samedi 27 avril 2024

L'Égypte et ses pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à poser un décor sur ces mots, tant il y a de documentaires et de films sur ce pays.

L’Égypte se situe en Afrique du Nord et fait partie du monde arabe mais ne fait pas partie des pays du Maghreb, vous me suivez ?

Elle est recouverte en grande majorité par le Sahara mais c'est pourtant le troisième pays le plus peuplé d'Afrique. Sa langue officielle est l'arabe Égyptien et son histoire remonte aux premières civilisations. 

Regardons la carte d'un peu plus près ...

L’Égypte est entourée de la Libye, du Soudan, d’Israël et de la bande de Gaza en Palestine. Des pays voisins d'une stabilité tout à fait relative !

Novembre 2023, nous avons la télé, la radio et l'interweb. Nous sommes donc au courant du conflit israélo-palestinien, alors nous éviterons d'aller faire les malins du côté de leurs frontières et nous nous cantonnerons sagement aux itinéraires touristiques classiques. Nous partons sereins. Et même si notre vol a été annulé une semaine avant le départ, on en a trouvé un autre, beaucoup moins cher bizarrement.

Notre avion décolle avec 2h50 de retard (pas 3h car sinon il aurait fallu nous rembourser, ça aurait été dommage) à cause d'une panne électronique. Après 2h30 de vol, le pilote nous annonce qu'il commence à amorcer la descente. Étant donné que la durée de vol entre Paris et le Caire est de 4h45, je fais rapidement le calcul et me dit que que cette histoire est louche ! Je regarde par le hublot ... Le paysage est drôlement vert pour l’Égypte !!!

Une fois sur le tarmac, le pilote nous annonce que nous avons bien atterri à "Rome" !!!! Ce pilote ne doit pas être très doué en Géographie. Nous attendons une explication mais tout l'équipage reste muet. Puis nous attendons, et nous attendons encore ...

Quand 3 flics entrent dans l'avion et se dirigent vers les premiers sièges pour arrêter un homme. La tension monte ...

- "I am egyptian!" hurle l'homme qui se défend.

Mais les flics semblent plus que déterminés à embarquer cet homme. 

Derrière nous, une passagère fait une crise d'angoisse. Allons donc !

Une fois que les flics sont sortis avec le passager et que la crise d'angoisse est maitrisée, nous restons dans l'avion, toujours sans explication, à patienter sagement. Dans sa plus grande bonté, le pilote nous annonce que les hôtesses vont nous servir un "petit" verre d'eau pour patienter. Je ne suis pas sereine, j'ai peur qu'ils nous le facturent.

Une heure s'écoule. Nouvelle annonce : On nous explique que l'avion doit être entièrement fouillé et que nous devons sortir et attendre dans l'aéroport. Nous attendons en zone d'embarquement jusqu'à minuit.

Avec toute cette histoire, nous atterrissons au Caire à 5h du matin, soit 12 heures après l'heure prévue. Et comme si nous n'avions pas eu notre dose de contre temps, la douane égyptienne décide de prendre son temps et fouiller notre valise à l'arrivée. Ils n'ont rien trouvé (c'était bien caché !!!).

Sachant que nous avions pris un bus de nuit pour nous rendre à Paris, dans lequel nous n'avions naturellement pas réussi à dormir, cela fait 2 nuits que nous sommes éveillés. Notre apparence est quelque part entre Picasso et Walking Dead.

On fait appel à un taxi UBER pour nous rendre dans notre studio Air BnB.  Le gentil chauffeur nommé Sameh nous amène ainsi jusqu'à notre destination en utilisant le GPS de mon téléphone (Il est loin le temps des voyages sans internet). Sameh ne parle pas anglais mais Google Traduction oui (Il est loin le temps des voyages sans internet). Ah pardon je radote ! 

Faut se l'avouer, Internet c'est quand même super pratique en voyage. Et le GPS quelle formidable invention ! Maintenant, je ne me perds presque plus !

Notre appartement est correct. Par contre, l'immeuble dans lequel il se trouve, semble être à l'abandon. On se rendra compte plus tard que c'est l'état d'à peu près tous les bâtiments de la ville. 

Des chats squattent dans la cage d'escaliers. Je suis contente, j'aime bien les chats. Ils sont omniprésents au Caire. Dans l'islam, le chat est apprécié et respecté. Il est admiré pour sa propreté. Le prophète Mahomet lui même interdit la persécution et le meurtre des chats. Les chiens n'ont malheureusement pas cette chance.


LE CAIRE / CAIRO

Une fois nos batteries rechargées, on part explorer Le Caire. C'est la capitale du pays et avec ses 20 millions d'habitants, c'est la ville la plus peuplée d'Afrique. 

Je retrouve les particularités des grandes villes surpeuplées. Une fourmilière humaine, un trafic routier ultra dense et chaotique, des klaxons incessants, des SDF, et surtout un taux très élevé de pollution. Dis comme ça, on pourrait croire que je suis à Paris, mais non. Car ici la pollution est nettement plus étouffante, d’autant plus qu'elle se combine avec la poussière de sable du désert. Mes poumons d'asthmatique saignent. Pour respirer un peu, on se rapproche du Nil qui traverse le Caire. 

Le voilà le fleuve légendaire dont nul ignore le nom. Ce fleuve nourricier qui a donné naissance au pays et qui rythme la vie de ses habitants depuis des millénaires. Cet indomptable qui se fait admirer autant qu'il se fait craindre. Il peut se révéler aussi généreux que sévère. Ses humeurs correspondent aux époques de gloire et de misère du pays. Notre regard se pose sur lui et se laisse bercer par ses flots, silencieusement, oubliant le temps qui passe. Le Nil est envoûtant.

Certains quartiers résidentiels permettent aussi d'échapper au bruit et à l'agitation, comme ceux de Garden City, Zamalek ou Gezirah. Dans ces coins plus calmes, on découvre de belles villas de style européen entourées de beaux jardins et de grands arbres. Ces quartiers rappellent que depuis la campagne de Napoléon Bonaparte (1798 - 1801) l’Égypte a passionné les européens et plus particulièrement les britanniques qui l'ont occupé de différentes manières pendant près d'un siècle.

Il est tellement dommage que ces villas soient en état de décrépitude. Les volets pendent au fenêtres cassées, les murs ont perdu leur couleur, recouverts par une épaisse couche crasseuse de pollution, cette même couche qui étouffe les grands arbres à l'agonie. Cet état avancé de dégradation fait mal au cœur. Est ce un manque de moyen ? une insensibilité au Patrimoine ? une volonté d'oublier ce passé colonialiste ? Ou bien peut être une combinaison de tous ces facteurs ...

La nuit, la ville est belle et agréable. L'ambiance est plus chaleureuse, il y a moins de voitures et de klaxons. Les égyptiens s'activent davantage lorsque le soleil est couché et que les températures sont plus clémentes. Toutes les boutiques, les épiceries, les fast-foods égyptiens sont ouverts jusqu'à tard. Dans la rue, les passants sont souriants. Nous ne ressentons aucune insécurité lors de nos errances dans les rues de la capitale. On peut manger ou boire un café dans un ahwa traditionnel à n'importe quelle heure. Par contre ce n'est pas facile de trouver de l'alcool, et comme nous sommes accros à notre petite bière fraîche de fin de journée, nous partons en mission. C'est finalement dans une communauté d'expatriés grecs que nous trouvons notre bonheur ! C'est le Greek Club. Un bar restaurant qui semble être "The place to be" pour la jeunesse branchée du Caire, les expatriés et les étudiants internationaux. Comme on y sert de l'alcool, l'endroit est relativement bien caché, et il faut s'acquitter d'une adhésion à l'association pour pouvoir en profiter. Dans ce petit jardin à l'ambiance chaleureuse on peut y déguster la Stella. Ne vous y détrompez pas, cette bière est bien brassée en Égypte, même si la marque appartient au groupe Heineken et que la brasserie a été initialement fondée par un belge !!! C'est une bière légère et rafraîchissante qui colle très bien avec le climat égyptien. 

photo extraite du site
"the Mediterranean dish"

Au Caire on goûte à la gastronomie locale, et on se souviendra particulièrement du koshari d'Abu Tarek. Ce restaurant sur 5 étages est une institution aussi bien pour les touristes que pour les locaux.

Le koshari est une spécialité culinaire locale composée de pâtes, de riz, de pois chiches, de lentilles, une sauce tomate vinaigrée, quelques piments et du citron. Un régal. Après une telle assiette, je pense avoir atteint mon quota annuel de féculents. Pour les petits encas, il y a les sandwiches falafels aux fèves dans la rue et il y a les délicieux jus de fruits frais comme il en existe "pas" chez nous. De plus, les commerçants et les serveurs sont toujours très sympas, tout comme les gens dans la rue qui nous aident avec plaisir à trouver notre chemin.

LE MUSÉE DU CAIRE

Nous poursuivons notre exploration en allant visiter le musée égyptien du Caire. Il est consacré à l’Égypte Antique et il fait partie des plus grands musées du monde, de par le nombre et la valeur des pièces qu'il abrite. 

