lundi 24 avril 2017

MEXICO

Me revoilà partie pour de nouvelles aventures…

Mon avion arrive à Fort Lauderdale Miami et je m’en vais rejoindre mon hôtel, mais j’ai comme l’impression qu’il n’y a pas de bus. Il est 22h ! Nous sommes plusieurs à attendre et le temps passe. Ce n’est pas normal ! Serait ce ma malédiction des transports ?

Après presqu’une heure d’attente on se résigne à partager tous ensemble un taxi jusqu’à la station de bus principale, où nous pourrons prendre un autre bus jusqu’à nos hôtels respectifs. Dans le lot, une américaine, 2 jeunes allemandes et une française de la soixantaine, qui ne parle pas un mot d’anglais et qui semble un peu perchée. Au départ, elle voulait rejoindre son airbnb à pied, à 4km plus loin, en marchant sur l’autoroute !!! On arrive à la convaincre que c’est un peu dangereux ! Surtout qu’il fait nuit ! Et on l’embarque avec nous.
Notre chauffeuse de taxi est adorable. On arrive à la station de bus, mais l’endroit est désert. Il n’y a que des clodos et des gens louches !!! Apparemment, c’est trop tard et il n’y a plus de bus, alors qu’il est seulement 11h du soir. Mais on est où là ?  

Notre chauffeuse refuse de nous laisser dans cet endroit sordide et insiste pour nous conduire dans nos hôtels gratuitement. L’endroit est tellement craignosse que nous acceptons sans rechigner, sauf … la française ! Elle ne sait pas ! Elle est perdue ! Il y a des gens qui dans le doute, éteignent leur cerveau et se figent ..  Finalement, elle nous dit qu’elle veut marcher !!! Notre chauffeuse tente de l’en dissuader. “Ce quartier est vraiment mal famé, et vous n’avez pas de plans, votre hôtel est loin d’ici …” Mais quand on est têtu, on est têtu!

Bref, nous n’allons pas dormir là, alors nous la laissons, mais je sens bien que notre chauffeuse culpabilise à l'idée de l’avoir abandonné !!! En France, on en aurait rien à foutre, chacun sa merde après tout ! Mais là, on est aux States. Je suis la dernière à être déposée et ma chauffeuse repart illico. Je la soupçonne d’être retournée à la station de bus pour vérifier si la française était toujours là bas !

À l’hôtel Deauville, je suis super bien accueillie. L’hébergement est très sympa mais je n’ai pas le temps d’en profiter car il est déjà tard, et je dois partir à 6h du matin pour rejoindre l’aéroport international de Miami. Le réceptionniste me recommande fortement de ne pas faire confiance aux bus et m'encourage à utiliser les taxis Uber. Bonne idée que j’ai eu d’installer cette nouvelle application préalablement sur ma tablette. Tous les américains fonctionnent avec Uber, si bien qu’il n’y a quasiment plus de bus. Voilà l’explication !

Le lendemain ...
Le réveil sonne, tablette en route, application Uber, j’appelle un taxi qui arrive 2min plus tard et qui me coûte le même prix que le bus ! Effectivement, je comprends pourquoi cette application est si populaire, y’a pas photo, merci Uber. 

J’arrive à la gare et embarque dans un train super propre et qui sent bon, direction l’aéroport de Miami. J’arrive très facilement en temps et en heure et embarque dans un avion à destination de Mexico City. Je me retrouve à patienter une heure avant de passer les douanes mexicaines. Un américain qui se trouve derrière mois dans la file m’explique qu’il vient ici tous les mois pour affaire et que c’est la première fois qu’il doit attendre si longtemps. Je me garde de lui dire que c’est sûrement à cause de ma malédiction des transports.

J’arrive au guichet du douanier. C’est la loterie. Chaque passager appuie sur un bouton : Vert tu passes. Rouge c’est la fouille. Devinez …………...
Rouge !

Chose faite, je sors de l’aéroport et prends un taxi. Je discute avec mon chauffeur et me remets doucement dans l’espagnol.

J’arrive à mon hostal (auberge de jeunesse). Alex le réceptionniste est super gentil et son auberge est très agréable. Dans mon dortoir de 18 personnes, je suis au sommet d’un lit superposé de 3 étages. Je suis rodée et même les gros ronfleurs ne m’empêchent pas de dormir. Je rencontre très vite d’autres voyageurs, mais aucun ne parle espagnol ! Du coup, je fais office de traductrice en prenant soin de cacher mes grosses lacunes. Ceci dit, à côté d’eux, j’ai l’impression d’être bilingue.

Mes premières impressions de Mexico City, c’est qu’il fait très chaud, en journée. Mais comme nous sommes à plus de 2000m d’altitude, les nuits sont bien fraiches. Pour ce qui est de la sympathie des locaux , c’est une histoire de pile ou face. Pile gentil, face pourri ! 

Mon autre remarque, c’est la pollution qui me brûle la gorge. Mexico City est dans une cuvette, entourée de montagnes et de volcans (que l’on ne voit pas à cause de la couche de pollution) et l’aéroport est en plein centre ville et il y a un milliard de taxis qui crachent du noir. Et puis c’est quand même la cinquième agglomération au monde en terme de population et sa superficie est énorme.

Malgré tout ça, je me surprends moi même à aimer cette ville, car et il y beaucoup de choses à faire et à voir. Il faudrait une bonne semaine pour tout visiter. C’est facile et pas cher de se déplacer, et chaque quartier est différent.

Ma première journée débute autour d’un petit déjeuner avec les autres voyageurs, et c’est parti... Je commence par le quartier de Polanco et c’est ainsi que je retrouve les joies des "chicken bus". Comme son nom l’indique, on y est serrés non pas comme des sardines, mais comme des poulets.

