrait donc bientôt fermer ses portes. Donc il est inutile de dépenser du temps et de l'argent pour son entretien.

Après avoir passé 4h dans le musée, on a faim et on a mal aux jambes. Nous allons au restaurant le plus proche en sachant pertinemment que nous le regretterons au moment de payer la note. Notre serveur devine très vite que nous sommes français et nous passe une playlist française, au grand dam des autres touristes internationaux présents. On a même droit à la Marseillaise. Si on voulait passer incognito, c'est râté ! De toute façon, en Égypte, quand on est touriste européen, il est absolument impossible de passer incognito. Ils nous voient arriver à des kilomètres, et nous interpellent avec toujours les mêmes références." Mon ami, La France, Jacques Chirac, Zidane et la Vache qui rit" . C'est toujours la même rengaine. 

Poursuivons notre exploration du Caire...

Nous prenons un taxi, le moyen le plus pratique et très économique pour se déplacer en Égypte. Ils ont le compas dans l’œil, ça on peut pas leur enlever. Au Tetris ce sont des champions. Dans les bouchons, la règle c'est qu'il n'y a pas de règle et que tout espace vide doit être comblé. Et en plus des voitures, il y a les piétons, les 2 roues et les chiens. C'est totalement chaotique. La plupart des taxis sont des 504 dont ils sont très fiers.  En règle générale, les automobilistes sont sereins au volant, c'est agréable. Ça nous change des Girondins. (Une petite blague médisante de temps en temps ne fait pas de mal). 

Par contre et comme partout, les chauffeurs de taxi ne sont pas toujours très honnêtes ! Il existe une multitude d'arnaques en tout genre. Il faut toujours se méfier, négocier le prix avant la course, savoir faire preuve de patience et s'assurer que le chauffeur ait bien compris la destination !!! Les échanges peuvent être un peu électriques parfois. Chaque course en taxi est une aventure en soi. On peut tomber sur des conducteurs gentils et prudents ou des chauffeurs dangereux et antipathiques. C'est comme jouer à la loterie ! Ceci dit, en dehors du fait qu'il n'y ait aucun code de la route, que les véhicules ne respectent aucune norme de sécurité, que fumer de l'herbe n'améliore pas les réflexes au volant et que conduire un taxi à 90 ans ce n'est pas une bonne idée, nous sommes toujours arrivés à bon port et c'est le principal.

LE VIEUX CAIRE

Dans le vieux Caire se trouvent 2 quartiers historiques. Le quartier Copte et le quartier Islamique.

Pour ma part, je n'avais jamais entendu parler des coptes avant d'arriver en Égypte. Pourtant, c'est un des plus anciens groupes chrétiens au monde. 

Pour la faire courte : En 30 avant notre ère l'Égypte passe sous domination romaine et Alexandrie en est la capitale. Une longue période de paix s'installe pendant laquelle le christianisme se répand dans le pays. L'évangéliste Marc fonde une église à Alexandrie, vers l'an 42, qui va donner naissance à la communauté copte orthodoxe d'Alexandrie.  Les coptes ont leur propre langue qui descend de l’égyptien ancien.

Puis, à partir du Vème siècle, les Byzantins envahissent et occupent le pays. Les coptes sont parfois victimes de persécutions, alors lorsque les Arabes musulmans envahissent l'Égypte au VIIème siècle, les coptes les accueillent comme des libérateurs. 

Pendant les siècles suivants, l'Égypte va passer sous la domination de plusieurs dynasties arabes musulmanes comme les Omeyyades, les Abbassides et les Fatimides. L'Égypte peu à peu se convertit à l'islam. Les coptes restent majoritaires jusqu'au XIVème siècle puis la cohabitation se gâte. Une partie des coptes s'exile vers l'Éthiopie. 

J'espère que ce résumé est à peu près clair, car j'ai sauté pas mal de chapitres.

2 quartiers, 2 ambiances ;

- Le quartier islamique est très très animé. Il y a beaucoup de monde et de bruit. Entre les marchés et les souks, c'est une énorme foire à ciel ouvert. Textiles, ferronneries, viandes, épices ... on y trouve de tout. Le quartier regorge de belles mosquées au décor finement sculpté, des écoles religieuses et des magnifiques maisons historiques qui nous plongent dans un décor des 1001 nuits. Ce quartier est un labyrinthe de ruelles étroites et de petits passages, tantôt sombres tantôt colorés, dans lesquels on aime se perdre. À la tombée de la nuit, les boutiques et les restaurants allument leurs loupiotes, les coupoles s'illuminent et le décor devient encore plus fantastique. 