Et maintenant, c'est l'heure d'une petite pause historique :

L'Égypte Antique s'étend sur une looooooongue période qui se situe entre -3000 ans av JC et le IVème siècle, lorsque le pays se fait absorber par l'Empire Romain.

Alors sortez vos vieux livres d'histoire. 

En - 3000 av JC en France, qu'est ce qu'il se passe ? Et bien c'est la période du Néolithique. On commence juste à se sédentariser et à organiser l'agriculture. Ensuite, il y a les Celtes qui arrivent et qui font des trucs chelous avec des gros cailloux ! C'est l'époque de Stonehenge par exemple, qui aurait été bâti quelque part entre 3000 et 1100 av JC, pour des raisons incertaines. C'est approximatif comme information, mais c'est un repère historique. 

À cette époque en Égypte ... 

Les pharaons aiment aussi les gros cailloux. Ils les taillent, les empilent et les assemblent pour construire des pyramides, parce que les premiers pharaons ils kiffent le triangle (contrairement aux Celtes qui préféraient les ronds et les croix). C'est à cette époque que fut construite la pyramide de Kheops, vers 2500 av JC. Des millions de pierres assemblées pour un monument de 280 coudées, soit 146,58 mètres de haut. Cette pyramide restera le monument le plus haut jusqu'au XIVème siècle.

Au concours de "C'est qui qui a la plus grosse ?" l’Égypte semble avoir remporté le prix.

 

Revenons en à notre musée :

 
Parmi les plus belles pièces de ce musée on a la Palette de Narmer, sur laquelle sont inscrits les plus vieux hiéroglyphes connus à ce jour. Ils datent de 3100 avant notre ère. Ils témoignent de l'unification de la Haute et de la Basse Égypte par le Roi Narmer.

Un autre chef d'œuvre du musée est le Trésor de Toutankhamon. Dans une belle salle à la lumière tamisée, on peut admirer le masque funéraire du pharaon, ses sarcophages, ses dagues et ses bijoux, le tout orné finement d'or et de pierres précieuses.  

 

Le musée abrite aussi de nombreuses statues, sarcophages, des étoffes, des sculptures, des objets dont on a encore du mal à trouver la fonction ... 

Un ustensile de cuisine 🤔 ?

Et des momies incroyablement bien conservées, sur lesquelles ont peut encore voir les cheveux, la barbe et les ongles. C'est tout simplement stupéfiant. Ces momies ont traversé des millénaires et se retrouvent là devant nous, avec leur visage paisible, comme si elles étaient simplement endormies.  


 

 

Par contre, quelque chose me turlupine. 

Les momies sont superposées dans des cercueils de verre poussiéreux et couverts de traces de doigts, empilés les uns sur les autres. Puis, au milieu d'une salle, un troupeau de touristes amassés autour d'un couple royal de momies, auxquelles on a ôté les masques funéraires. Ces deux âmes se sont donné tant de mal pour s'assurer le respect, le repos et la vie éternelle dans l'au delà. Pourtant, elles sont là, exhibées comme des bêtes de foire. Cette scène me fait de la peine et me met mal à l'aise. Je trouve cela irrespectueux et indécent.

De plus, il n'y a aucun panneau explicatif dans le musée. Nous aurions pu prendre un guide professionnel, mais là aussi c'est une mission que de trouver un vrai guide parmi tous ceux qui nous proposent leur service. Heureusement, mon ami Google nous accompagne et nous explique tout. (Cependant ne vous méprenez pas, Google est sympa mais il ne remplacera jamais un bon guide).

Pour la défense du musée, j'ai quand même une explication. Un nouveau musée est en construction du côté des pyramides de Gizeh. Les pièces sont déjà en cours d'acheminement de l'ancien vers le nouveau musée. Celui du Caire, au look bien obsolète, devrait donc bientôt fermer ses portes. Donc il est inutile de dépenser du temps et de l'argent pour son entretien.

Après avoir passé 4h dans le musée, on a faim et on a mal aux jambes. Nous allons au restaurant le plus proche en sachant pertinemment que nous le regretterons au moment de payer la note. Notre serveur devine très vite que nous sommes français et nous passe une playlist française, au grand dam des autres touristes internationaux présents. On a même droit à la Marseillaise. Si on voulait passer incognito, c'est râté ! De toute façon, en Égypte, quand on est touriste européen, il est absolument impossible de passer incognito. Ils nous voient arriver à des kilomètres, et nous interpellent avec toujours les mêmes références." Mon ami, La France, Jacques Chirac, Zidane et la Vache qui rit" . C'est toujours la même rengaine. 

Poursuivons notre exploration du Caire...

Nous prenons un taxi, le moyen le plus pratique et très économique pour se déplacer en Égypte. Ils ont le compas dans l’œil, ça on peut pas leur enlever. Au Tetris ce sont des champions. Dans les bouchons, la règle c'est qu'il n'y a pas de règle et que tout espace vide doit être comblé. Et en plus des voitures, il y a les piétons, les 2 roues et les chiens. C'est totalement chaotique. La plupart des taxis sont des 504 dont ils sont très fiers.  En règle générale, les automobilistes sont sereins au volant, c'est agréable. Ça nous change des Girondins. (Une petite blague médisante de temps en temps ne fait pas de mal). 

Par contre et comme partout, les chauffeurs de taxi ne sont pas toujours très honnêtes ! Il existe une multitude d'arnaques en tout genre. Il faut toujours se méfier, négocier le prix avant la course, savoir faire preuve de patience et s'assurer que le chauffeur ait bien compris la destination !!! Les échanges peuvent être un peu électriques parfois. Chaque course en taxi est une aventure en soi. On peut tomber sur des conducteurs gentils et prudents ou des chauffeurs dangereux et antipathiques. C'est comme jouer à la loterie ! Ceci dit, en dehors du fait qu'il n'y ait aucun code de la route, que les véhicules ne respectent aucune norme de sécurité, que fumer de l'herbe n'améliore pas les réflexes au volant et que conduire un taxi à 90 ans ce n'est pas une bonne idée, nous sommes toujours arrivés à bon port et c'est le principal.

LE VIEUX CAIRE

Dans le vieux Caire se trouvent 2 quartiers historiques. Le quartier Copte et le quartier Islamique.

Pour ma part, je n'avais jamais entendu parler des coptes avant d'arriver en Égypte. Pourtant, c'est un des plus anciens groupes chrétiens au monde. 

Pour la faire courte : En 30 avant notre ère l'Égypte passe sous domination romaine et Alexandrie en est la capitale. Une longue période de paix s'installe pendant laquelle le christianisme se répand dans le pays. L'évangéliste Marc fonde une église à Alexandrie, vers l'an 42, qui va donner naissance à la communauté copte orthodoxe d'Alexandrie.  Les coptes ont leur propre langue qui descend de l’égyptien ancien.

Puis, à partir du Vème siècle, les Byzantins envahissent et occupent le pays. Les coptes sont parfois victimes de persécutions, alors lorsque les Arabes musulmans envahissent l'Égypte au VIIème siècle, les coptes les accueillent comme des libérateurs. 

Pendant les siècles suivants, l'Égypte va passer sous la domination de plusieurs dynasties arabes musulmanes comme les Omeyyades, les Abbassides et les Fatimides. L'Égypte peu à peu se convertit à l'islam. Les coptes restent majoritaires jusqu'au XIVème siècle puis la cohabitation se gâte. Une partie des coptes s'exile vers l'Éthiopie. 

J'espère que ce résumé est à peu près clair, car j'ai sauté pas mal de chapitres.

2 quartiers, 2 ambiances ;

- Le quartier islamique est très très animé. Il y a beaucoup de monde et de bruit. Entre les marchés et les souks, c'est une énorme foire à ciel ouvert. Textiles, ferronneries, viandes, épices ... on y trouve de tout. Le quartier regorge de belles mosquées au décor finement sculpté, des écoles religieuses et des magnifiques maisons historiques qui nous plongent dans un décor des 1001 nuits. Ce quartier est un labyrinthe de ruelles étroites et de petits passages, tantôt sombres tantôt colorés, dans lesquels on aime se perdre. À la tombée de la nuit, les boutiques et les restaurants allument leurs loupiotes, les coupoles s'illuminent et le décor devient encore plus fantastique. 


 

- Dans le quartier Copte c'est plus calme et la circulation en voiture est restreinte. C'est un petit espace confiné dans lequel se trouvent les plus anciennes églises et synagogues d'Afrique. C'est aussi là que la première mosquée d'Égypte fut construite. Ce quartier fut construit à l'emplacement même d'une ancienne forteresse Romaine nommée Babylone, en mémoire à l'ancienne cité antique de Mésopotamie. Ainsi se mêlent les architectures et les influences du passé. Une église fut construite sur les piliers de l'ancienne Babylone. Cette prouesse architecturale date du IXème siècle. On l'appelle "L'église suspendue".