Polanco est un quartier plutôt chic où résident beaucoup d’expatriés. C’est aussi là que se trouvent les ambassades. Il y a des grands trottoirs, des magasins huppées, des petits lacs avec le pédalo classique de mauvais goût, en forme de cygne aux couleurs pétantes. Le kitsch, les mexicains en raffolent. 

Je me balade à l’ombre dans le bois de Chapultepec, puis vais faire un tour au musée d’anthropologie. Mexico Ciudad compte 170 musées et celui ci est le plus visité. C’est une merveille. On est plongé dans l’histoire de l’espèce humaine, depuis les australopithèques jusqu’aux civilisations actuelles du continent sud américain. Je passe 4h à l’intérieur sans voir le temps passer. L’humain et ses mystères … J’aime les reconstitutions, ça m’aide à mieux comprendre. Et dans ce musée, il y en a plein :-)



Des sculptures anthropomorphes indiquent que les peuples précolombiens pratiquaient un culte de l'ivresse. Il était coutume de consommer des boissons alcoolisées ou psychotropes lors des cérémonies. Les têtes aux yeux rouges et à la bouche ouverte seraient représentatives des effets de ces substances.





Je suis sidérée par les vêtements et les costumes traditionnels des peuples indigènes et d’antan. Ils sont si extravagants, ultra riches en couleurs et en froufrous .. Les stylistes de l’époque devaient consommer beaucoup de "hierba buena" pour avoir tant d’inspiration.
Et puis il y a les architectes et les sculpteurs qui nous ont laissés des traces remarquables du passé. Quand on pense que toutes ces œuvres ont été réalisées sans machines, juste avec de l’huile de coude et beaucoup de patience. Ce sont des prodiges.

La pièce la plus précieuse du musée est "La Pierre du Soleil", souvent appelée à tort "Calendrier Aztèque". Elle pèse 24 tonnes et mesure presque 4 mètres de diamètre. Elle est construite dans un seul bloc de pierre. Elle se compose de 8 cercles illustrés de symboles mythologiques, astrologiques et temporels. Elle était posée à l'horizontale. On pense que des sacrifices avaient lieu sur cette pierre. Le sang coulait à travers les cercles, nourrissant de façon symbolique les Dieux et les éléments. 



De ce musée, je réalise qu’il y a tant de secrets, d’incompréhensions et d’interrogations sur nos origines et notre passé. Toutes nos connaissances reposent sur des hypothèses. Nous nous battons pour des drapeaux et des croyances, mais nous ne savons même pas d’où nous venons. Depuis la nuit des temps, l’homme fabule et invente des légendes extraordinaires sur la naissance de la planète et la vie des dieux. Mais d’où viennent ces fictions ? Il y a autant de dieux que de peuples, autant de versions que d’historiens, autant de preuves que d’incohérences … Hmmmmm. C’est un peu perturbant.

Assez de turbulences dans mon petit cerveau, je quitte le musée et continue mon exploration.

C’est aussi dans ce quartier que se trouve le “Castillo de Chaputelpec”. Perché sur un promontoire rocheux, il domine son bois. Construit par un vice roi, puis habité par un empereur, il abrite aujourd'hui, le musée national.
Je l’admire seulement de l’extérieur, car ils refusent les bouteilles en plastique et les jettent à l’entrée. Je trouve ça idiot et polluant, c’est contre mes principes, donc je ne paye pas l’entrée et retourne dans le bois.


Des écureuils réclament de la nourriture aux touristes. Ils ne sont vraiment pas farouches. Je suis assise sur un muret et l'un d’eux me passe sur les genoux. Il a repéré un capuchon de bouteille et lèche l’intérieur. Je lui remplis d’eau, il boit tout d’un trait et se dresse sur ces 2 pattes me regardant d’un air : “ Je pourrais en avoir un peu plus ?”. Alors je le remplis à nouveau et Mr l’écureuil fini encore une fois son bouchon d’eau et repart dans son arbre. Appelez moi Blanche Neige !


Direction maintenant, le centre historique de Mexico Ciudad. 

J'essaye le métro ...propre, bien organisé, facile. Il y a même des wagons réservés exclusivement pour les femmes et les enfants. Quelle attention admirable ! Ça évite les tripotages insoupçonnés lors des périodes de pointe.

Je me balade autour du Zocalo. C’est comme ça qu’on appelle les places centrales des villes coloniales mexicaines. Le nom viendrait du mot “socle”, car on y dressait toujours une statue. Le zocalo se compose toujours d’une place, d’une église, d’un palais municipal (une mairie quoi!), et des couverts ( galeries sous arcade comme dans nos bastides) où sont alignés des restos et des cafés.
Les bâtiments sont imposants et très baroques. C'est un peu trop massif à mon goût et la place centrale est bétonnée. C'est dommage. J'y aurais bien mis quelques arbres pour alléger un peu l'ensemble, mais enfin je suis pas paysagiste non plus !






Par contre, en ce moment, il y a un festival de la médecine traditionnelle et ça c’est cool :-)
Je discute avec une femme qui vend ses lotions 100% naturelles. Elle les fait elle même, comme le faisaient ses parents et ainsi de suite. Je lui achète des petites fioles et elle m’offre un soin pour la circulation. C’est cadeau et ça marche.

Plus loin, des shamans offrent leurs services. Avec des bouquets d’herbes, des conques, des encens, et puis plein d’autres choses, ils nettoient le corps et l’esprit des patients. Ils font ça gratuitement et ils ne chôment pas, il y a du monde qui attend.
Je ne sais pas pour leur efficacité mais leurs sourires en disent long sur leur gentillesse. 