 

- Dans le quartier Copte c'est plus calme et la circulation en voiture est restreinte. C'est un petit espace confiné dans lequel se trouvent les plus anciennes églises et synagogues d'Afrique. C'est aussi là que la première mosquée d'Égypte fut construite. Ce quartier fut construit à l'emplacement même d'une ancienne forteresse Romaine nommée Babylone, en mémoire à l'ancienne cité antique de Mésopotamie. Ainsi se mêlent les architectures et les influences du passé. Une église fut construite sur les piliers de l'ancienne Babylone. Cette prouesse architecturale date du IXème siècle. On l'appelle "L'église suspendue".

 

Que ce soit dans un quartier ou dans l'autre, on est constamment sollicités, surtout par les enfants, qui ne sont pas tous des petits anges !! Il y a beaucoup d'enfants en Égypte. Le taux de fécondité est de 3.5 enfants par femme.

Après ces quelques jours dans la capitale on a besoin d'un peu plus d'espace. Et puis ce qu'on est venus chercher ici, c'est l'Égypte des Pharaons. Alors Cap vers le Désert ...

Le plan A était d'aller voir les pyramides de Gizeh, mais nous avons fait la grave erreur de nous pointer à l'entrée du site, un vendredi (jour du Sabbat, c'est à dire le 1er jour du weekend égyptien) et à 10h, soit au moment de la plus forte influence !

Comment vous dire ? J'ai l'impression que c'est le 1er jour des soldes !

Devant la petite guérite ou 1 seule personne est supposée faire entrer des milliers de visiteurs, c'est le chaos. Les gens se montent les uns sur les autres. Ça crie, ça se bouscule ... Un homme nous fait des signes pour nous inviter à passer allégrement devant les gens qui font la queue (même si on ne peut pas vraiment appeler ça une queue, disons plutôt une meute !), dans le genre "pousses toi de là que je m'y mette!", nous faisant croire que nous sommes prioritaires, alors que non absolument pas ! Ensuite, il nous réclame un bakchich sous prétexte qu'il nous a aidé à avancer d'1 mètre dans la meute !!! Le site est géré de façon complètement archaïque et inadaptée, c'est l'anarchie. Comme dirait l'autre ; "Ils sont fous ces égyptiens !"

Franchement, quand on y pense : Les Pyramides de Gizeh, site touristique de renommée mondiale, les seules des sept merveilles du monde encore existantes de nos jours, la première destination touristique du pays depuis des siècles et ... Ils sont toujours pas prêts les gars ?! 

Bon enfin, Ça nous servira de leçon. Á l'avenir, ne rien prévoir les vendredis et samedis. Nous abandonnons les pyramides. Marche arrière dans la foule, on passe au plan B. 

Excusez ce faux départ. On l'a refait.

Nous ce qui nous botte, c'est l'Égypte des Pharaons, alors Cap vers le Désert, là où tout à commencé...

SAQQARAH

3000 av JC = L'Ancien Empire est marqué par le premier roi d’Égypte, MÉNÈS, qui va construire sa capitale à Memphis. Dans ce Memphis là on ne chante pas le blues, mais on bâtit une grande et forte nation réunissant la Hausse et la Basse Égypte. Vous vous rappelez de la palette de Narmer qui raconte cet épisode ? Narmer et Ménès ne sont en fait qu'une seule personne, soit le premier pharaon d'Égypte, première dynastie.

La capitale est à la grandeur de ses rois qui se succèdent et elle a besoin d'une nécropole royale pour que tous ces souverains puissent reposer en paix et pour l'éternité.

C'est à SAQQARAH que la nécropole royale sera établie et c'est précisément là où le complexe funéraire de Djeser sera construit en 2680 av JC. Notre "José" égyptien était Roi de la 3ème dynastie (oui, on en est déjà à la troisième génération de pharaons, ça s'enchaîne très vite, il faut suivre). Je me permets de l'appeler José car Djeser n'est pas son vrai nom de toute façon. Son nom original est imprononçable si bien que le peuple l'appelait Horus !!! 

À cette époque les tombeaux sont des mastabas. Des édifices rectangulaires en terre crue qui abritaient les sépultures de toute une famille.

José lui pour son tombeau, il veut innover. Il veut quelque chose qui en jette. Un monument unique qui lui permettra d'être en parfaite connexion avec la terre et le ciel. Pour cela, il fait appel à un célèbre architecte de l'époque, un certain IMHOTEP (la famille ça va ça va ! ). 

Ce projet va marquer un grand tournant dans l'architecture funéraire des pharaons, le rectangle fait place au Triangle, la pierre remplace la terre crue et la Première pyramide naît.