 

Que ce soit dans un quartier ou dans l'autre, on est constamment sollicités, surtout par les enfants, qui ne sont pas tous des petits anges !! Il y a beaucoup d'enfants en Égypte. Le taux de fécondité est de 3.5 enfants par femme.

Après ces quelques jours dans la capitale on a besoin d'un peu plus d'espace. Et puis ce qu'on est venus chercher ici, c'est l'Égypte des Pharaons. Alors Cap vers le Désert ...

Le plan A était d'aller voir les pyramides de Gizeh, mais nous avons fait la grave erreur de nous pointer à l'entrée du site, un vendredi (jour du Sabbat, c'est à dire le 1er jour du weekend égyptien) et à 10h, soit au moment de la plus forte influence !

Comment vous dire ? J'ai l'impression que c'est le 1er jour des soldes !

Devant la petite guérite ou 1 seule personne est supposée faire entrer des milliers de visiteurs, c'est le chaos. Les gens se montent les uns sur les autres. Ça crie, ça se bouscule ... Un homme nous fait des signes pour nous inviter à passer allégrement devant les gens qui font la queue (même si on ne peut pas vraiment appeler ça une queue, disons plutôt une meute !), dans le genre "pousses toi de là que je m'y mette!", nous faisant croire que nous sommes prioritaires, alors que non absolument pas ! Ensuite, il nous réclame un bakchich sous prétexte qu'il nous a aidé à avancer d'1 mètre dans la meute !!! Le site est géré de façon complètement archaïque et inadaptée, c'est l'anarchie. Comme dirait l'autre ; "Ils sont fous ces égyptiens !"

Franchement, quand on y pense : Les Pyramides de Gizeh, site touristique de renommée mondiale, les seules des sept merveilles du monde encore existantes de nos jours, la première destination touristique du pays depuis des siècles et ... Ils sont toujours pas prêts les gars ?! 

Bon enfin, Ça nous servira de leçon. Á l'avenir, ne rien prévoir les vendredis et samedis. Nous abandonnons les pyramides. Marche arrière dans la foule, on passe au plan B. 

Excusez ce faux départ. On l'a refait.

Nous ce qui nous botte, c'est l'Égypte des Pharaons, alors Cap vers le Désert, là où tout à commencé...

SAQQARAH

3000 av JC = L'Ancien Empire est marqué par le premier roi d’Égypte, MÉNÈS, qui va construire sa capitale à Memphis. Dans ce Memphis là on ne chante pas le blues, mais on bâtit une grande et forte nation réunissant la Hausse et la Basse Égypte. Vous vous rappelez de la palette de Narmer qui raconte cet épisode ? Narmer et Ménès ne sont en fait qu'une seule personne, soit le premier pharaon d'Égypte, première dynastie.

La capitale est à la grandeur de ses rois qui se succèdent et elle a besoin d'une nécropole royale pour que tous ces souverains puissent reposer en paix et pour l'éternité.

C'est à SAQQARAH que la nécropole royale sera établie et c'est précisément là où le complexe funéraire de Djeser sera construit en 2680 av JC. Notre "José" égyptien était Roi de la 3ème dynastie (oui, on en est déjà à la troisième génération de pharaons, ça s'enchaîne très vite, il faut suivre). Je me permets de l'appeler José car Djeser n'est pas son vrai nom de toute façon. Son nom original est imprononçable si bien que le peuple l'appelait Horus !!! 

À cette époque les tombeaux sont des mastabas. Des édifices rectangulaires en terre crue qui abritaient les sépultures de toute une famille.

José lui pour son tombeau, il veut innover. Il veut quelque chose qui en jette. Un monument unique qui lui permettra d'être en parfaite connexion avec la terre et le ciel. Pour cela, il fait appel à un célèbre architecte de l'époque, un certain IMHOTEP (la famille ça va ça va ! ). 

Ce projet va marquer un grand tournant dans l'architecture funéraire des pharaons, le rectangle fait place au Triangle, la pierre remplace la terre crue et la Première pyramide naît.

 

Elle n'est pas encore lisse, c'est une pyramide à degrés. Elle est comme un escalier qui mènerait l'âme depuis les profondeurs de la terre jusqu'au ciel infini. Cette pyramide est une révolution pour son époque, le plus grand monument jamais construit en Égypte. Et elle n'est pas seule. Autour d'elle se dressent des mastabas, des chapelles, des pavillons, des cours, une enceinte ... C'est un gigantesque complexe et la pyramide n'est que la face visible de l'iceberg. En dessous se trouve tout un réseau souterrain de pièces et de galeries qui donnent encore du fil à retordre aux archéologues et aux historiens.

Á Saqqarah, il y a un autre site très surprenant, c'est le SERAPEUM. 

Le Séra quoi ? Pas de Panique, Wikipedia, à notre service :

Dans le cadre plus strict de l’égyptologie, un sérapéum est une nécropole souterraine où étaient ensevelis les taureaux sacrés du culte d’Apis.

Ce site est impressionnant. Chaque taureau était momifié à Memphis, puis transporté en procession jusqu'à Saqqarah pour y être enterré dans un gigantesque sarcophage massif de granite, d'environ 80 tonnes. Les sarcophages étaient placés dans de grandes niches le long d'une galerie souterraine.

Le complexe de Saqqarah est immense, tellement grand qu'il faut un taxi pour aller d'un secteur à l'autre. Notre chauffeur de taxi est habitué bien sûr et nous attend à  chaque fois sur les parkings. Mais je ne pense pas qu'il avait prévu que nous soyons si longs. Bé oui, on aime prendre notre temps, fouiner, réfléchir, discuter, admirer, et surtout ressentir et s'imprégner des énergies. C'est quand même pas tous les jours qu'on visite des tombeaux de pharaons. 

Le site semble sans fin et il est toujours en cours de fouilles. C'est d'ailleurs le plus vaste site archéologique d'Égypte. Saqqarah est demeuré nécropole funéraire pendant 3500 ans, alors à mon avis, ils ont pas fini de creuser ! Les vestiges du passé sont partout. Il y a des éclats de vielles poteries sur le sol, des pierres gravées de hiéroglyphes, des trous profonds creusés par l'homme, qui sont en fait des puits au fond desquels reposent les momies. Attention où vous mettez les pieds, ce tombeau pourrait bien être votre tombeau ! 

Les visiteurs peuvent marcher librement entre les vestiges, mais pour rentrer à l'intérieur des tombeaux, il faut se faire accompagner de son gardien, en échange d'un petit bakchich. (En Égypte, le mot "bakchich" a été détourné de son sens et signifie désormais "pourboire" ou simplement "prix à payer"). Quand on a de la chance, on tombe sur un gardien qui a participé aux fouilles et qui connait l'histoire du tombeau qu'il garde. D'autres gardiens mal intentionnés vous proposeront d'entrer dans des passages interdits, car dangereux ou en cours de fouilles, pour avoir un plus gros bakchich. Il y a aussi ceux qui essayent de vous apporter des informations mais qui n'ont malheureusement pas les connaissances pour. 

Du genre ;

-  "Vous voyez sur ce hiéroglyphe on voit un oiseau et là un poisson, et maintenant salle suivante suivez moi ..." 

Il y a aussi ceux qui sont d'un calme absolu et qui vous accompagnent dans un total silence.  Ainsi, chaque visite de tombeau est une expérience unique, et on ne peut jamais échapper au bakchich. Je me demande combien ces hommes sont payés à rester là toute la journée. Ils n'ont même pas de toilettes. Résultat, ça sent la pisse et autre !!! Nous qui aimons nous faufiler dans des endroits cachés, ça nous a calmé. Finalement le chemin principal, c'est bien ! 

Les archéologues européens travaillent sous des tentes

Le site est tout simplement passionnant et nous y restons jusqu'au coucher du soleil (je pense que notre chauffeur de taxi a maudit notre rencontre). Le soir, au lieu de retourner dans le bruyant Caire nous décidons de passer une nuit à Gizeh au pied des pyramides, dans un hôtel. 

Gizeh est une grande ville récente qui a pour seul avantage d'être au pied du plateau où se trouvent les célèbres pyramides. Son expansion et celle du Caire font que les 2 villes se rejoignent. Ainsi, Gizeh fait partie de la métropole Cairote même si elle se trouve à 25 km de celle ci.

De nombreux hôtels ont été construits le long du plateau. Ils sont équipés de toit terrasse avec vue sur les pyramides. Un spectacle son et lumière carrément kitsch vient illuminer les pyramides chaque soir. Nous profitons de notre toit terrasse pour regarder le spectacle.

Le lendemain, forts d'expériences passées, nous nous levons tôt pour faire la queue à l'entrée des pyramides, et cette fois ci, ça passe comme une lettre à la poste. Enfin nous y sommes.

 

LES PYRAMIDES DE GIZEH

Les voilà, les magnifiques, les grandioses, les majestueeeeeuses, j'ai nommé : Les pyramides de Gizeh.

Elles intriguent et elles fascinent par leur imposante dimension et leur géométrie parfaite. Elles représentent la toute puissance des pharaons, le savoir faire et le génie des anciennes civilisations. 