Une autre dame m’interpelle. Elle vend des plantes aromatiques et me fait le topo de chacune de leurs vertus. J’ai pas de carnet pour noter, dommage ! Sur son étal, je reconnais la menthe, le thym, le romarin, le fenouil … je lui dis que je les connais car je les cuisine. Elle me répond que ces plantes sont des cadeaux de la nature et qu’il faut les connaître pour savoir ce qu’elles nous apportent quand on les mange. Si on ignore leurs vertus, alors elles ne nous apporteront rien. Les plantes aromatiques ce n’est pas juste une histoire de goût.

Je quitte la place et vais explorer les rues voisines. Je tombe sur le “Templo Mayor” où surgissent les ruines de l’ancienne Cité Aztèque. Et c’est parti pour la rubrique “Histoire”:

Autrefois, se trouvait ici “Tenochtitlan”, la grande capitale aztèque. Une cité monumentale raffinement décorée. Un centre cérémoniel des plus sacrés, construit sur une île, sur le lac de Texcoco. (Aujourd’hui le lac n’existe plus, il a été asséché pour permettre à la ville de s’étendre). Tenochtitlan était parcourue par des canaux et des ponts, un peu comme à Venise. Les historiens sont un peu confus quant à la date de sa création car les codex sont contradictoires et les bases des pyramides se trouvent dans les nappes phréatiques, ce qui rend les fouilles impossibles.

Ça devait ressembler un peu à ça : 


peinture de Diego Rivera
Lorsque les conquistadors sont arrivés, la ville a été rasée et les pierres ont servi à construire la ville de Mexico, capitale du royaume de la Nouvelle Espagne. Puis le temps est passé et on a oublié l’existence de Tenochtitlan. Il faudra attendre 1978, pour qu'un grand programme de fouille ne soit mis en place.


Puis je continue à déambuler dans les rues jusqu'au coucher du soleil, j'ai les mollets qui piquent. 



Jour 2 : Je pars visiter les ruines de Teotihuacan en compagnie de Patrick l’irlandais. 

En route, nous découvrons la campagne de l’État de Mexico, semée de cactus, aux allures de désert montagneux et rocailleux, dans laquelle sont éparpillés des villages très colorés, construits à flanc de montagne. 



Les 2 grandes pyramides principales de Téotihuacan sont dédiées aux dieux du soleil et de la lune. Mais les statues retrouvées dans les pyramides indiqueraient que d’autres divinités y étaient aussi vénérées.
Elle fut l’une des villes les plus importantes de l’État Mésoaméricain, alignée selon les points cardinaux et la constellation d’Orion. 
 La ville atteint son apogée entre le IV et VIème siècle. C’était alors un important centre économique, commercial et religieux. Les pèlerins affluaient vers Teotihuacan. Puis soudainement, la cité fut abandonnée et la nature a repris ses droits, cachant les pierres sous la terre et les racines. 
Nous remontons la “ Calzada de los muertos” ( chaussée des morts), longue de 2km, qui nous mène jusqu’aux grandes pyramides. Aujourd’hui, il reste seulement les bases des monuments qui bordaient cette allée monumentale. Mais fût un temps où c'étaient de magnifiques temples très colorés et décorés du célèbre dieu aztèque “quetzalcoatl”, le serpent à plumes.
Les condamnés aux sacrifices ont dû remonter cette allée dans la terreur, avançant vers les pyramides, se rapprochant à chaque pas de leur mort.
Chez les aztèques comme chez les mayas, il était coutume de sacrifier des êtres vivants à chaque construction de pyramides. Il s’agissait en général de prisonniers, de tout âge. Mais on suppose qu’en l’absence de prisonniers, certains paysans devaient aussi y passer.
D’après les os qui ont été retrouvés sur le site, on estime que Teotihuacan aurait coûté la vie d’au moins 200 individus.  
Le mystère reste entier sur la façon de vivre, les coutumes et la disparition des aztèques de Teotihuacan. 






Le plus vieux quartier de la cité a été restauré pour aider les visiteurs à se rendre compte de ce à quoi le site pouvait ressembler. Tous les murs étaient recouverts de stuc blanc, puis sculptés et peints. La couleur dominante était le rouge. Les étages reposaient sur des grosses poutres de bois recouvertes elles aussi d’une couche de stuc, pour donner un aspect lisse et homogène.
Le soir, on allumait des petits feux dans de grandes coupes réservées à cet effet, dans les rues et à l’entrée des bâtiments.
La cité n’a été que partiellement fouillée. Sous nos pieds, il y a sûrement d’autres morts qui attendent de nous révéler leurs secrets. 


Après quelques heures de déambulation et de "crapahutage" sur les raides escaliers des pyramides, nous retournons à Mexico City et allons visiter le quartier de Coyoacan, où se trouve la maison de la célèbre artiste mexicaine ; Frida Kahlo. 





C’est dans cette superbe maison coloniale bleue que vivait Frida et son époux Diego Riviera. Cette femme exceptionnelle et sa personnalité extravagante a marqué les esprits de son pays. Frida était abonnée à Viedemerde.com ! Infirme à cause de la polio dès son enfance, elle fut ensuite victime d’un accident de bus et développa par la suite de multiples infections d’organes. Elles se déplaçait en fauteuil roulant et son corps la faisait terriblement souffrir. Ces douleurs apparaissent dans beaucoup de ces peintures. Certains de ces tableaux, très sombres, la représente, morte ! Artiste, peintre, styliste, sculptrice, communiste, féministe … Frida avait une vie bien remplie. Sans parler de ces aventures amoureuses et sensuelles avec filles et garçons.  Elle créait elle même ses corsets, ses vêtements folkloriques et ses coiffures originales. Son style était unique. 