 

Elle n'est pas encore lisse, c'est une pyramide à degrés. Elle est comme un escalier qui mènerait l'âme depuis les profondeurs de la terre jusqu'au ciel infini. Cette pyramide est une révolution pour son époque, le plus grand monument jamais construit en Égypte. Et elle n'est pas seule. Autour d'elle se dressent des mastabas, des chapelles, des pavillons, des cours, une enceinte ... C'est un gigantesque complexe et la pyramide n'est que la face visible de l'iceberg. En dessous se trouve tout un réseau souterrain de pièces et de galeries qui donnent encore du fil à retordre aux archéologues et aux historiens.

Á Saqqarah, il y a un autre site très surprenant, c'est le SERAPEUM. 

Le Séra quoi ? Pas de Panique, Wikipedia, à notre service :

Dans le cadre plus strict de l’égyptologie, un sérapéum est une nécropole souterraine où étaient ensevelis les taureaux sacrés du culte d’Apis.

Ce site est impressionnant. Chaque taureau était momifié à Memphis, puis transporté en procession jusqu'à Saqqarah pour y être enterré dans un gigantesque sarcophage massif de granite, d'environ 80 tonnes. Les sarcophages étaient placés dans de grandes niches le long d'une galerie souterraine.

Le complexe de Saqqarah est immense, tellement grand qu'il faut un taxi pour aller d'un secteur à l'autre. Notre chauffeur de taxi est habitué bien sûr et nous attend à  chaque fois sur les parkings. Mais je ne pense pas qu'il avait prévu que nous soyons si longs. Bé oui, on aime prendre notre temps, fouiner, réfléchir, discuter, admirer, et surtout ressentir et s'imprégner des énergies. C'est quand même pas tous les jours qu'on visite des tombeaux de pharaons. 

Le site semble sans fin et il est toujours en cours de fouilles. C'est d'ailleurs le plus vaste site archéologique d'Égypte. Saqqarah est demeuré nécropole funéraire pendant 3500 ans, alors à mon avis, ils ont pas fini de creuser ! Les vestiges du passé sont partout. Il y a des éclats de vielles poteries sur le sol, des pierres gravées de hiéroglyphes, des trous profonds creusés par l'homme, qui sont en fait des puits au fond desquels reposent les momies. Attention où vous mettez les pieds, ce tombeau pourrait bien être votre tombeau ! 

Les visiteurs peuvent marcher librement entre les vestiges, mais pour rentrer à l'intérieur des tombeaux, il faut se faire accompagner de son gardien, en échange d'un petit bakchich. (En Égypte, le mot "bakchich" a été détourné de son sens et signifie désormais "pourboire" ou simplement "prix à payer"). Quand on a de la chance, on tombe sur un gardien qui a participé aux fouilles et qui connait l'histoire du tombeau qu'il garde. D'autres gardiens mal intentionnés vous proposeront d'entrer dans des passages interdits, car dangereux ou en cours de fouilles, pour avoir un plus gros bakchich. Il y a aussi ceux qui essayent de vous apporter des informations mais qui n'ont malheureusement pas les connaissances pour. 

Du genre ;

-  "Vous voyez sur ce hiéroglyphe on voit un oiseau et là un poisson, et maintenant salle suivante suivez moi ..." 

Il y a aussi ceux qui sont d'un calme absolu et qui vous accompagnent dans un total silence.  Ainsi, chaque visite de tombeau est une expérience unique, et on ne peut jamais échapper au bakchich. Je me demande combien ces hommes sont payés à rester là toute la journée. Ils n'ont même pas de toilettes. Résultat, ça sent la pisse et autre !!! Nous qui aimons nous faufiler dans des endroits cachés, ça nous a calmé. Finalement le chemin principal, c'est bien ! 

Les archéologues européens travaillent sous des tentes

Le site est tout simplement passionnant et nous y restons jusqu'au coucher du soleil (je pense que notre chauffeur de taxi a maudit notre rencontre). Le soir, au lieu de retourner dans le bruyant Caire nous décidons de passer une nuit à Gizeh au pied des pyramides, dans un hôtel. 

Gizeh est une grande ville récente qui a pour seul avantage d'être au pied du plateau où se trouvent les célèbres pyramides. Son expansion et celle du Caire font que les 2 villes se rejoignent. Ainsi, Gizeh fait partie de la métropole Cairote même si elle se trouve à 25 km de celle ci.

De nombreux hôtels ont été construits le long du plateau. Ils sont équipés de toit terrasse avec vue sur les pyramides. Un spectacle son et lumière carrément kitsch vient illuminer les pyramides chaque soir. Nous profitons de notre toit terrasse pour regarder le spectacle.