Contrairement à ce qu'on raconte, les bâtisseurs n'étaient pas de simples esclaves mais des ouvriers bien formés et organisés. Et pendant la saison des crues, les agriculteurs ne pouvant plus cultiver leurs champs inondés par le Nil, rejoignaient les chantiers pour prêter main forte aux bâtisseurs. 

 

 

 Comme Saqqarah, le plateau de Gizeh était une nécropole royale située sur la rive ouest du Nil. Elle faisait partie d'un énorme ensemble funéraire qui s'étendait sur une trentaine de kilomètres. La partie de Gizeh regroupait 38 pyramides et plus de 9000 tombes. Mais aujourd'hui, de cet énorme complexe funéraire, il ne reste que 9 pyramides dont les 3 plus célèbres sont :


1) La Pyramide de Khéops.
 
C'est la plus ancienne pyramide de Gizeh et c'est la plus grande d'Égypte. Elle mesurait 146 mètres lorsqu'elle fut achevée en 2570 avant Jean Claude. Depuis, l'érosion lui a fait perdre un peu de  hauteur. Elle est la première des sept merveilles du monde et la seule à avoir survécu jusqu'à nos jours. Elle fut construite pour abriter le mausolée du pharaon KHEOPS sous la 4ème Dynastie. Ce tombeau est un chef-d'œuvre qui marque la consécration de toutes les techniques architecturales mises au point à cette époque. Son architecte s'appelle HEMIOUNOU. En plus d'être un formidable ingénieur, c'était le vizir de Khéops et un membre de la famille royale. Lui aussi repose dans la nécropole de Gizeh, dans un mastaba proche de sa pyramide. 
Il est encore tôt et la foule n'a pas eu le temps d'envahir le site. Nous en profitons pour rentrer dans la grande pyramide. Pour se faire, nous faisons la queue et montons un escalier rudimentaire sans protection pour atteindre l'ouverture, puis nous entrons dans les entrailles du géant. C'est une expérience dont je me rappellerai toute ma vie. À l'intérieur la chaleur est étouffante. Nous avançons très lentement, pliés, les uns derrière les autres dans un petit couloir étroit où nous ne pouvons pas tenir debout. 
Dans ce passage à double sens, il est difficile de se croiser. Claustrophobes s'abstenir ! C'est très anxiogène et je m'étonne qu'il n'y ait pas plus de victimes de crises d'angoisse. Enfin, ça doit quand même arriver, vu le vomi qu'il y a sur le sol !!!! 

Nous arrivons dans la Grande Galerie. Wow, cet espace est impressionnant. C'est un couloir étroit de 2 mètres de large et 8.5 mètres de haut. Au plafond, des énormes blocs de granite sont placés en encorbellement. On ne sait pas à quoi servait cette galerie, mais c'est à couper le souffle. Ensuite, on se faufile à nouveau dans un étroit passage mais cette fois, c'est à 4 pattes que nous avançons, jusqu'à à atteindre la Chambre du Roi (ou pas ! C'est peut être une fausse, un leurre pour déjouer les pilleurs !!! ). La pièce est murée et plafonnée d'énormes blocs de granite rouge. On peut sentir la pression de tout le poids qui nous entoure. On se sent assez vulnérables dans cet espace où juste 400 tonnes de granite sont posés là en dessus de nos têtes. Heu, c'est pas une fissure que je vois là ?  
Pour réduire la pression exercée par ces dalles, une autre chambre appelée chambre de décharge, se trouve au-dessus de la salle, et un système de ventilation moderne reprenant les gaines d'aération d'origine assure la circulation de l'air. Sinon, on étoufferait, c'est sûr. Les murs sont parfaitement polis et les blocs sont assemblés les uns aux autres avec une telle minutie, qu'il est impossible de passer une feuille de papier entre eux. Une prouesse qui intrigue. Le sarcophage du Roi est toujours là mais il est très endommagé. 
 
Nous restons quelques temps dans la chambre à la fois impressionnés et émerveillés, à tenter d'imaginer comment les hommes ont pu réaliser une telle prouesse. Puis, assommés par la chaleur et la pression, nous décidons de reprendre le même chemin jusqu'à la sortie. Les jambes tremblantes et le souffle court, nous sommes soulagés de revoir la lumière du jour et nous avons le sourire au lèvres. Waouuu c'était intense. L'atmosphère qui règne dans cette pyramide est unique. 
Une pyramide n'est jamais seule. Elle est toujours entourée d'un grand complexe funéraire qui comprend des temples des mastabas, et des pyramides secondaires et ... des barques solaires. En effet, autour de la pyramide, on voit des grandes fosses en forme de coque de bateau qui accueillaient des barques en cèdre libanais semi enterrées. 
 
Ces embarcations avaient pour rôle de transporter l'âme du Pharaon défunt vers le Nil puis vers l'Océan. Les ferris de l'au delà en quelques sortes. Dans les croyances de l'Égypte Antique, on pensait que tout ce qui était de l'ordre du vivant était issu d'un océan primordial. Après le décès, les âmes devaient rejoindre cet océan et le Pharaon était leur guide. On plaçait donc les embarcations autour de sa pyramide pour qu'il puisse remplir son rôle de guide divin. Les vivants venaient déposer de la nourriture dans les barques pour s'assurer que leurs défunts ne manquent de rien pendant leur voyage dans l'au delà. Et je ne vous parle de petites barquounettes de pêcheurs à la mouche. La barque du soleil de Kheops mesurait 43.50 mètres de long pour 4 mètres de large ! 

Il est plutôt agréable de marcher autour des pyramides. Pour les fainéants ou ceux qui auraient du mal à se déplacer vous pouvez toujours vous offrir les services d'un cheval ou d'un chameau pour aller d'une pyramide à l'autre. Pour les autres, à pied c'est largement faisable.

2) La Pyramide de Khéphren : 

Un peu moins haute que sa voisine (136m) cette pyramide a été construite pour KHEPHREN, le fils de Khéops, en 2520 avant Jean Christophe. Sur la partie supérieure de la pyramide, on voit encore le parement de pierres blanches calcaire. Autrefois, les pyramides étaient toutes blanches avec sur leur sommet, un petit pyramidion recouvert de feuilles d'or qui reflétait la lumière du soleil. Ainsi les pyramides étaient éblouissantes. À leur base, il y avait une partie noire, faite de granite. Des blocs très solides, assemblés comme les pièces d'un puzzle, qui assuraient le soutien de l'ensemble. 

3) la Pyramide de Mykérinos

C'est la plus petite. Elle fait 62 mètres de haut et elle a été construite pour le pharaon MYKERINOS, le fils de Khéphren. Vous l'avez compris, les trois pyramides représentent la transmission du royaume de père en fils.

La pyramide de Mykérinos présente une grande entaille, qui a été faite au XIIème siècle par le sultan de l'époque, qui voulait simplement voir rapidement ce qu'il y avait à l'intérieur !!!

4) Le Sphinx
 
Cette statue colossale a été sculptée à même la roche sous le règne de Khéphren, dont elle serait peut-être le portrait, puisque la tête du Sphinx est une figure humaine avec un némès rayé, le couvre-chef emblématique des pharaons.
 
 
Ce n'est pas Obélix qui a cassé le nez du sphinx et encore moins Napoléon, puisque des gravures antérieures à son arrivée représentaient déjà la statue sans nez. Le Sphinx a subi bien des agressions, telles les inondations, les tempêtes de sable et plus récemment, la pollution.
On ignore sa réelle fonction. Il existe plusieurs hypothèses que je ne vais pas énumérer ici. Il y a une multitude d'articles et de documentaires à ce sujet. Mais ce qu'on peut dire sans hésitation, c'est qu'il est absolument grandiose.

Une allée royale reliait la pyramide de Khéphren au temple de la vallée de Khéphren, qui jouxte le Sphinx, d'où l'idée que le gros chat représenterait ce pharaon. Ce temple incroyablement bien conservé, devait sûrement servir de temple d'accueil et on y accédait directement en bateau. Oui, parce que j'ai un scoop ! À l'époque des pharaons, le Nil n'était pas là où il se trouve aujourd'hui. Son lit a changé de place. Autrefois le Nil coulait juste au pied du plateau des pyramides de Gizeh. Ça devait en jeter grave !

Nous avons passé 5 heures sur le site des pyramides et comme le diraient les archéologues : "ça creuse!"

Nous retournons dans la ville et nous dénichons un restaurant qui paye pas de mine pour une délicieuse tajine.
 

mercredi 20 février 2019

Escapade au Maroc


L'histoire commence à Marrakech. 