 Sur son lit de mort, ses dernières paroles furent : “ j’espère que je ne reviendrais pas”.
Je recommande le film qui raconte sa vie interprétée par Salma Hayek.


Le quartier de coyoacan est très joli. C’est clairement un quartier résidentiel pour riches. Les maisons sont superbes, toutes agrémentées de magnifiques jardins et de grands arbres fleuris.
C'était autrefois un petit village, mais aspiré par l’expansion énorme de Mexico city, c’est aujourd’hui un quartier de la capitale. On y trouve aussi un zocalo, une église, un marché et plein de restaurants stylés ou populaires. Il fait bon vivre ici. 


Seulement voilà, il est 6h et nous nous apprêtons à reprendre le métro pour rentrer. C’est l’heure de pointe, impossible de rentrer dans les wagons tellement ils sont blindés! Nous attendons 1 métro, puis 2, puis 3, et ainsi de suite sans jamais pouvoir accéder à l’intérieur. Au bout d’une heure d’attente, le flux est toujours aussi dense. Plan B : Nous passons de l’autre côté de la rame et prenons le métro en sens inverse jusqu’au terminal, d’où partent les premiers passagers. Nous retraversons la rame, montons dans le métro et repartons encore une fois dans le sens inverse jusqu’au centre de Mexico … Bref, 2h30 passées sous terre pour un trajet qui dure normalement 15 min !

Je pourrais facilement rester une semaine à Mexico City tellement il y a de choses à faire, mais la ville, le bruit et l’agitation, je les supporte qu’à petite dose. Alors je décide de passer une nuit à Puebla, à 2h de bus vers le sud.

Puebla est une ville coloniale super baroque, fondée en 1531 sous le nom de Puebla de los Angeles.
Il y a des églises partout, des musées installés dans les plus beaux monuments, des couvents, des rues piétonnes, un grand marché couvert historique, des petites places pittoresques … C’est une très belle ville. Les façades sont ultra décorées. Les portes en bois sont monumentales et les patios intérieurs sont magnifiques. Il y a beaucoup d’arbres et de plantes.

















Mon coup de cœur est la bibliothèque historique, fondée par l’évêque Juan de Palafox. C’est la plus vieille du pays. On y trouve des livres de grande valeur, comme le manuscrit de grammaire égyptienne de Champollion. 






Le lendemain je reprends un bus jusqu’à Oaxaca. A côté de moi une mère et son petit bébé sur les genoux. Il fait une chaleur à crever et le petit est emmitouflé comme en hiver. Il mange toutes les 10 minutes ! Après quelques heures, il en a marre et commence à pleurer alors la mère me le pose sur les genoux, le temps de préparer un nouveau biberon ! Hmmmmm, comment dire que je ne suis pas très à l’aise ?! Moi, les bébés, je sais pas comment ça marche !  Et en plus il me tient chaud avec toutes ces couvertures, je crois que je vais avoir un malaise ! J’essaye de le calmer mais c’est pas une  réussite. J’ai même essayé de chanter Frère Jacques, c’est pour dire que j’ai tout donné !
Je soupçonne la maman de prendre tout son temps ! C’est qu’elle doit avoir des fourmis dans les jambes.
Biberon prêt ! Je tends la chose à sa mère et j’espère silencieusement que ce scénario ne se reproduira pas.

Me voilà arrivée à Oaxaca, dans le comté du même nom. C’est encore une ville coloniale, à 1500 mètres d’altitude. Propre, colorée, animée, activiste … j’aime bien Oaxaca. 







Mon auberge est très jolie, tenue par une jeune hippie, son fils et un employé venu du yucatan. Elle s’appelle “ cielo rojo hostal” et je le recommande à quiconque qui se rendra à Oaxaca.  L’accueil est parfait, ces personnes sont d’une gentillesse exemplaire. Ils m'invitent à partager leur repas et m'apprennent à cuisiner les "frijoles" à la mexicaine ( purée de haricots rouges) avec des tomates, oignons, ail, coriandre, ciboulette, piment jalapenos et fromage genre parmesan sec. Ce plat est la base de l'alimentation, ils en mangent à quasiment tous les repas, avec des tortillas.
Voilà le lien pour une une recette qui ressemble à celle qu'on m'a montré. Je vous conseille d'y rajouter des tomates coupées en tout petit dés.

http://cuisinemicheline.com/frijoles-refritos/

Le lendemain matin, je me lève aux aurores et profite de la belle lumière matinale pour prendre des photos de la ville. Il y a un marathon en cours et la circulation est bloquée dans le centre. C’est parfait pour mes photos. Ici, il fait tellement chaud en journée que les marathons ont lieu de 5 à 8h du matin. 

















Je vais visiter le couvent “Santo Domingo”. Une petite merveille qui date du XVIème. Il a été réaménagé en musée et en centre culturel. Les cellules des moines abritent des œuvres d’art retraçant l’histoire de la région depuis l’époque précolombienne jusqu’à aujourd'hui. Au rez de chaussée, le patio est monumentale et des portes donnent sur des jardins botaniques et des cours annexes. C’est dans ce musée qu’on trouve aussi le tombeau de Monte Alban, avec des crânes incrustés de turquoises, des bijoux en pierres précieuses, des coupes taillées dans du cristal de roche … c’est un vrai trésor. On apprend beaucoup de choses dans ce couvent et l’édifice vaut encore plus le coup que la collection d’objets de valeur qu’il abrite. 
















Dans l’après midi je me rends sur le site archéologique de Monte Alban, à quelques kilomètres de la ville. La chaleur est intense, d’autant plus que ce site culmine à 2000 mètres d’altitude. Cette cité a connu son apogée entre 350 et 550 ap J.C et dominait alors le monde zapotèque. C’est quoi “zapotèque” ???