Le lendemain, forts d'expériences passées, nous nous levons tôt pour faire la queue à l'entrée des pyramides, et cette fois ci, ça passe comme une lettre à la poste. Enfin nous y sommes.

 

LES PYRAMIDES DE GIZEH

Les voilà, les magnifiques, les grandioses, les majestueeeeeuses, j'ai nommé : Les pyramides de Gizeh.

Elles intriguent et elles fascinent par leur imposante dimension et leur géométrie parfaite. Elles représentent la toute puissance des pharaons, le savoir faire et le génie des anciennes civilisations. 

Contrairement à ce qu'on raconte, les bâtisseurs n'étaient pas de simples esclaves mais des ouvriers bien formés et organisés. Et pendant la saison des crues, les agriculteurs ne pouvant plus cultiver leurs champs inondés par le Nil, rejoignaient les chantiers pour prêter main forte aux bâtisseurs. 

 

 

 Comme Saqqarah, le plateau de Gizeh était une nécropole royale située sur la rive ouest du Nil. Elle faisait partie d'un énorme ensemble funéraire qui s'étendait sur une trentaine de kilomètres. La partie de Gizeh regroupait 38 pyramides et plus de 9000 tombes. Mais aujourd'hui, de cet énorme complexe funéraire, il ne reste que 9 pyramides dont les 3 plus célèbres sont :


1) La Pyramide de Khéops.
 
C'est la plus ancienne pyramide de Gizeh et c'est la plus grande d'Égypte. Elle mesurait 146 mètres lorsqu'elle fut achevée en 2570 avant Jean Claude. Depuis, l'érosion lui a fait perdre un peu de  hauteur. Elle est la première des sept merveilles du monde et la seule à avoir survécu jusqu'à nos jours. Elle fut construite pour abriter le mausolée du pharaon KHEOPS sous la 4ème Dynastie. Ce tombeau est un chef-d'œuvre qui marque la consécration de toutes les techniques architecturales mises au point à cette époque. Son architecte s'appelle HEMIOUNOU. En plus d'être un formidable ingénieur, c'était le vizir de Khéops et un membre de la famille royale. Lui aussi repose dans la nécropole de Gizeh, dans un mastaba proche de sa pyramide. 
Il est encore tôt et la foule n'a pas eu le temps d'envahir le site. Nous en profitons pour rentrer dans la grande pyramide. Pour se faire, nous faisons la queue et montons un escalier rudimentaire sans protection pour atteindre l'ouverture, puis nous entrons dans les entrailles du géant. C'est une expérience dont je me rappellerai toute ma vie. À l'intérieur la chaleur est étouffante. Nous avançons très lentement, pliés, les uns derrière les autres dans un petit couloir étroit où nous ne pouvons pas tenir debout. 
Dans ce passage à double sens, il est difficile de se croiser. Claustrophobes s'abstenir ! C'est très anxiogène et je m'étonne qu'il n'y ait pas plus de victimes de crises d'angoisse. Enfin, ça doit quand même arriver, vu le vomi qu'il y a sur le sol !!!! 

Nous arrivons dans la Grande Galerie. Wow, cet espace est impressionnant. C'est un couloir étroit de 2 mètres de large et 8.5 mètres de haut. Au plafond, des énormes blocs de granite sont placés en encorbellement. On ne sait pas à quoi servait cette galerie, mais c'est à couper le souffle. Ensuite, on se faufile à nouveau dans un étroit passage mais cette fois, c'est à 4 pattes que nous avançons, jusqu'à à atteindre la Chambre du Roi (ou pas ! C'est peut être une fausse, un leurre pour déjouer les pilleurs !!! ). La pièce est murée et plafonnée d'énormes blocs de granite rouge. On peut sentir la pression de tout le poids qui nous entoure. On se sent assez vulnérables dans cet espace où juste 400 tonnes de granite sont posés là en dessus de nos têtes. Heu, c'est pas une fissure que je vois là ?  
Pour réduire la pression exercée par ces dalles, une autre chambre appelée chambre de décharge, se trouve au-dessus de la salle, et un système de ventilation moderne reprenant les gaines d'aération d'origine assure la circulation de l'air. Sinon, on étoufferait, c'est sûr. Les murs sont parfaitement polis et les blocs sont assemblés les uns aux autres avec une telle minutie, qu'il est impossible de passer une feuille de papier entre eux. Une prouesse qui intrigue. Le sarcophage du Roi est toujours là mais il est très endommagé. 
 