✈ Arrivée à l'aéroport, je prends un taxi pour me rendre dans le centre ville. Mon chauffeur a un certain âge et son carrosse est une vieille Mercedes qui semble être un prototype des premières générations de véhicules roulants. Le trajet est agréable, mon chauffeur est gentil comme tout. Il me dépose dans le quartier de Kasbah où il m'est bien difficile de trouver mon auberge dans ce dédale de rues qui se ressemblent toutes. Alors un jeune marocain vient à mon secours et m'accompagne jusqu'à la porte. Il est évident qu'une petite pièce est la bienvenue en échange du service rendu et le jeune homme est dur en affaire. Finalement, il s'aperçoit vite que je n'ai aucun lien avec Crésus et que j'ai beau paraître naïve, j'ai du tempérament. L'échange est rigolo, c'est un gentil garçon. Il me souhaite une chaleureuse bienvenue. Les Marocains ont une très bonne mémoire. Il suffit d'une poignée de main et ils se souviendront de votre prénom à vie. Celui ci n'échappe pas à la règle et il ne manquera jamais de venir me saluer et d'échanger quelques mots à chaque fois que nous nous recroiserons dans le quartier.

L’accueil dans mon auberge de jeunesse n'est pas terrible. C'est pas très propre et tout le mobilier est cassé. Chaises trouées, tables bancales, robinets branlants qui fuient, coussins éventrés, douches pourries et je ne parle pas de l'état de la cuisine. Le plus dérangeant, c'est de devoir sonner 15 minutes pour rentrer car l'hôte fait la sieste et il n'y a donc personne pour vous ouvrir, où de ne pas pouvoir dormir car le personnel fait la fête devant votre porte. Je crois que c'est plus de mon âge !
Du coup, je déménage 500 mètres plus loin. Je galère à nouveau pour trouver la bonne rue mais encore une fois , une bonne âme vient à ma rescousse. Cette fois ci, c'est l'employé d'un Riad qui me propose de venir dans son établissement et d'utiliser son wifi pour me repérer sur le GPS. A l'intérieur c'est splendide, j'en oublie presque pourquoi je suis venue.
Une fois localisée sur mon téléphone, je découvre que je ne suis qu'à 2 portes de mon établissement, j'étais pas si perdue en fin de compte ! Et c'est comme ça que j'arrive à l'Hostel Dream Belko 💗💗 Un havre de paix, de générosité et de sincérité.
C'est Soufiane qui m'ouvre la porte. Ma langue fourche, j'inverse les consonnes et je lui demande si je me trouve bien à "l'Hostel Kelbo", qui pourrait être traduit par "l'auberge des chiens". Ça le fait bien marrer mais il me laisse quand même rentrer.
Dans cette auberge, il n'y a rien à redire. Soufiane et Mourad la gèrent parfaitement, avec beaucoup de cœur, de patience et de bonté. C'est super propre et confortable. La cerise sur le pompon, c'est que cette auberge est moins chère que celle où j'étais avant. Ici on se sent comme à la maison. Je fais de très belles rencontres dans ce chaleureux endroit.

Pour visiter Marrakech, il faut se perdre dans les ruelles et comme j’excelle dans cette discipline, bé j'ai bien visité !

Le Mellah, c'est le quartier Juif. C'est un quartier pauvre, pittoresque et très vivant. Il a ses propres souks dans lesquels les prix sont plus raisonnables et les négociations plus honnêtes. On peut y faire de bonnes affaires. La vérité est qu'il n'y a plus beaucoup de juifs qui habitent ici.
Il y a 2 synagogues ouvertes au public moyennant quelques pièces. J'ai pas de monnaie mais ils me laissent quand même rentrer gratuitement. La place des ferblantiers a été rénovée récemment. Les juifs maîtrisaient particulièrement le travail du fer blanc et cette activité s'est perpétuée dans le quartier. Il y a aussi un beau marché aux épices. Les couleurs et les senteurs s'emparent de mes sens. 



J'arrive à la Médina. Elle date du XIème siècle. Elle est entourée d'une muraille ocre, haute de 8 à 10 mètres, qui s'étend sur 19km. Elle est percée de magnifiques portes monumentales. Le gouvernement a investi beaucoup d'argent pour la restauration de ce centre historique. Les Riads sont pris d’assaut par des investisseurs étrangers qui les transforment en hébergements de luxe ou en résidences secondaires.
Ils sauvegardent ainsi le patrimoine mais font exploser les prix de l'immobilier obligeant les Marocains à s'installer en périphérie de la ville où les loyers sont moins chers. 



Le point de repère de la médina, c'est la place Jemaa el Fna, ce qui signifie "place des trépassés". À l'origine, c'était la place de la justice où avaient lieu publiquement les exécutions.
Aujourd'hui, l'ambiance est très différente. C'est très animé. Des arts de rues, des musiciens, des spectacles folkloriques, des charmeurs de serpents, des diseuses de bonne aventure et des pauvres singes attachés à des chaines ... C'est la cour des miracles.


Les stands de jus de fruits frais me font saliver. Du boui- boui au grand restaurant, il y en a pour tous les goûts ici.
D'un côté, la grande Koutoubia ; la plus grande mosquée de Marrakech, entourée de jardins et d'espaces verts où les gens viennent se balader pour échapper à la pollution et à l'agitation de la ville.






De l'autre côté, les souks, où on ne peut pas faire autrement que de se perdre. Le souk des babouches, celui des tapis, des épices, des herboristes ... le coin des ferronniers, celui des teinturiers, des vanniers, des forgerons, des menuisiers ...Tous ces artisans travaillent selon les méthodes ancestrales directement dans leurs échoppes. Leurs gestes sont parfaits et révèlent leur savoir faire. 
À chaque souk, son atmosphère, ses odeurs, son décor ... C'est un labyrinthe immense plein de surprises. Un après midi ne suffit pas à tout découvrir. Je suis contente que ce soit la basse saison car les passages sont étroits. En pleine saison touristique ce doit être une horreur.




J'aime me promener dans les souks le matin aux moments où les vendeurs se préparent à ouvrir. Il y a moins de monde et les commerçants sont détendus et de bonne humeur. Ils m'invitent à boire un thé à la menthe, pendant qu'ils préparent leur devanture. Ils sont vraiment gentils et d'une grande hospitalité. C'est très facile d'échanger avec eux. Ils ne m'insultent pas si je n'achète rien et me souhaitent toujours la bienvenue. L'artisanat qu'on trouve ici est splendide et d'une belle qualité. Bon il y a toujours des arnaques, il faut se méfier. D'ailleurs les marocains appelle la ville  "Arnakesh". Les souks marocains n'ont pas été épargnés par la concurrence chinoise qui propose les mêmes produits moins chers et de qualité médiocre.

Ce monde est magique et trépidant, mais on est bien content de retrouver le calme en fin de journée, car les souks mettent tellement tous nos sens en ébullition que c'est vite épuisant.



Marrakech est aussi une ville culturelle avec une multitude de musées, de jardins et de monuments historiques. Il faut faire des choix, je ne peux pas tout visiter car les entrées ne sont pas données.
J'opte pour le musée de Mouassine, installé dans une "douiria" du 17ème siècle, décorée avec raffinement comme à l'époque de la dynastie des Saadiens. Une douiria rassemble les appartements du maître de maison, attenant à son Riad. C'est là qu'il recevait les visiteurs étrangers en privé.







 Le palais de la Bahia du XIXème, est un exemple d'architecture mauresque islamique. Il fut construit par Si Mussa, un riche et puissant grand vizir. Le Palais était un immense Riad, le plus grand et le plus majestueux de son époque. Son héritier successeur le fit agrandir pour y résider avec ses 4 femmes. Il y ajouta un harem pour ses 24 concubines et leurs nombreux enfants. D'ailleurs, Bahiya était le nom de sa maîtresse favorite. Ce mot  signifie "la belle ou la brillante". Dans le palais il y a aussi des magnifiques jardins andalous, des écuries, des fontaines ... Les meilleurs artisans du pays ont travaillé pour ce chef d’œuvre.




le harem










Les tombeaux Saadiens, datant du XVIème sont un bel exemple d'architecture hispano mauresque. Ils ne furent découvert qu'en 1917. Ce mausolée abrite le corps d'une soixantaine de Saadiens dont le grand sultan Saadien Al Mansour lui même. Tout est orné de marbre et de bois de cèdre. Le sultan y repose avec sa famille, ses soldats et ses serviteurs dans un décor de luxe et de prestige.








Les tombeaux se trouvent dans le quartier de Kasbah (où je loge, pratique !). Ce quartier a servi de modèle architectural à de nombreuses cités impériales marocaines.  C'était un quartier riche et prestigieux, qui fut oublié et détruit au fil du temps. Aujourd'hui les tombeaux et la mosquée sont les seuls vestiges de cette époque grandiose. C'est un quartier où il fait bon vivre, où les cigognes en transit vers l'Afrique du Sud ont élu domicile sur les toits des maisons. 




Je serais bien allée visiter une mosquée, mais la seule qui autorise l'entrée aux non musulmans est en cours de restauration et donc inaccessible ! Dommage !