Des preuves archéologiques montrent que cette culture remonte au moins à 2500 ans. Ils auraient mis au point un système d’écriture à base de hiéroglyphes représentant des syllabes qui prenaient des sens totalement différents selon le ton sur lequel elles étaient prononcées. Cette écriture serait la base du langage aztèque. Ils y avaient des castes ( genre : clergé, administrateurs, peuples et paysans …!) dont les membres se différenciaient par leurs habits, leur nourriture et leurs habitats. Mais on sait très peu de choses à leur sujet, comme c’est le cas pour tous les peuples amérindiens.
D’ailleurs, il y en a plein ...on connaît que les mayas, les aztèques et peut être les toltèques …. Mais en fait, il y a tellement de peuples qui ont occupés ces terres, qu’on en a la tête qui tourne quand on commence à les énumérer!!  Tous aussi mystérieux les uns que les autres, et on est jamais sûr de l’ordre dans lequel ils se sont succédés.  Et les conquistadors ont de toute façon détruit quasiment toutes les preuves de leur existence. 








Les olmèques aussi ont été présents sur le site de Monte Alban. C’est quoi les olmèques ??? Bé, un autre peuple !!!!!! Mais ils seraient noirs avec des grosses narines !!!! Bizarre ??? Certes ! D’où ils viennent ? Aucune idée fondée !
Ils sont représentés sur des Stèles en pierre, nus avec des colliers, en train de danser et si on regarde de plus près …. Il semblerait qu’ils soient castrés !!! Alors qu'est ce que ça veut dire ? Esclaves torturés ? Artistes extravagants ? Êtres sacrés ? Pffffff ! Les théories diffèrent selon les guides et les livres ! J’y comprends rien. Plus je visite de ruines de l’époque précolombienne et plus c’est le chaos dans mon esprit !


Tête d'Olmèque au musée d'anthropologie de Mexico City



Ce qui est sûr, c’est que ces peuples étaient de grands bâtisseurs,qu’ils étaient polygames et que leurs stylistes étaient complètement extravagants. Leurs costumes étaient ultra chargés, de plumes, de pierres précieuses …  ça devait être lourd à porter.

Le cerveau rempli d’explications contradictoires, je m’en retourne à Oaxaca et vais faire un tour au marché pour siroter un bon jus de “manay” ( fruit d’un cactus) très rafraîchissant.

Le lendemain, je joins un tour organisé pour visiter quelques autres curiosités des alentours. J’aime pas les tours, mais le prix est attractif. 

A l'aller, nous nous arrêtons dans le village de Tule, où d’après le "National Geographic" et le "Guiness des Records", se trouverait l'arbre le plus gros du monde, en terme de diamètre. 
Hmmm ! Je suis un peu méfiante, car des arbres les plus gros du monde, j'en ai vu déjà plein !!!! 
Mais je suis quand même bluffée quand j'arrive devant l'engin ! C'est vrai que je ne me rappelle pas avoir vu un tronc si large dans tous mes voyages. C'est un cyprès de Montezuma et sa circonférence est de 42 mètres. Son diamètre est de 14.5 mètres. Belle bête ! On ne connait pas exactement son âge mais on estime qu'il aurait entre 1200 et 1300 ans. Wow ! Respect à cet ancêtre. 
Il est protégé par une barrière, on ne peut pas s'approcher du tronc et je ne peux donc pas lui faire un gros câlin. Il est vraiment superbe et les gens restent silencieux à l'observer. On est tous émerveillés.




Nous allons ensuite visiter une fabrique de tissage artisanal. C’est un père et son fils qui nous expliquent comment ils procèdent. Les colorants sont tous naturels et tout est fait à la main. C’est de plus en plus rare car les colorants artificiels et les machines sont davantage rentables de nos jours. Le petit ne va pas à l’école et son père en est plutôt fier. C’est lui qui lui a appris le métier et qui lui apprend l’anglais pour pouvoir vendre aux touristes. Dans la pauvre campagne, ça se passe comme ça. La main d’œuvre est précieuse et les artisans n’ont ni le temps ni l’argent pour l’éducation de leurs enfants. Surtout qu’avec leurs petits doigts de fée, ils font du travail remarquable.








Nous poursuivons notre route vers une fabrique de mezcal.

Le mezcal est une boisson alcoolisée mexicaine élaborée à partir de l'agave (à ne pas confondre avec la mescaline, alcaloïde hallucinogène extrait du peyotl). Alors que le mezcal peut être produit à partir de n'importe quelle agave, la tequila est produite seulement à partir de l'agave bleue. 

Pour plus de détails sur la fabrication artisanal du mezcal, je vous conseille ce site. : 

https://voyageraumexique.wordpress.com/tag/fabrication-du-mezcal/

Autant les explications sont rapides et expéditives, autant les dégustations me semblent interminables. Je goûte du mezcal jeune, vieux, au café, au chocolat, aux fruits ….bref, . J’ai la tête qui tourne et la chaleur n’arrange pas les choses. Nous remontons tous dans le van, on est cuit !!! 


cœur de l'agave, à partir duquel on produit le Mezcal.


Il faudrait que je mange pour éponger tout ça, mais nous allons d’abord visiter les ruines de Mitla.

Mitla était une cité précolombienne du Mexique, occupée par les Zapotèques et par les Mixtèques (encore un autre peuple amérindiens). Son nom lui vient de «Mictlan», qui signifie «lieu des morts» en nahuatl. Les Zapotèques l'appelaient «Lyobaa», ce qui signifie «Lieu du repos».