Nous restons quelques temps dans la chambre à la fois impressionnés et émerveillés, à tenter d'imaginer comment les hommes ont pu réaliser une telle prouesse. Puis, assommés par la chaleur et la pression, nous décidons de reprendre le même chemin jusqu'à la sortie. Les jambes tremblantes et le souffle court, nous sommes soulagés de revoir la lumière du jour et nous avons le sourire au lèvres. Waouuu c'était intense. L'atmosphère qui règne dans cette pyramide est unique. 
Une pyramide n'est jamais seule. Elle est toujours entourée d'un grand complexe funéraire qui comprend des temples des mastabas, et des pyramides secondaires et ... des barques solaires. En effet, autour de la pyramide, on voit des grandes fosses en forme de coque de bateau qui accueillaient des barques en cèdre libanais semi enterrées. 
 
Ces embarcations avaient pour rôle de transporter l'âme du Pharaon défunt vers le Nil puis vers l'Océan. Les ferris de l'au delà en quelques sortes. Dans les croyances de l'Égypte Antique, on pensait que tout ce qui était de l'ordre du vivant était issu d'un océan primordial. Après le décès, les âmes devaient rejoindre cet océan et le Pharaon était leur guide. On plaçait donc les embarcations autour de sa pyramide pour qu'il puisse remplir son rôle de guide divin. Les vivants venaient déposer de la nourriture dans les barques pour s'assurer que leurs défunts ne manquent de rien pendant leur voyage dans l'au delà. Et je ne vous parle de petites barquounettes de pêcheurs à la mouche. La barque du soleil de Kheops mesurait 43.50 mètres de long pour 4 mètres de large ! 

Il est plutôt agréable de marcher autour des pyramides. Pour les fainéants ou ceux qui auraient du mal à se déplacer vous pouvez toujours vous offrir les services d'un cheval ou d'un chameau pour aller d'une pyramide à l'autre. Pour les autres, à pied c'est largement faisable.

2) La Pyramide de Khéphren : 

Un peu moins haute que sa voisine (136m) cette pyramide a été construite pour KHEPHREN, le fils de Khéops, en 2520 avant Jean Christophe. Sur la partie supérieure de la pyramide, on voit encore le parement de pierres blanches calcaire. Autrefois, les pyramides étaient toutes blanches avec sur leur sommet, un petit pyramidion recouvert de feuilles d'or qui reflétait la lumière du soleil. Ainsi les pyramides étaient éblouissantes. À leur base, il y avait une partie noire, faite de granite. Des blocs très solides, assemblés comme les pièces d'un puzzle, qui assuraient le soutien de l'ensemble. 

3) la Pyramide de Mykérinos

C'est la plus petite. Elle fait 62 mètres de haut et elle a été construite pour le pharaon MYKERINOS, le fils de Khéphren. Vous l'avez compris, les trois pyramides représentent la transmission du royaume de père en fils.

La pyramide de Mykérinos présente une grande entaille, qui a été faite au XIIème siècle par le sultan de l'époque, qui voulait simplement voir rapidement ce qu'il y avait à l'intérieur !!!

4) Le Sphinx
 
Cette statue colossale a été sculptée à même la roche sous le règne de Khéphren, dont elle serait peut-être le portrait, puisque la tête du Sphinx est une figure humaine avec un némès rayé, le couvre-chef emblématique des pharaons.
 
 
Ce n'est pas Obélix qui a cassé le nez du sphinx et encore moins Napoléon, puisque des gravures antérieures à son arrivée représentaient déjà la statue sans nez. Le Sphinx a subi bien des agressions, telles les inondations, les tempêtes de sable et plus récemment, la pollution.
On ignore sa réelle fonction. Il existe plusieurs hypothèses que je ne vais pas énumérer ici. Il y a une multitude d'articles et de documentaires à ce sujet. Mais ce qu'on peut dire sans hésitation, c'est qu'il est absolument grandiose.

Une allée royale reliait la pyramide de Khéphren au temple de la vallée de Khéphren, qui jouxte le Sphinx, d'où l'idée que le gros chat représenterait ce pharaon. Ce temple incroyablement bien conservé, devait sûrement servir de temple d'accueil et on y accédait directement en bateau. Oui, parce que j'ai un scoop ! À l'époque des pharaons, le Nil n'était pas là où il se trouve aujourd'hui. Son lit a changé de place. Autrefois le Nil coulait juste au pied du plateau des pyramides de Gizeh. Ça devait en jeter grave !

Nous avons passé 5 heures sur le site des pyramides et comme le diraient les archéologues : "ça creuse!"

Nous retournons dans la ville et nous dénichons un restaurant qui paye pas de mine pour une délicieuse tajine.
 

L'Égypte et ses pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à poser un décor sur ces mots, tant il y a de documen...