Les alentours de Marrakech valent aussi le détour. Je pars en excursion dans les vallées du Moyen Atlas. En route, nous passons devant les palmeraies.🐪 🚙 🐍 🌞 🌱🌴
Ça paye pas de mine comme ça, mais ces plantations datent quand même du XIème siècle. Cette très vaste palmeraie utilise un système d'irrigation ancestrale souterrain que les historiens ont du mal à dater. C'est un ensemble de puits verticaux reliés à une galerie de drainage en pente. Ainsi, l'eau est acheminée vers des réservoirs dans les zones arides. Ce système aurait été inventé en Perse au 1er millénaire avant JC. C'est grâce à ce système ingénieux que des oasis ont surgi dans le désert, permettant les cultures de dattes, d'huile de palme, cœurs de palmiers ...
Les palmeraies sont devenues une attraction touristique. On peut les visiter à vélo, en quad ou en dromadaire (attention si vous allez faire des balades en dromadaires, renseignez vous quant à leur traitement, ce sont des animaux, pas des machines !) Des hôtels de luxe ou des jardins, comme celui de Majorelle, se sont construits dans cette zone, détournant le réseau d'irrigation au détriment des agriculteurs. Il y a donc polémique dans le secteur.

J'arrive dans le Moyen Atlas. Des petites montagnes de grès rouges, des paysages agricoles et ruraux et surtout un bon bol d'air frais qui sent pas le pot d'échappement.







La vallée d'Ouzoud est surprenante par sa belle cascade de 110 mètres de haut. On a l'impression d'avoir quitté le Maroc, je ne m'attendais pas à voir ce genre de paysage ici.

Pour accéder aux cascades, je suis l'Oued (rivière) en passant par les plantations d'oliviers et d'amandiers. C'est la saison de la récolte des olives et les familles sont dans les champs avec leurs ânes. Tout le monde, même les enfants, cueillent les baies et les étalent sur des filets posés au sol pour les faire sécher. À ce stade, elles ne sont pas bonnes à manger, je dirais même que c'est dégueulasse. D'ailleurs, savez vous comment on appelle la culture de l'olive ? Et bien on parle d’oléiculture et cette activité remonte à l'invention de l'agriculture. 
On cultive l'olive depuis le néolithique et on en tirait déjà de l'huile à cette époque. Cependant, il est vrai que depuis la préhistoire, l'olivier a subi quelques manipulations génétiques et l'huile n'avait pas exactement le même goût qu'aujourd'hui.

les oliviers


Nous sommes ici en territoire Berbère, un peuple bien différent des Arabes. D'ailleurs, ils ne parlent pas arabe, mais berbère !!! C'est très différent, autant à l'oral qu'à l'écrit. Son origine est incertaine, mais tout pense à croire que le berbère serait la langue autochtone de l’Afrique du Nord. C'est un alphabet sacré qui a perduré et qui est toujours enseigné dans les écoles. Cette langue a survécu à toutes les tentatives de colonisations religieuses et culturelles de l'Afrique du nord.
Dans cette vallée du Maroc, de vieilles coutumes sont toujours d'actualité, comme celle du tatouage. Je vois des vieilles femmes tatouées de petits symboles sur leur visage. On m'explique qu'ils représentent les tribus d'appartenance, le statut marital et social. Ainsi, pas besoin de parler. En regardant simplement un visage, on sait d'où vient la femme, si elle est mariée, célibataire ou veuve. Plutôt pratique pour les hommes qui les convoitent !

Nous allons visiter une maison berbère typique. Je trouve cela un peu intrusif et je ne suis pas très à l'aise. Nous n'avons pas le droit de prendre des personnes en photos pour ne pas voler leur âme. (On retrouve cette même croyance chez les Aborigènes d'Australie).





On sait qu'on se trouve dans une maison berbère quand on voit ce symbole sur la porte, ⵣ. 
On l'appelle le "yaz". C'est en quelque sorte la lette "z" de l'alphabet berbère nommé"tifinagh". D'ailleurs en berbère, on ne dit pas "berbère" mais "Amazigh", ce qui veut dire "hommes libres".

On peut affirmer que ce peuple est le premier d’Afrique du nord. Les amazighs sont aujourd'hui musulmans, mais autrefois  ils étaient nomades animistes. Ils se sont convertis pour des raisons économiques et commerciales, mais c'est une longue histoire !



J'arrive enfin aux cascades et comme c'est la saison basse, c'est génial, pas de touristes en short et claquettes pour gâcher mes photos.

Il y a beaucoup d'oiseaux, ça respire la vie et la sérénité. Des petits bateaux amènent les visiteurs sous les cascades pour seulement 2 dirhams. Je préfère absorber l’énergie de cet élément en laissant venir les embruns de la cascade jusqu'à moi. Cet endroit est vraiment splendide. Normalement il y a des macaques berbères qui se baladent autour de la cascade, mais aujourd'hui ils sont absents. Ils sont sûrement en train de faire la fiesta ailleurs ! 










Tout est parfait ! Le soleil et la tranquillité sont au rendez vous. Mais je fais quand même partie d'une excursion touristique pour voyageurs petits budgets, et comme à chaque fois dans ce genre de sortie, on fait face aux mêmes magouilles.
Pour le repas du midi, on nous pousse dans un restaurant, cher, dans lequel notre guide touchera une commission, en nous faisant croire qu'on ne peut pas manger ailleurs.
Mais pas folle l'hirondelle, moi j'ai pris mon pique nique ! Alors que les gens sont en train de manger, le guide passe aux tables et réclame son pourboire en exigeant une somme minimale. Et il faut le lui donner de suite. C'est agréable ! Alors on lâche les fourchettes, et on plonge la main dans le porte monnaie, bien gentils que nous sommes d'accepter de telles manières. Une fois que le guide a récupéré ses sous, il nous indique où se trouve notre chauffeur et il disparaît, sans dire au revoir à personne. C'est classe ! D'autant plus que ce monsieur n'avait absolument pas l'étoffe d'un bon guide et qu'il plaçait le  Kilimandjaro au Kenya !!!

J'embarque maintenant pour la vallée de l'Ourika pour une expérience spirituelle. Retraite méditation dans un centre Vipassana, soit 10 jours dans le silence. Oui parce que moi je pratique du bouddhisme dans un pays musulman car j'aime être originale. Et j'ai même tenu bon jusqu'à la fin, alors que j'avais eu le temps d'élaboree mentalement une dizaine de scénarios d'évasion dignes d'Alcatraz. Je ne vais pas m'étendre sur le vipassana dans ce blog. Je dirais juste que c'était une expérience difficile mais que je recommande malgré tout à toutes les personnes en quête de sérénité. Hyperactifs s'abstenir, faites plutôt du Trail en montagne !


En compagnie de ma nouvelle copine québécoise rencontrée dans mon hébergement, je prends un bus direction la Côte Atlantique. 

Nous arrivons à la belle Essaouira, l'ancienne ville portuaire de Mogador. Il règne ici une atmosphère détendue et nonchalante où l'air iodé de l'océan s'engouffre dans mes poumons et où les mouettes sont aussi nombreuses que les habitants. 
Dès sa fondation, diverses cultures et religions ont su cohabiter ici. Les visages des habitants reflètent la diversité ethnologique de la ville. Sa position en fait un carrefour des civilisations africaines, subsahariennes et européennes. Cette ville de bleu et de blanc, est aussi un haut lieu artistique et culturel. On y trouve beaucoup d'artistes, musiciens ou peintres.

olives, pas mûres !!













 Il y a beaucoup de chats errants au Maroc mais ils sont bien acceptés. Il est courant de voir des bols d'eau et de nourriture dans les rues. Ils se font câliner par les passants et même dans les restaurants ils ne sont pas chassés. À Essaouira, ils ont carrément des maisons !

            





Son vieux port fortifié et ses puissants remparts ont servi de lieu de tournage pour Game of Throne. Sa Médina est à taille humaine, les habitants semblent détendus et les commerçants plus calmes et plus honnêtes qu'à "Arnakesh". 
La devise de la ville : " à Essaouira, ça ira".










À une centaine de mètres du rivage se situent les îles purpuraires où on ramassait les coquillages destinés à la fabrication de la couleur pourpre. 
Une autre île est une réserve abritant une colonie de faucon d’Éléonore. 
Sur d'autres îles encore, on aperçoit les vestiges de vieilles fortifications datant de l'Antiquité.







Et le soir sur le port, lorsque les bateaux de pêche sont revenus et que les pêcheurs vendent leurs poissons frais, c'est une ambiance unique. Les mouettes et les chats participent aux négociations. L'agitation est à son comble. Le poisson est préparé sur place et vendu directement. Les pêcheurs rangent leur filets, préparent les cagettes et chargent les camions qui partiront de suite.
On se croirait dans un conte de Sinbad le marin.
Essaouira est très réputée pour la construction navale. Leurs bateaux sont de très bonne qualité et sont exportés partout en Afrique et en Europe.




