Son architecture est caractérisée par des frises géométriques constituées de pierres façonnées et assemblées avec une grande précision, pour résister aux séismes. Ce travail est tellement minutieux, qu’on se demande comment il est possible. Ces techniques sont parfaites. La juxtaposition des pierres sont au millimètre près. Une telle précision n’est pas possible de nos jours sans l’utilisation de machines.  Il ne faut pas avoir un bac + quarante douze en architecture pour se rendre compte de cette prouesse. C’est impressionnant.
A Mitla, on peut accéder à 2 tombes souterraines. Il faut y aller un peu en rampant. Même si les corps ont été délocalisé, on ressent une énergie intense et on a une forte sensation dérangeante inexplicable.  Personne ne veut s’attarder dans cet endroit.

Notre guide est super intéressant et il parle un espagnol très propre et clair, contrairement aux "campesinos" qui ne font aucun effort d’articulation. Je comprends toutes les explications. 












Nous allons manger … Comme c’est un tour et qu’il faut que l’affaire soit rentable, le minivan s’arrête devant un resto isolé, cher, et nous n’avons pas d’autres choix que de payer le prix fort d’un buffet à volonté. Mais pas folle la guêpe !! J’ai l’habitude de ces tactiques, et j’ai mon pique nique dans mon sac, que je partage avec une québécoise et un petit chat errant.

Ça y est, j’ai épongé le mezcal, et c’est reparti pour la dernière destination, le clou du spectacle de ce tour ; les piscines naturelles de “ hierve el agua”. Nous sommes au sommet d’une montagne, et avons une magnifique vue sur les vallées boisées environnantes. Haaaaa, enfin un peu de calme et de nature…

Il s'agit de cascades pétrifiées. Ces formations géologiques ont été créées par des sources dont l'eau est sursaturée en carbonate de calcium et autres minéraux. Lorsque l'eau arrive à la surface, l'excès de minéraux est déposé. Même principe que pour les formations des stalactites dans une grotte souterraine. Une des cascades a été aménagée pour permettre la baignade dans des bassins, dont les murs sont entièrement recouvert par le dépôt naturel de sels minéraux.
On voit l’eau surgir des sources, et le paysage se reflète dans l’eau comme dans un miroir. C’est superbe. 










La zone des cascades présente également un intérêt archéologique. Il existe un système d'irrigation construit par les Zapotèques, il y a 2500 ans. Il est probable que ce site ait été également un site sacré. Des études ont montré que ce système d'irrigation était unique au Mexique, puisque l'irrigation était une chose rare dans les cultures préhispaniques. Il ne reste que des vestiges de ces canaux et les études archéologiques n'ont pas encore été réalisées de manière complète.


Le problème des tours organisés, c’est qu’on a soit trop de temps soit pas assez. Ici, c’est pas assez. Je voudrais dormir là, mais pas possible. Nous restons quand même jusqu’au coucher du soleil et c’est grandiose. Ce site dégage une très belle énergie et la campagne est super paisible.

Nous revenons à Oaxaca. Je suis claquée, j’accuse le mezcal et les coups de soleil.


Bon, je commence à en avoir un peu marre des villes coloniales, alors direction les plages du Pacifique. Je me retape quelques heures de bus pour arriver à Puerto Escondido, et plus précisément à la Punta. C’est un petite zone éloignée du centre urbain, prisée des surfeurs et des backpackers. Ambiance vagues, grandes plages, bars sous paillote, cocotiers et tutti quanti. Je me trouve une belle auberge agrémentée d’une végétation touffue, de hamacs, d’un restaurant végétarien, de dortoirs basiques, de douches froides ( fort appréciable étant donné les 50°C ambiant ) bref, je suis chez des hippies. Je fais là de supers rencontres. Il y a plein de chats et des chiens avec qui on partage les lits et les hamacs.
Les cuisinières mexicaines préparent chaque soir un dîner familial. C’est à dire qu’on mange tous sur la même table, un plat unique végétarien délicieux. Ces jeunes filles sont des cordons bleus. C’est génial pour rencontrer des gens, rigoler, échanger des bons plans voyage. Ça se finit toujours par des longs papotages autour de bières.
Dans mon dortoir je suis toute seule avec les moustiques. 



Mon premier coucher de soleil, je le passe seule… mais pas longtemps … Fernando, un jeune mexicain, m'accoste pour m’expliquer un projet de développement de cartes touristiques étanches ! Pourquoi pas ! Du coup, il s'assoit à côté de moi et nous échangeons quelques mots en spanglish, jusqu’à que le soleil ne disparaisse complètement, puis il m’encourage à ne pas rester plus longtemps sur la plage, car c’est dangereux !! Le soir, aucun touriste ne se balade sur la plage, parce que les vols et les agressions sont fréquentes. Cette info m’a été répétée par le personnel de mon auberge et les commerçants locaux. Donc, je ne vais pas tenter le diable, et de toute façon la plage ne va pas s’enfuir, elle sera toujours là demain. 

La plage de Zicatela est très belle mais le courant est violent. Je fais une tentative et me rends bien compte que je fais me faire emporter au loin si je continue. Moi qui est la trouille des vagues et des baïnes, me voilà bien servie. Même avec de l’eau jusqu’aux cuisses, le courant me fait tomber. Pas étonnant qu’il n’y a personne dans l’eau !!! 




Plan B : Il existe des petites criques tranquilles où la baignade est beaucoup plus facile. J’embarque dans les taxis collectifs, qui sont des genres de pick up, où on s’assoit à l'arrière, sur des bancs en bois. C’est abrité par une bâche et il y a même une petite sonnette reliée à la cabine du chauffeur, pour qu’il comprenne qu’on veut s’arrêter. C’est quasi gratuit et on peut aller partout avec ces trucs là, encore mieux qu’Uber :-) c’est comme ça que j’explore les environs de Puerto Escondido, dignes de paysages de cartes postales. Je trouve les gens vraiment très gentils ici. Les commerçants et les locaux sont vraiment sympathiques et souriants. C’est que du bonheur.