Essaouira est aussi réputée pour le Surf et le Kytesurf. Je n'avais encore jamais rencontré de Marocains avec des dreadlocks, au look Surf and Rasta !! Bob est partout ! 
Pour ceux qui ne veulent pas se mettre à l'eau, Il y a d'autres activités de plein air. La ville est construite sur une grande baie longue de 5km. Sur cette étendue sableuse on se promène dans les dunes, on fait du cheval, du quad, du dromadaire.
De l'autre côté de la baie, une réserve naturelle offre une vue magnifique sur Essaouira et son archipel rocailleux. Ici nichent des centaines de mouettes, goélands et cormorans, dont les cris se noient dans le souffle du vent et de la houle.
Derrière les petites dunes, le village de Diabat. La légende raconte que Jimmy Hendrix aurait vécu là et il aurait même eu un bar à Essaouira ! J'ai fait des recherches et au risque de décevoir quelques Essaouiriens, il semblerait que c'est faux. Jimmy n'a jamais habité au Maroc, il est juste venu en vacances, 1 semaine, et ne serait même pas venu sur la côte !!!! C'était donc un faux Jimmy Hendrix !!! 















Essaouira c'est aussi le chef lieu de l'argan puisque l'arganier est endémique d'ici. Il maintient l'économie de la région. L'huile d'argan est réputée pour ses bienfaits cosmétiques et ses apports nutritionnels (carotènes, polyphénols, vitamines A, C et E ). Sa culture fait vivre près de 3 millions d'habitants. Ce sont essentiellement les femmes qui travaillent dans les champs et produisent l'huile. Elles travaillent manuellement de la même façon que leurs ancêtres. Elles s'associent et créent des coopératives pour vendre leurs produits certifiés 100% naturel.
L'arganier est le dernier rescapé d'une famille d'arbres tropicaux qui poussaient jadis à cet endroit. C'est en quelque sorte la relique d'une vieille ère géologique. Pour le protéger, une grande réserve de biosphère a été créée. Sa culture et la production d'huile suivent des règles strictes et bien établies dont la transgression est passible d'amendes. On rigole pas avec l'arganier !
L'engouement pour cet arbre ne cesse d'augmenter, car des études en cours suggèrent que l’huile d’argan pourrait soigner le cancer de la prostate.
Malgré tout cela, l'arganier est en danger à cause de l'accroissement de la population, de l’abattage de l'arganier sauvage pour son bois et des problèmes de culture intensive. Pour éviter cela, il est préférable d'acheter dans les petites coopératives locales et en même temps, ça permet d'assurer un revenu pour les femmes. 

Tous les soirs dans notre auberge, les jeunes du personnel jouent de la musique "GNAOUA" et c'est une belle découverte. C'est très entraînant, rythmé et mélodique à la fois, avec des résonances arabes et africaines. On a l'impression que tout le continent Africain s'est réuni dans cette même musique. 
Les Gnaouas étaient originaires d'Afrique sub-saharienne et c'étaient les descendants d’esclaves noirs d’Afrique. Le terme Gnaoua vient de Guinée. 
Aujourd’hui encore, les membres Gnaouas se rassemblent dans des confréries musulmanes mystiques dans lesquelles ont lieu des cérémonies de transe par les chants et la musique. Lors de ces rituels, des maîtres musiciens et des joueurs d'instruments se rassemblent avec des voyantes thérapeutes, des médiums et des adeptes. Il y a beaucoup de tambours, des plumes, des couleurs, des couteaux, des épées, de la farine ... à chaque attribut son sens symbolique. Les femmes dansent des heures jusqu'à s'écrouler, le corps pris de convulsions. Pendant la danse les hommes font des sauts sur eux mêmes ... 

On retrouve le même genre de rituels dans des confréries soufies. Tony Gatlif l'a transposé à l'écran dans son film "Exils". La scène est tellement proche de l'authentique que l'actrice avouera être vraiment entrée en transe. Elle a perdu connaissance lors de cette scène de tournage et s'est réveillée en pleurs sur le sol. La scène a été tournée en une seule prise. 

Bon moi j'ai pas eu droit à ce spectacle mystique car la musique gnaoua s'est popularisée et se joue de façon simple et courante avec des guitares, des percussions et des maracas.
Un grand festival de la musique gnaoua a lieu chaque année à Essaouira. 















L'exploration continue... Nous retournons à Marrakech qui par sa situation centrale est une bonne base pour visiter le pays. De là, direction le désert. 

Nous traversons le Haut Atlas et j'ai le nez collé à la fenêtre du minivan, mon appareil photo est en surchauffe. Les paysages sont grandioses et d'une sérénité envoûtante. 
Cette chaîne de montagnes forme une barrière de presque 750km qui délimite le Maroc Atlantique et Méditerranéen du Maroc Saharien. Son plus haut sommet est le Djebel Touqbal qui culmine à 4167m. 
















Au printemps et en été, c'est le paradis des randonneurs. Les Marocains y viennent aussi chercher de la fraîcheur. Par contre en hiver, ça pique ! Et on est quand là  ?
Ah oui ... en hiver !!! ⛄⛅

Le froid sec pénètre directement dans vos organes intérieurs, vous irrite la gorge et vous gèle les extrémités. Tant que le soleil est là c'est correct, et même à cette époque, il tape fort en altitude. Mais dés qu'il disparaît, les températures chutent très vite jusqu'à - 20°C, avec des gelées permanentes et une légère brise glaciale qui souffle dans les vallées.  Bien évidemment, personne n'a de chauffage. 

Nous faisons un arrêt dans le village de Aït Ben Haddou. C'est un "Ksar", c'est à dire un village fortifié typique de cette région du Maghreb. Tout est construit en brique crue rouge, dans une oasis, au bord d'un oued. Il est protégé par l'Unesco et a conservé son allure de caravansérail almoravide du XIème siècle. C'était donc un lieu de halte pour les pèlerins et les caravanes des commerçants nomades en route pour le désert. On y trouvait des écuries, des hébergements de passage et des petites boutiques de ravitaillement. Les commerçants pouvaient s'y reposer en sécurité, à l'abri dans les fortifications.
Aujourd'hui, il n'y a plus que 6 familles qui résident dans ce vieux village sans électricité. Les autres ont préféré s'installer dans la nouvelle ville plus moderne et confortable de l'autre côté de l'Oued.
Aït Benhaddou a servi de décor à de nombreux films hollywoodiens comme Gladiators, Lawrence d'Arabie, Jésus de Nazareth, Le diamant du nil, Game of Throne, Prince of Persia, Babel, La momie ... L'Unesco exige qu'après chaque tournage, tout soit démonté et remis dans son état initial.

Des étroites ruelles sinueuses, où le temps semble s'être arrêté, mènent jusqu'à un "agadir", qui est un grenier ou un lieu de stockage fortifié historique, d'où on a une vue imprenable sur le village et son oasis. Ce lieu semble irréel, c'est une perle dans le désert.















amandiers en fleurs


fleurs d'amandiers



Prochain arrêt : Ouarzazate.
Un ancien carrefour d'échanges commerciaux qui est devenu le siège de l'industrie cinématographique du Maroc. Aux alentours, des studios énormes ont servi de décor à de nombreux films censés s'être déroulés en Égypte, en Somalie et même dans l’Himalaya. Après Hollywood et Bollywood, c'est Ouallywood ! Et vu les aménagement de la ville, la route impeccable bordée de beaux lampadaires et de palmiers, on comprend que cette industrie rapporte beaucoup d'argent.
Pour les cinéphiles, il y a un musée du cinéma et les studios se visitent également.
Mais le bijou de Ouarzazate, c'est l'énorme casbah de Taourirt. Une casbah est un bâtiment en terre crue, carré, fortifié et entouré de 4 grandes tours de guet appartenant à une famille de notable au XIXème et XXème siècle. Celle ci était la demeure de la famille du Glaoui, un des plus célèbres pachas marocains (gouverneurs et généraux des provinces) qui a joué un rôle très important dans la situation politique du Maroc.
Ce sanctuaire a été rénové en partie par l'Unesco alors qu'une autre partie toujours en ruine continue de sombrer dans l'oubli.








Nous poursuivons notre route et traversons la Vallée des Roses. 🌹🌹 Le décor change du tout au tout. Effectivement, les montagnes sont roses, mais cette vallée tient son nom de la culture de la rose qui ne fleurit que 2 fois par an. On y trouve quantités de boutiques vendant des lotions, des crèmes, des huiles ....  à base de roses bien entendu ! En cosmétique, la rose est connue depuis l'antiquité pour son odeur mais aussi pour ses propriétés régénérantes et antibactériennes. Bonne pour la cicatrisation, les rides, les yeux gonflés, elle nettoie en profondeur et hydrate. Mesdames c'est de l'eau de rose qu'il vous faut !



Et nous continuons de rouler plus loin encore dans la vallée de Dadès.
Les habitations se fondent dans le décor où des kasbahs historiques tiennent encore à peine debout. La rivière Dadès a creusé des gorges, révélant des roches sédimentaires datant d'un fond marin de l'époque jurassique. Ainsi,dans la région on trouve de nombreuses pierres, fossiles et des os de dinosaures. C'est un territoire peuplé de berbères, réputés pour leur gentillesse et leur hospitalité.
C'est dans ce paysage rose que nous arrivons au coucher du soleil. L'érosion a sculpté les sommets des montagnes et les a peint de ... rose.





Nous passons la nuit dans une auberge tenue par des jeunes berbères adorables qui semblent imperturbables. Ils passent leur soirée à côté du poêle en jouant des percussions. Leur calme et leur gentillesse en dit long sur le mode de vie de la vallée.
La nuit, aucune pollution sonore ou lumineuse. Le silence est maître et la voûte céleste se couvre d'une multitude d'étoiles. Cette nuit là, on a du mal à décrocher le regard du ciel malgré le froid glacial. Dans de tels endroits, le stress n'existe pas.

Le lendemain matin, nous reprenons la route, frigorifiés, et faisons une courte halte dans la gorge de Todra où la rivière a creusé le calcaire. On peut y faire de l'escalade ou de la Via Ferrata. Nous sommes dans le Haut Atlas, dans la vallée du Drâa. Le vent qui s'engouffre dans les gorges nous fige sur place !











Nous arrivons ensuite à Tinghir ou un berbère nous attend pour nous accompagner dans une palmeraie. Il nous explique comment sont régies les parcelles, la différence entre les cultures pour les hommes ou pour les animaux et la culture de la datte grâce à laquelle survivent nombre de familles berbères et marocaines.
Des dangers menacent ces zones agricoles. En effet, les jeunes ne veulent plus travailler dans les champs et préfèrent vendre les parcelles. C'est un vrai problème, sans agriculture, les habitants du centre du Maroc ne peuvent pas vivre.






Notre guide nous amène ensuite dans le village en pleine restauration pour nous montrer l'ampleur des travaux. C'est un travail colossal, la différence entre l'avant et l'après est surprenante. Ce sont des entreprises et des ONG qui financent les travaux.






Une autre grande source de revenus pour les berbères, c'est la confection de tapis et ici on mise beaucoup là-dessus. Nous sommes invités à boire le thé chez un fabricant, où une femme file la laine assise par terre, manuellement et à l'ancienne. Ce sont les femmes qui fabriquent les tapis et les hommes qui les vendent.
Les tapis sont faits de laine de moutons, ou de dromadaires, jeunes ou vieux, ou de fibres de cactus (non allergènes, pour les asthmatiques 👍) Les colorants naturels se perdent malheureusement.
Là il n' y a pas de doute, je suis bien au Maroc :
- "rigarde, il est beau mon tapis, pas cher, 300 dirhams !"
Le problème c'est qu'un tapis c'est lourd et ça prend de la place dans le sac. L'envoi en France n'est pas donné alors j'imagine que ce ne doit pas être facile pour eux de vendre leurs marchandises aux touristes.



C'était la dernière halte avant le désert.
Le minivan redémarre. Les montagnes sont maintenant loin derrière et le paysage est d'une platitude et d'une sécheresse presque effrayante. IL y a des mirages sur la ligne d'horizon floutée.
Et puis à nouveau du relief .. Les dunes apparaissent ... façonnées par les vents comme dans un tableau de Dali.
Bonjour le Sahara. Nous sommes à Merzouga, aux portes du désert, à coté de la frontière avec l'Algérie. Étape du Paris Dakar.




Nous descendons du minivan et un Touareg nous demande d'embarquer dans un 4X4 sans aucune explication. Mon amie et moi montons dans le coffre parmi tous les sacs à dos des passagers.  Le chauffeur démarre en trombe et grimpe sur les dunes, "Mohammed fou du désert" !! Nous sommes pas mal secouées mais les sacs amortissent les coups !!!! On ne s'attendait pas à cette démonstration !! Le chauffeur s'éclate, sensations garanties ! On a l'impression qu'on pourrait se renverser à chaque minute. Ils ont des bons 4X4, c'est un fait ! C'est rigolo mais je suis à demi contente, car c'est pas vraiment écolo comme méthode !!! Si seulement on m'avait demandé mon avis !

Puis on s'arrête de nouveau dans les dunes. Les dromadaires sont là, ils nous attendent ! Je les inspecte un peu. Ils m'ont l'air en bonne condition ! Pas maigre, beau poil, une allure sereine. Bon allez, j'enfourche ma monture. Mon chameau a les yeux bleus et s'appelle Jimmy Hendrix. Il aime les grattouilles sur l'encolure.



Là haut ça secoue mais je préfère ça nettement que le 4X4. Dans ma tête il y a une chanson qui résonne ... vous reconnaîtrez peut être ...





La balade jusqu'au campement est courte. Le jeune propriétaire des dromadaires leur enlève les cordes qui servent de rênes. C'est bon signe car certains ne leur enlèvent jamais, ce qui leur cause des blessures voir des malformations !  Une corde les entrave de façon à ce qu'ils puissent se lever mais pas courir, et même à peine marcher !! Ils n'ont pas d'eau ni de nourriture pour passer la nuit, mais parait qu'ils en ont pas besoin. Hmml ! J'suis pas experte en dromadaire mais je me pose toujours 1001 questions quand il s'agit de la condition animale. Ils n'ont pas l'air maltraités mais sont ils heureux ? Autant il y a des animaux expressifs autant le dromadaire a un air plutôt neutre !!! Ils ont une bonne bouille en tout cas.





Le soleil disparaît derrière les dunes qui passent de l'ocre, au rouge, puis au blanc.
Il est temps de s'habiller car nous allons dormir ici, et je le rappelle, c'est l'hiver. Comme c'est un campement pour petit budget, nous n'avons droit qu'à une seule mince couverture !!! Nous sommes dans des tentes dortoirs qui n'ont rien d'authentiques. Le dîner est plus que sommaire : un petit bol de riz blanc et une tajine pour 7, servie sans couvert ni assiette. Heureusement que personne nous a prévenu d'emmener notre bouteille d'eau car il y en a pas !!!! C'est quand même la base dans le désert !
Les jeunes hommes qui gèrent le camp sont touaregs, une ethnie berbère vivant au Sahara. Dommage pour nous, ceux là sont des branleurs qui ne pensent qu'à draguer les occidentales et qui n'ont vraiment pas envie de faire plus que le strict minimum.
Bref, gros piège à touristes.

Le ciel est incroyable. ✨ Toutes ces étoiles, Wow ! Dès que je trouve un endroit tranquille pour me retrouver seulement moi, le désert et les étoiles, un jeune touareg arrive et me demande en mariage !!!! Grrrrr...Mais c'est pas possible ! Ils doivent avoir un détecteur à touristes !!!

J'ai froid, j'ai tellement froid. Je quitte les étoiles pour aller dans la tente en espérant un peu plus de chaleur, mais c'est pire à l'intérieur. Les couvertures sont imbibées d'humidité.

Le lendemain matin, nous partons avant le lever du soleil à dos de chameau jusqu'à Merzouga. La chanson est toujours dans ma tête, mais cette fois c'est mon dromadaire qui la chante.🐪

Au fait j'avais pas des orteils ??? Non parce que là je les sens plus du tout !!

Ce qui me rend heureuse, c'est que les dromadaires se dirigent vers l'endroit où ils vont pouvoir boire et manger. Je me demande s'ils ont froid eux aussi ! J'aurais bien demandé à leur propriétaire mais il ne parle pas anglais et je ne parle pas arabe et surtout je crois qu'il s'en fout de savoir si son animal a froid ou pas !

De retour à Merzouga, notre petit déjeuner nous attend. Vu comment tout le monde se rue sur les boissons chaudes, j'en conclu que je ne suis pas la seule à être gelée.
Les touristes sont des morfales !  Je crois que personne n'a mangé à sa faim la veille au dîner, ou alors c'est le froid qui a enclenché nos instincts de survie !

Et c'est reparti pour 10h de trajet, nous retournons à Marrakech aujourd’hui. Mon trip made in Marocco touche à sa fin. La route est longue et je suis fatiguée, mais je n'arrive pas à dormir car les paysages sont trop beaux, il faut que j'en profite. 
J'ai du respect pour notre chauffeur, déjà parce qu'il est super gentil mais aussi car il conduit très prudemment sans jamais montrer un signe de fatigue. Pourtant la route n'est pas facile surtout lors de la traversée du Haut Atlas.

Je suis un peu déçue de mon expérience bon marché et expéditrice du désert mais j'ai adoré tout le reste.















Je passe ma dernière journée à flâner avec les bonnes âmes de l'hostel Belko et je ressasse dans ma tête tous les événements de cette escapade. Je me souviendrai du Maroc, ce très beau pays si accueillant et si hospitalier. Une très belle découverte qui donne envie d'aller plus loin dans les pays du Maghreb ou de voyager dans le temps pour retourner à l'époque des marchands nomades.

Merci à vous chère lectrice, cher lecteur pour le temps que vous m'avez consacré. 
Je vous laisse à vos occupations et m'en vais me faire un petit thé à la menthe...

ⵜⴰⵏⵎⵉⵔⵜ


L'Égypte et ses pharaons

Si je vous dis ; "Pharaon, Pyramide, Nil" vous n'aurez aucune difficulté à poser un décor sur ces mots, tant il y a de documen...