On mange bien pour pas cher et les jus de fruits sont excellents. On trouve plein de produits organiques et naturels. C’est aussi la saison des mangues et les avocats en veux tu en voilà … hmmm j'arrête pas de bouffer. C’est bien ici, je décide de prolonger de quelques jours et j’en profite pour suivre des cours de yoga. Il semblerait que je sois dans mon élément.

Après une semaine de détente, je décide quand même de changer d’ambiance et direction le village de "San Cristobal Las Casas" dans les Chiapas. Ma malédiction des transports resurgit …. 

J'embarque dans un bus de nuit pour un trajet de 12h ! En passant, je précise que les bus longues distances du Mexique sont sûrs et confortables mais qu’ils abusent largement de la climatisation à l’intérieur. Je suis tellement bien emmitouflée dans mon sac de couchage, que je m'endors profondément sans me rendre compte que nous sommes à l’arrêt complet depuis 4h ! Qu’est ce qu’il se passe encore ?
Un barrage humain bloque le passage … Bienvenue aux Chiapas.

Les protestations sont fréquentes dans cette région du Mexique, à la frontière avec le Guatemala. On a entendu parler des révoltes des indigènes et du mouvement zapatiste … mais c’est quoi exactement qui se passe là bas ? Bé je m’en vais vous expliquer …

Le Chiapas c’est une zone montagneuse, magnifique mais un peu rude, peuplée de très nombreuses communautés indigènes, pour la plupart descendants des mayas. Ils sont divisés en groupe ( Tzotziles, Choles, Zoques …). Chacun parle leur propre langue et il n’est pas rare de croiser des paysans qui ne parlent pas un mot d’espagnol. Ces peuples représente 10% de la population du Mexique, pour dire qu’ils sont nombreux.  

Une chose est assez surprenante. Le Chiapas est l’État le plus pauvre du Mexique, et quand je dis pauvre, c’est qu’il est classé dans l’extrême pauvreté. Ils souffrent de malnutrition, n’ont ni l’eau ni l’électricité courante, pas de service d’éducation, pas de sanitaire... Alors que c’est l’État le plus riche du pays en matière de ressources. Le Chiapas est un diamant économique pour le Mexique. 1er producteur de café, 3eme de maïs, 2ème place en élevage … gisements de pétrole, uranium, réserves de gaz, 1ère production d’électricité par ses grands barrages. C’est aussi ici qu’on récupère le “chicle” pour faire les chewing-gum, qu’on cultive la canne à sucre … et je ne vous parle pas de la pression des laboratoires pharmaceutiques et des groupes agroalimentaires qui viennent piller la biodiversité des forêts .. Et puis “Coca Cola” vous voulez qu’on en parle ?
C’est ici que les usines se trouvent.  Pour fonctionner c’est simple : ils s’approprient les sources d’eau rendant l’accès à l’eau potable impossible aux locaux. Ici le Coca est donc moins cher que l’eau. Ils créent des emplois vous allez me dire !! Mais à quel prix ?
Maintenant, on comprend mieux l’enjeu politique et économique qui fout la pagaille dans cette région, où les habitants sont exploités pour des salaires de misère, privés de leurs terres et de leur biens, pour le compte de grands propriétaires et d'industriels mexicains et étrangers.
C’est le même principe que pour l’Afrique.

Les mouvements révolutionnaires débutent le 1er janvier 1994, quand le président du Mexique, Carlos Salinas de Gortari, célèbre l’accord de libre échange nord américain, l’Alena, qui associe le pays aux États Unis et au Canada. Les paysans indiens se soulèvent avec pour modèle Emiliano Zapato qui va donner son nom aux Zapatistes.  Les indigènes revendiquent l’autogestion, le droit à la terre, aux logements … Mais le gouvernement déclenche une contre offensive qui fait plusieurs centaines de morts. Dans les années qui suivent, des accords entre les zapatistes et le gouvernement sont signés, mais ne sont jamais concrétisés. C’est de pire en pire...
En 1997, un groupe de paramilitaires tirent sur des indigènes qui s’étaient réunis pour prier. La police tente de cacher la tuerie mais les zapatistes se révoltent encore. Les journalistes étrangers sont expulsés et les agressions se poursuivent. 
En 2000, l’espoir renaît avec le président Vicente Fox. Les zapatistes organisent une marche pacifiste vers Mexico city, filmée par les caméras du monde entier. On y croit … mais c’est une nouvelle trahison. Le parlement vote une loi bâtarde vide de sens et d'espoir, et le peuple Indien ne compte toujours pas politiquement.
Aujourd’hui, le mouvement révolutionnaire est encore actif, mais sous forme de petites protestations et de banderoles. Les zapatistes se sont repliés et ont rompu avec l’État mexicain. Ils vivent en petite communauté et c’est possible d’aller leur rendre visite. Mais c’est pas une attraction touristique, et il vaut mieux bien se renseigner de l’état de la situation avant d’y aller.

Bon je crois que j’ai fait un bon petit résumé de la situation, revenons en donc à notre bus...
Des indiens ont installés des gros pneus sur la route et aucun véhicule ne peut passer. Comme il n’y a qu’une seule route, c’est embêtant. Mais personne ne gueule, ni ne klaxonne. Tous les gens ici connaissent les raisons de ces protestations, et n’en veulent en aucun cas aux indiens qui manifestent.

Alors qu’est ce qu’on fait ? Est ce qu’on sait combien de temps ça va durer ? “Peut être 3 jours, peut être une semaine” me répond le chauffeur. Nous voilà bien. Mais il y a toujours des solutions et les compagnies de transports sont habituées. Quelques coups de fil et tout s’organise. Nous devons descendre du bus, récupérer nos sacs et marcher 3km jusqu’au barrage. Marcher à côté des moteurs des camions en pleine cagna c’est pas une partie de plaisir, mais nous sommes un petit groupe de touristes européens et on prend cela à la rigolade. C’est là que je rencontre 2 personnes adorables qui seront mes nouvelles copines de voyages ; Ani une anglaise\ sri lankaise et Badou une chanteuse tunisienne à la voix d’or.

Nous passons le barrage sans ronchonner et de l’autre côté nous prenons un tuk tuk qui nous emmène plus loin, jusqu’à un bus qui nous attend. C’est dans ce bus qu’ils ont mis tous les touristes qui vont à San Cristobal.  C’est reparti …. On roule quelques heures jusqu’à une petite ville où nous changeons à nouveau de bus pour la dernière partie du trajet. Tout cela est compris dans notre billet, nous ne devons rien payer de plus, tout est pris en charge, c’est quand même un bon service.

Avec mes 2 nouvelles copines, nous allons dans la même auberge qui s’appelle “La Isla”, et qui est plein de musiciens. L’accueil est super détendu, le personnel ultra relax. Il y a 2 chats qui dorment avec moi, j’suis trop contente. Par contre, je dors pas très bien à cause des bedbugs ( puces de lit) et ça vient pas des chats, parce qu'ils n'ont pas de puces. Quand je préviens la réception, on me dit que c’est pas possible, donc j’ai des hallucinations apparemment, merci de votre aide, je trouve ça un peu limite. Enfin bon ! 

 


Comme tout le monde semble faire de la musique ici, on se passe une soirée à chanter du blues et à faire de l’impro, tous assis en rond. C’est un très bon moment.






 Au niveau du temps, je suis pas trop gâtée. Il pleut ! Du coup, je reste dans la ville, à déambuler entre le marché d’artisanat local, les restaurants et les rues piétonnes. San Cristobal Las Casas est une très belle ville coloniale, pas chère, et ses habitants sont super gentils. Il y a une très bonne atmosphère. Cette cité espagnole fut fondée en 1528  et à été rebaptisée pour rendre hommage à l’évêque Bartolomé de Las Casas, défenseur des Amérindiens. Les Tzotziles se mélangent aux touristes pour vendre leur artisanat et de l’ambre. 









Dans les alentours, il y a des villages communautaires où les amérindiens ont conservé leur culture ancestrale malgré la christianisation. Leurs églises sont tenues par des shamans, et les rituels de sacrifices des animaux sont courants. Les touristes peuvent y assister mais les photos sont strictement interdites. Moi je n’y vais pas car d’après le récit d’une touriste qui en revient, il font saigner un poulet, et le secouent, et font gicler le sang sur les dévots !!!!! Bé moi y’a moyen que je ne supporte pas de voir ça, ça ressemble à du voodoo, j’aime pas trop trop ça. Et si je devais vomir dans l’église, je sais pas comment ils le prendraient !! 

Par contre, je participe à une cérémonie du chocolat !! Selon les recherches archéologiques, il est possible que le chocolat était connu des Olmèques et des Mokayas vers 1750  av JC. Mais ce sont les Mayas qui ont développé sa production et les Aztèques qui l'ont intégré dans leur culture. 
Le cacao structurait alors la vie économique, religieuse et sociale.

                            chocolat chez les Aztèques  « xocolatl » chez les Mayas : « chocolhà »



RECETTE AZTÈQUE :

Broyez les fèves de cacao, puis faites les griller.
à feu doux, verser de l'eau dans la pâte obtenue, en battant activement, jusqu'à obtenir une consistance liquide mousseuse.
Rajouter du mais (maïzena), miel ou sucre de canne, et piment, à votre convenance.
Mélanger bien. 

Et voilà c'est prêt...


Le ka'kaw( cacao en maya) était la boisson des Dieux, un peu comme l'hydromel chez les Grecs. Il était donc consommé en cérémonie et lors des rituels, mais seulement par les dignitaires, les nobles et les grands guerriers.  On buvait en l'honneur d'Ek Chuah, le Dieu Maya du cacao et des commerçants. 
Les fèves de cacao avaient tellement de valeur que les aztèques s'en servaient aussi comme monnaie.



 Lorsque les conquistadors découvrent le chocolat, c'est le coup de foudre. Ils en rapportent à la Cour d'Espagne et le succès est immédiat. Le chocolat sera très vite exporté partout en Europe, sous forme de tablettes.




Et puis aujourd'hui encore, on reconnait les vertus du chocolat. C'est un anti-stress, un anti-fatique, un anti-déprime, c'est bon pour le cholestérol, c'est un antioxydant, il diminue la tension artérielle et c'est recommandé pour les grossesses. Donc vous l'avez compris, mangez du chocolat, mais du vrai chocolat avec au moins 70% de pure cacao. C'est pas la peine de vous jeter sur vos Ferreros, ceux là ne vous apporteront rien de bon !

Ma cérémonie ne ressemble pas vraiment à un rituel maya. C'est plutôt une pratique néo hippie, qui consiste à boire en groupe un bon cacao amer, préparé à l'ancienne. La cérémonie se poursuit par une méditation guidée de groupe, dans le but de sentir les bienfaits du cacao dans notre corps et notre esprit. C'est une expérience très intéressante et très relaxante, que je recommande.






Bon, on dirait bien que c’est la fin de mon séjour au Mexique.

Changement d’ambiance. 

En route vers San Pedro La Laguna, GUATEMALA, et à bientôt pour de nouvelles aventures :-)

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